Assassin's Creed : Downfall

Chapitre douze : Enfin réunis

« Quand j'étais jeune, j'étais fou de croire que notre Credo mettrait un terme à tous ces conflits. Si seulement je pouvais posséder l'humilité de me dire que j'en avais assez vu pour toute une vie. J'ai fait mon devoir. »

Altaïr Ibn La'had

Perdu dans ses pensées, Shaun avait vécu le trajet jusqu'à la planque comme dans un rêve. L'instant d'avant, il se trouvait dans le parc à se prendre une saucée et l'instant suivant, le voilà devant l'entrepôt. En apparence abandonné, le bâtiment aux allures de hangar désaffecté, ne payait pas de mine, de sorte qu'il constituait la planque idéale pour les Assassins. Caché mais à la vue de tous. À la place de Morgane, c'était ici qu'il se terrerait. Excepté qu'il n'était pas Morgane. Face au danger, là où Shaun prendrait le temps de décrypter la situation, sa compatriote troquait logique et pragmatisme contre décisions irréfléchies ; Décisions qui, immanquablement, finissaient par l'amener à affronter une situation encore plus stressante. L'imprévisibilité de Morgane couplée avec sa capacité hors du commun de s'attirer les pires ennuis était une source constante de stress pour le pauvre Shaun, qu'ils se retrouvent tous les deux dans la même équipe ou séparés par des milliers de kilomètres.

Loin des yeux, loin du cœur, disait le dicton. Shaun était l'exception qui confirmait la règle. En partant avec Galina pour la Californie, il s'était convaincu de faire le bon choix. Sous la houlette d'un autre leader, qui ne risquerait pas la vie de ses coéquipiers avec des décisions hasardeuses, Morgane serait entre de bonnes mains. Quant à lui, adieu le terrain. Il reprendrait sa place de soutien tactique au sein de la cellule de Galina et tout rentrerait dans l'ordre. Dieu qu'il avait été naïf. Malgré la distance, le travail, l'attention, certes flatteuse mais inappropriée, que Charlotte lui portait, il n'était pas parvenu à chasser la jolie rousse de son esprit, et lorsqu'il l'avait revu en février dernier, il avait cessé de lutter. C'était peine perdue, il l'avait dans la peau quand bien même un autre avait pris son cœur.

Du fait de sa complicité plus qu'apparente avec Morgane, il avait instinctivement détesté Callum Lynch. Trop arrogant, trop sûr de soi et surtout trop beau – de cette beauté sauvage et dangereuse à laquelle aucune femme ne pouvait résister. Le bad boy torturé et solitaire dans toute sa splendeur. À côté de lui, en dépit de ses années d'expérience dans la Confrérie, Shaun, avec sa maladresse et son sale caractère passait pour un intello ennuyeux à mourir. L'historien poussa un soupir désabusé. Il devait se faire une raison. Morgane ne verrait jamais rien de plus en lui qu'un simple ami. Vouloir le contraire le condamnait à souffrir inutilement. Shaun reporta son attention sur l'entrepôt puis activa sa Vision, frissonnant légèrement quand il se retrouva plongé à l'intérieur d'un monde dépourvu de couleurs, à l'exception d'une silhouette solitaire, parfaitement immobile. Son cœur rata un battement. Elle est là.

Euphorique, Shaun s'élança, jetant aux orties sa méfiance naturelle. Il n'avait aucun moyen de connaître l'identité de l'intrus mais il était sûr de son fait. Non pas en raison du très performant système de sécurité mis en place par Bishop – caméras thermiques balayant les alentours à intervalles réguliers dont les enregistrements étaient stockés sur un serveur centralisé auquel seule la hackeuse avait accès, installation d'alarmes silencieuses l'alertant dès qu'un individu entrait dans le champ d'action des caméras, accès protégé par un digicode savamment dissimulé à l'intérieur d'une boîte de fusibles portant la mention « Danger mortel » sur le couvercle – impossible à déjouer pour le premier venu mais tout à fait dans les cordes d'un Assassin rompu aux arts de la furtivité. Non pas en raison de ce qu'il avait perçu grâce à sa Vision – une silhouette de femme nimbée d'une aura dorée – qui n'avait servi qu'à consolider sa certitude.