Chapitre trente-cinq : L'assaut final

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« En quelques mois, ma vie a changé pour toujours. Je sais que mes beaux jours sont derrière moi, mais je n'en veux plus ».

Desmond Miles



Les idéaux s'effacent au profit du dogme. Et le dogme ouvre la voie au fanatisme [...]. En fin de compte, nous seuls sommes à même de nous protéger de nos obsessions. Nous seuls décidons si la voie que nous empruntons est trop difficile. Nous nous voyons comme des rédempteurs, des vengeurs, des sauveurs. Nous faisons la guerre à ceux qui luttent contre nous, et ils nous combattent en retour. Nous rêvons de marquer le monde de notre empreinte même lorsque nous mourrons pour une cause qui ne figurera jamais dans les livres d'histoire. Tout ce que nous faisons, tout ce que nous sommes... débute et prend fin... avec nous ».

Arno Dorian



3 décembre 2017, désert australien.


Le grand désert de Victoria. Sept cent kilomètres d'est en ouest, soit cinq pour cent de la superficie totale de l'Australie. Plusieurs centaines de kilomètres carrés d'une beauté dangereusement sauvage. L'été venait de débuter* et les températures culminaient déjà à plus de quarante degrés. Pour Berg, le trajet s'apparentait à un aller simple pour l'enfer. Plus la jeep s'enfonçait dans les terres hostiles, plus la végétation se raréfiait. Les petits arbustes – du Triodia, plus communément appelés spinifex d'après Bolden – avaient laissé place à de vastes étendues sablonneuses. Plus d'une fois, Berg s'était demandé s'ils ne crèveraient pas avant d'atteindre la cible. Le danger était partout. Dans la jeep, qu'il fallait surveiller comme le lait sur le feu. Le Templier avait des tonnes de reproches à faire concernant la préparation de cette mission par les Assassins mais la gestion des équipements n'en faisait pas partie. Armes de pointes, le dernier cri en matière de jumelles, bombes lacrymogènes, une grande variété de poignards, il n'y avait qu'à se servir et il ne s'en était pas privé. S'il s'était écouté, il aurait dépouillé ces voleurs d'Assassins de l'intégralité de leur équipement – il savait à présent où avait atterri les grenades à impulsion magnétique, dérobées l'année dernière, lors de trois attaques simultanées dans les usines d'Abstergo Industrie – mais Bolden l'en avait empêché. Nous ne pouvons mener cette guerre sans eux. Sur ce point, Berg ne pouvait lui donner tort. En revanche, Banks l'avait bluffé en dégottant, non pas une mais trois jeeps convenant aux longs trajets à des températures extrêmes. De belles bêtes de compétition, peu gourmandes en essence, dotées de suspension supportant n'importe quel coup et capables de résister à un soleil de plomb pouvant faire bouiller les liquides contenus dans le véhicule. Toutefois, après neuf jours d'un voyage infernal, la jeep commençait à fatiguer.

Le danger provenait surtout de la chaleur. Bolden et lui étaient des soldats aguerris mais leurs corps n'étaient pas faits pour supporter des températures avoisinant presqu'une fois sur deux les cinquante degrés la journée. D'un commun accord, les deux hommes convinrent de privilégier l'hydratation au détriment de l'hygiène. Au terme de leur périple, ils puaient comme un foyer de rats morts mais, au moins, ils ne mouraient pas de soif.


La vitesse étant la clé de la réussite, ils avalaient les kilomètres sans s'arrêter, alternant la conduite à tour de rôle. Pour que son plan fonctionne, Berg devait atteindre l'objectif avant les Assassins. Sur ce point, il avait échoué et cela l'enrageait. Prenant son mal en patience, il avait aidé Bolden à établir un campement rudimentaire au sommet d'une dune. L'attente commençait. Insupportable. Interminable. La patience de Berg fut mise à l'épreuve comme jamais. Allongé sur le sable, brûlant le jour, glacial la nuit, il regardait ses ennemis de toujours, à travers ses jumelles, n'interrompant son observation que pour dormir, quelques heures tout au plus. Puis, la veille, ce fut le branle-bas de combat. Banks était arrivé avec le reste de l'équipe. Berg abaissa ses jumelles.

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