Chapitre vingt-neuf : Accepter l'inacceptable

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« Le peuple n'obtiendra jamais le pouvoir. Ce n'est qu'une illusion. Mais voici le véritable secret. Il ne le veut pas. La responsabilité est trop lourde à porter. C'est pour cela qu'il retourne dans les rangs chaque fois que quelqu'un prend le pouvoir. Il veut qu'on lui dise quoi faire. Il en a besoin. Ce n'est pas étonnant puisque l'homme a été créé pour servir. »

Haytham Kenway




« Quand je me retourne pour voir le chemin parcouru, je ne vois plus aucun de ceux que j'ai aimés à mes côtés ».

Edward Kenway




- ... besoin d'aide.

- Ne t'approche... dangereux... droguée...

Des bribes de mots. Des bruits de pas précipités. L'odeur de l'herbe fraîchement coupée. Le goût du sang dans sa bouche. Les sens lui revenaient petit à petit. La douleur, aussi. Partout. Sa chute l'ayant surprise, elle n'avait pas eu le temps de se réceptionner. Elle avait atterri lourdement sur le dos, se mordant la langue au passage. Mais le pire restait cette sensation d'avoir le cerveau passé à la moulinette. En comparaison, sa migraine dans le bureau de son père passait pour un léger mal de tête. Morgane ouvrit les yeux et chercha à se redresser pour retomber aussitôt sur le dos. Elle laissa passer quelques minutes avant de faire une nouvelle tentative. Elle souffrait le martyr mais elle parvint à basculer sur le ventre. Relevant la tête, elle aperçut un banc qui semblait n'attendre qu'elle. Elle rampa dans sa direction, s'y agrippa jusqu'à réussir à s'y asseoir. Elle inspira profondément. Elle eut juste le temps de pencher la tête entre ses jambes avant de rendre le contenu de son estomac. Ce simple acte de régurgitation la laissa pantelante. Malgré la douleur, malgré son envie de s'allonger sur ce banc peu confortable, Morgane s'obligea à se concentrer. Elle avait quitté le dix-huitième siècle, c'était certain. Plus d'étals où les marchands haranguaient la foule, plus de chenapans désireux de lui voler ce qu'elle avait de plus précieux et même plus de port. En lieu et place de l'entrepôt d'où elle avait chuté, un parc.

Ne t'approche pas... dangereux... Inquiète, elle releva la tête. Elle ne l'avait pas rêvée, cette voix féminine empreinte de panique. De quoi avait-elle parlé ? De drogues ? Non, de drogué. Morgane tourna la tête dans tous les sens, à l'affut d'un toxico hirsute aux yeux injectés de sang. Elle n'avait pas été fichue de se défendre contre un trio de gamins hauts comme trois pommes alors contre un homme, boosté par l'adrénaline du poison toxique qui coulait dans ses veines, très certainement armé, elle ne donnait pas cher de sa peau. D'aussi loin que son regard portait, elle ne perçut aucun danger. Elle poussa la prudence jusqu'à activer sa Vision. Mal lui en pris. En sus de sa nausée, de son vertige, là voilà prise de tremblements incontrôlés. Sans parler du marteau piqueur dans son crâne qui repartait de plus belle. Vaincue, Morgane laissa tomber. Elle se recroquevilla sur le banc, en position fœtale, et attendit. Qui ? Quoi ? Elle l'ignorait. De toute façon, rien ne pouvait être pire que ce qu'elle vivait en ce moment. La souffrance atteignait un degré d'intensité tel qu'elle ne parvenait plus à penser correctement.



Une main pressée contre sa nuque, l'incitant gentiment mais fermement à relever la tête. Un verre sur ses lèvres. Par réflexe, Morgane ouvrit la bouche. L'eau fraîche lui fit un bien fou. Elle en voulait plus.

Assassin's Creed : DownfallOù les histoires vivent. Découvrez maintenant