Assassin's Creed : Downfall

Chapitre sept : Funeste contre-attaque

« Il est mort comme il a vécu : au service d'un rêve qui nous unit. A nous de poursuivre la lutte ».

Charles Lee

Septembre 2017, Manoir Davenport, Canada

Cloîtrée dans une chambre à l'étage, avec pour unique compagnie une Galina à demi-consciente, Charlotte en avait assez entendu pour se féliciter de ne pas avoir assisté à la grande réunion. Faire son rapport à William était une chose. Affronter la désapprobation des membres de sa famille encore en vie – car c'était ainsi qu'elle considérait les Assassins, ceux qu'elle côtoyait quotidiennement comme ceux qu'elle n'avait jamais rencontré – pendant qu'elle expliquerait comment elle en était venue à vouloir tuer son équipe en était une autre.

William avait fait de son mieux pour minimiser son rôle dans cette attaque, prenant sa défense à chaque fois que les mots « dangereuse » et « inconsciente » étaient utilisés pour la décrire – autrement dit, presque tout le temps – insistant sur la versatilité des Fragments d'Eden, capables de corrompre chacun d'entre eux. Au bout de plusieurs heures d'un houleux débat, il était parvenu à faire taire leur angoisse et leur inquiétude à son sujet et à les persuader de la laisser conserver le Koh-I-Noor. La discussion avait ensuite dévié sur ce que Charlotte appelait en son for intérieur le « péril Junon ». Les Assassins avaient débattu stratégies et plans d'attaque jusqu'aux premières lueurs de l'aube où ils avaient fini par adopter, à l'unanimité, celui proposé par William. Vaincue par le sommeil, Charlotte en avait raté la majorité et lorsqu'elle avait appris qu'elle resterait sur la touche cette fois-ci, il était trop tard pour le refuser.

Un mois s'était écoulé. La quasi-totalité de leurs effectifs se trouvait désormais en Australie, là où le sort de l'humanité allait se jouer. Cela ne ressemblait pas à Charlotte d'avoir ce genre de pensée mélodramatique mais depuis Séville, elle n'était plus la même. La jeune femme volontaire, enjouée, qui ne laissait rien ni personne saper sa détermination avait disparu à l'instant où son regard s'était posé sur le Koh-I-Noor. Celle qui l'avait remplacée voyait ses nuits peuplées de cauchemar où, obéissant à une voix féminine désincarnée, elle tuait ses amis un par un avec l'aide du diamant. Maintenant, elle comprenait mieux l'effroi de ses équipiers lorsqu'elle avait débarqué dans la planque plusieurs heures après l'attaque des Instruments.

Tu étais morte ! Rebecca n'étant pas coutumière des plaisanteries de mauvais goût, Charlotte s'en était pris à Shaun, le spécialiste en la matière. Puis, elle avait lu l'incompréhension sur son visage tandis que l'adolescent la traitait de sorcière. Elle avait vu Rebecca fondre en larmes avant de la serrer de toutes ses forces dans ses bras. Et cette même question sur toutes les lèvres. Le Koh-I-Noor t'a protégée ? La première fois, Charlotte n'en avait pas compris le sens. De quoi aurait-il pu la protéger ? Berg, dont la subtilité n'avait jamais été le point fort, s'était chargé de lui apporter la réponse. Tu as essayé de nous tuer avant de t'écraser sur le sol comme une crêpe.

Comme s'il sentait qu'elle pensait à lui, le Koh-I-Noor, jusqu'ici froid comme la glace, se réchauffa doucement contre sa paume. Charlotte retira aussitôt sa main de sa poche. Elle connaissait les risques mais c'était plus fort qu'elle. Elle devait vérifier sa présence. Ce besoin lui était aussi vital que de respirer ou de manger. Le diamant lui appartenait. Elle l'avait trouvé en premier. Qu'est-ce que je raconte ? Pourquoi ne pas l'appeler « mon précieux » pendant que j'y suis. Charlotte secoua la tête. Malgré ses réticences, elle avait accepté de garder le Koh-I-Noor pour ne pas désobéir à un ordre direct de son Mentor. Peut-être aurait-elle dû.

- ... Charlotte.

La jeune femme sursauta à l'entente de son prénom avant de regarder autour d'elle. Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas réalisé que sa balade l'avait entrainée plus loin dans la forêt qu'elle ne l'avait prévu.