Chapitre trente-et-un : Les dernières volontés de Morgane Campbell

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« Jeune homme, j'avais la liberté, mais je ne le voyais pas. J'avais le temps, mais je ne le savais pas. J'avais l'amour, mais je n'en profitais pas ».

Ezio Auditore.



« J'ai appliqué mon cœur à connaître la sagesse et à connaître la démence et la folie. Je perçois aussi que ce n'était qu'une poursuite de chimères. Car dans beaucoup de sagesse, il y a beaucoup de chagrin. Et celui qui augmente la savoir, augmente le chagrin ».

Al Mualim



2 juillet 2017, Queen's Anne Square, Londres



Sa destination n'était plus qu'à une cinquantaine de mètres quand Morgane fut prise de nausée. Elle avait beau s'y être préparée, la réaction n'en était pas moins désagréable. Le cœur au bord des lèvres, elle se dirigea vers l'arbre le plus proche – un orme d'une taille plus que raisonnable pour l'abriter d'éventuels regards indiscrets. Seulement quelques pas l'en séparaient. Pourtant, elle mit plus d'une minute à l'atteindre et lorsqu'elle y parvint, ses jambes tremblaient tellement qu'elle dut enserrer le tronc pour ne pas s'effondrer. Qu'elle se décale un tant soit peu, elle pourrait voir la cause de son malaise assise sur un banc, à mille lieux d'imaginer ce qui l'attendait. Deux femmes étaient penchées sur elle, l'entourant d'attention. Sur sa gauche, Kassandra, venue honorer leur dernière entrevue. Sur sa droite, resplendissante de santé, Charlotte.

La nausée s'accentua et elle fit appel à toute sa volonté pour s'empêcher de vomir tripes et boyaux. Tu es déjà passée par là. Tu sais que ce n'est que temporaire. Comme pour appuyer cette affirmation, ses tremblements diminuèrent d'intensité. Puis, ce fut au tour de la nausée de disparaître. Tout était rentré dans l'ordre. Un peu trop vite à son goût. Deux versions d'elle-même coexistaient et elle s'en trouvait moins affectée qu'en octobre 2000. Commençait-elle à maîtriser les pouvoirs de la Capsule au point de s'affranchir des règles ? Rien n'était moins sûr.

Il est temps. Morgane prit une profonde inspiration et quitta sa cachette. Il ne servait à rien de s'interroger sur les mystères inhérents à la Capsule. D'ici très peu de temps, elle en aurait terminé avec elle. Il restait juste à espérer que ce ne soit pas de manière définitive. Les yeux rivés sur le manoir, elle parcourut les derniers mètres d'un pas lourd. L'instant qu'elle redoutait tant, depuis qu'elle connaissait la vérité, avait fini par arriver. L'heure était venue pour elle de faire ses adieux ; D'embrasser sa destinée. Trois pas. Puis deux. Puis un. Morgane prit appui sur le banc, sans quitter le manoir du regard. Proche. Inaccessible. Il lui aurait été si simple de traverser la rue, d'entrer à l'intérieur et de laisser son message. Les Instruments attaqueront le manoir Davenport à la fin du mois d'août. Empêche Charlotte d'y aller, quoiqu'il en coûte. Toutes les morts qui pourraient évitées... qui seraient évitées. C'était tentant. Terriblement tentant.

- Hope ? C'est bien toi, cette fois ?

La voix de son amie ramena Morgane à la réalité autant qu'à la raison. J'ai appris de mes erreurs. Je connais le chemin à emprunter. Pour son plus grand malheur.


Sa version du futur avait parsemé la lettre d'indices pour lui indiquer la marche à suivre. Tu lis cette lettre parce que tu ne pouvais la lire ni plus tôt ni plus tard. Nous nous sommes raccrochées à la première explication parce qu'elle était la plus raisonnable, la plus sensée, la moins prise de tête. La solution la plus évidente n'est pas la meilleure. Prises séparément, ces phrases embrouillaient plus qu'autre chose mais connectées avec la phrase énigmatique figurant sur la première page du journal d'Edward, l'ensemble devenait limpide. La Capsule n'était pas la clé. C'était Charlotte. Sans la lettre, Morgane n'aurait jamais fait le rapprochement. Quand Kassandra avait déposé le journal dans sa chambre, la jeune américaine était officiellement employée d'une banque californienne. Officieusement, elle travaillait pour les Templiers. Quelques mois plus tard, sa vie monotone et ordinaire avait basculé quand elle avait illégalement transféré dix mille dollars sur le compte d'une vieille dame incapable de payer l'assurance santé de sa fille malade. Le soir même, elle avait reçu, coup sur coup, la visite de trois Templiers, venus pour l'éliminer, et de Galina venue la secourir. Tandis que Charlotte intégrait la Confrérie, Morgane se trouvait à des milliers de kilomètres de là, en bien mauvaise posture. Toutefois, elle connaissait déjà son existence avant de faire sa connaissance en mars dernier.

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