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Juliette Hildegarde est l'arme redoutable de Chéret & Associés, une société privée de limiers chargée de détruire la réputation et la vie de tous ceux qui échappent aux mains de la Justice. Seulement, quand so...
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J'avais quitté la guerre, mais elle ne m'avait pas quitté. Elle était toujours présente, dévorante, un cancer qui me rongeait et me ralentissait dans cette course à la vie. Comment pouvais-je laisser entrer quoi que ce soit d'autre, quand elle prenait toute la place ?
Je refermais tout doucement mon poing, les yeux rivés sur le mouvement fragile de mes doigts. Je reprenais petit à petit possession de mon corps et de mon esprit, la drogue et l'engourdissement qu'elle engendrait se diluant au fil des minutes.
Papa attendait une manifestation de ma part. Je savais ce à quoi il pensait sans même qu'il ne le dise. Nous étions constitués de la façon la plus similaire qu'il puisse exister en ce monde. Malgré tous mes efforts pour ne pas lui ressembler, j'étais son portrait craché ; addicte de la réussite, obsédé par l'échec, attiré par l'énergie du pouvoir, désirant maîtriser sa lumière avec une candeur impure. Ce qui faisait de lui mon meilleur ennemi, la version bêta de moi-même. Ou comme j'aimais le penser, mon auto-critique. Tout ce qu'il avait fait, tout ce qu'il faisait... Je devais le faire, et en mieux.
Ils étaient tous présents, dans les bureaux du groupe Rouberaix Actif. Communicants, responsables de campagne, informaticiens, spécialistes des réseaux sociaux, enquêteurs privés, représentants des forces de l'ordre. La cellule de crise type était en place pour parvenir à isoler cet incident... Jusqu'à le faire disparaître. C'était ce qui avait été décidé. Tant que l'on ignorait d'où venait la menace, on ne la divulguait pas. Ce serait affaiblir mon image et toute la campagne. La France était déjà sous tension avec les crises sociales et la menace terroriste. Elle était prête à élire un leader pour y mettre fin. Un leader qui la rendrait forte et intouchable. Mais pour cela, il fallait que ce leader le soit aussi.
Cette fois, mon poing se refermait. J'entendis les os de mes doigts craquer un par un.
La main d'Elaine se souleva et avant même de sentir le souffle de son geste, je reculai. Elle se froissa, regrettant que dans un moment pareil je ne sois pas davantage affectif. Je savais qu'elle avait eu peur pour moi, mais je n'avais pas besoin de ça. Ce dont j'avais besoin, c'était de réponses. Mais j'avais une migraine impossible à cause de l'accident qui m'empêchait d'établir les faits. Mon corps demandait à se reposer, cependant ma tête me protégeait des cauchemars à venir.
— Tu saignes... murmura-t-elle.
— Ça va aller.
— Damen... Tu t'es fait attaquer. Ça a forcément réveillé les cicatrices du passé.
C'était de ce saignement là qu'elle parlait. Subtil. Seulement, ça ne prenait pas avec moi. Je me relevai du canapé.
— Où est l'homme qui nous a foncé dessus en voiture ?
Eastwood, Lucien, mon père et d'autres me regardèrent enfin.
— En soins intensifs, grâce à toi, appuya Lucien. Sous surveillance également. On attend qu'il se réveille pour en savoir plus.
