Chapitre seize : Le Credo selon Morgane

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« Les humains ne sont pas promis à l'éternité. Mais ce Credo, si. »

Aya



3 octobre 2000, Planque des Assassins, Londres



Assise en tailleur sur le canapé, les yeux fermés, sa poitrine se soulevant doucement au rythme calme et régulier de sa respiration, Morgane était l'image même de la zenitude. La méditation tenait une part importante dans la formation d'un Assassin mais la jeune femme, dont la patience n'était pas le point fort, n'avait jamais été une élève assidue, au grand regret de William. Or, le succès de sa future mission dépendait de sa capacité à se tenir tranquille. Entre son nez qui la démangeait depuis une minute, les fourmis dans les jambes et son envie irrépressible de soulager un besoin naturel pressant, ce n'était pas gagné. Allez, Shaun. C'est quand tu veux. Ce matin, après deux jours de lutte acharnée, elle était parvenue à le convaincre de sortir faire les courses sans elle mais il ne semblait pas pressé de partir. D'où la méditation qui remplissait un double objectif : convaincre Shaun qu'elle n'avait aucunement l'intention de prendre la poudre d'escampette dès qu'il aurait le dos tourné et couper court à toute tentative de discussion de sa part.

Dès son retour dans le présent – Dieu merci, son instinct de survie/subconscient/petite voix dans sa tête l'avait guidée jusqu'au manoir Kenway avant qu'elle ne perde conscience. Elle n'avait pas été à la hauteur dans le passé mais au moins sa réapparition dans le présent était passée inaperçue – Morgane n'avait qu'un désir, s'isoler. Les révélations de Minerve quant à la Capsule, au véritable but de sa mission et à la place qu'elle occupait dans toute cette histoire l'avaient pas mal secouée. Avant d'entreprendre quoi que ce soit, elle devait faire le point et, pour ce faire, elle avait besoin de calme, de sérénité et de paix. Pour faire plus court, elle avait besoin que Shaun s'en aille. Morgane ne souhaitait pas qu'il disparaisse définitivement de sa vie, bien au contraire. Si elle le pouvait, elle ne le laisserait jamais repartir. Dhami lui avait pris Charlotte et William. Il était hors de question qu'il lui prenne Shaun. D'un autre côté, tant que son ami était près d'elle, elle se retrouvait moins libre de ses mouvements. Jusqu'ici, il avait soigneusement évité d'aborder les sujets les plus sensibles avec elle – son absence à la réunion orchestrée par William, sa décision de ne pas donner signe de vie après l'explosion du manoir Kenway, la date de leur départ en Australie – mais ce n'était plus qu'une question de temps. Voilà pourquoi Morgane en était réduite à pratiquer une activité qu'elle détestait. Elle devait mettre de l'ordre dans le bordel émotionnel qu'était son esprit et sentir le poids du regard de Shaun sur elle ne l'y aidait pas vraiment.


En repensant à l'attitude irrationnellement surprotectrice de Shaun à son égard, Morgane sentit le rythme de sa respiration s'accélérer. Elle avait à peine mis un orteil dans l'entrepôt qu'il avait fondu sur elle, tel un aigle sur sa proie la serrant de toutes ses forces contre lui.

- Où étais-tu passée ? J'ai eu la peur de ma vie !

- Je suis seulement sortie faire un tour. J'avais besoin de réfléchir. Ce n'était pas la peine de t'inquiéter.

- Comment veux-tu que je ne m'inquiète pas ? À chaque fois que je ne suis pas là, tu frôles la mort d'un cheveu. Là, je me réveille et tu as disparu sans ton portable ni ton sac. J'étais censé réagir comment, vas-y, dis-le moi ?

Assassin's Creed : DownfallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant