Chapitre vingt-trois : Le Phénix victorieux

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« Nous ne pouvons pas baisser les bras. À la minute où nous y pensons, nous avons perdu. »

Ezio Auditore




Octobre 2017, Laboratoire de Gramática, quelque part en Australie.



William rêvait et il le savait. Il savait aussi qu'il devait se réveiller mais il s'en trouvait incapable. C'était le réveillon de Noël et toute la famille était réunie. Sa très chère épouse présidait aux derniers préparatifs de la table du dîner, aidée en cela par Rebecca et Galina. Shaun et Desmond se chamaillaient pour il ne savait quelle raison, sûrement une broutille sans importance, comme d'habitude. Quant à Morgane, elle se tenait près de la cheminée, à l'écart des festivités. Surpris, William voulut la rejoindre pour en connaître la raison mais ses jambes refusèrent de bouger.

- Tu ne peux pas l'aider. Elle doit se débrouiller seule.

Il baissa la tête vers le préadolescent à la chevelure brune indisciplinée qui se tenait à ses côtés. Le visage sombre, son étrange regard bicolore était rivé sur lui.

- Elle s'enfonce dans les ténèbres mais la lumière l'attendra au bout du chemin.

- Quelles ténèbres ? Quel chemin ?

- Regarde.

William sentit sa tête se tourner vers la cheminée sans son consentement et ce qu'il vit le fit pousser un glapissement d'horreur. Morgane avait tendu le bras vers les flammes et celles-ci se propageaient sur son avant-bras, sans que personne ne fasse le plus petit geste pour venir à son secours.

- Ne restez pas planter là ! hurla-t-il, à l'adresse de Desmond et de Shaun. Allez l'aider ! Bon sang, pourquoi je ne peux pas bouger ?

- Tu te trouves exactement où tu dois être.

William baissa de nouveau le regard vers l'enfant mais il avait disparu et lorsqu'il releva la tête, il s'aperçut qu'il n'était pas le seul. Desmond et Shaun s'étaient volatilisés et les voix féminines qu'il percevait derrière lui s'étaient tues. Ne restait plus dans la pièce que sa nièce en proie aux flammes.

- Oh Morgane, souffla-t-il, les larmes aux yeux. Pardonne-moi, ma chérie. J'ai manqué à ma parole.

- Tout le monde a un rôle à jouer, répondit-elle, d'une voix désincarnée.

Nullement préoccupée par les flammes qui la dévoraient, elle se releva avec grâce et écarta les bras. Celles-ci s'élevèrent, tourbillonnant dans les airs jusqu'à prendre la forme d'un oiseau de feu. Les flammes rougeoyantes commencèrent à s'étendre, embrasant tout ce qu'elles touchaient et, très vite, William se retrouva au cœur d'une véritable fournaise. Il tomba à genoux, toussant, crachotant jusqu'à s'effondrer sur le tapis brûlant. Là, il vit une silhouette humanoïde émerger des flammes. Nimbée de lumière, ses cheveux noirs ondulaient, tels des serpents. Elle s'avança lentement vers lui.

- Qu'attends-tu de moi ? siffla William. Tu m'as pris tout ce que j'avais, tout ce qui comptait pour moi. Pourquoi tu ne veux pas me tuer ?

- Tout le monde a un rôle à jouer, répéta Junon.

Elle tendit le bras vers lui et il se mit à brûler.


William se réveilla en sursaut, le corps couvert de transpiration. Il avait si chaud que, dans son esprit encore sous l'emprise de son cauchemar, il était certain de trouver Junon à ses côtés, en train de le regarder brûler vif et, effectivement, quelqu'un se tenait bel et bien auprès de lui. Le préadolescent aux cheveux bouclés de son rêve, dont le visage lui rappelait cruellement ce qu'il avait perdu. Elijah. Son petit-fils.

Assassin's Creed : DownfallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant