Assassin's Creed : Downfall

Chapitre vingt-quatre : Tout le temps du monde

« Ezio... Rappelle-toi... Nous serons toujours ensemble ».

Cristina

Octobre 2017, Planque des Assassins, Londres

Que serait l'Angleterre sans son temps automnal capricieux ? Les voyages temporels étaient imprévisibles mais la météo, elle, restait constante. Morgane avait quitté 1900 sous une pluie diluvienne et ce fut une pluie d'une même intensité qui l'accueillit à son retour en 2017. Faisant fi de la prudence qui l'avait accompagnée jusqu'ici, elle prit le métro pour rentrer au bercail, vêtue de sa tenue d'Assassin. Trempée jusqu'aux os, elle n'avait pas eu le courage de se changer au manoir, d'autant plus que son apparence était le cadet de ses soucis. Elle avait bien d'autres préoccupations en tête, à commencer par l'attitude bornée de Kassandra quant à leur troisième rencontre. Elle avait eu beau faire, beau dire, l'immortelle était restée campée sur ses positions. Sa foi en la destinée était absolue. Tout ce qu'elle avait écrit/écrirait dans son journal s'était produit /se produirait. Il ne pouvait en être autrement. Morgane aurait bien aimé la partager mais sa crainte de manquer de clore la boucle temporelle à cause d'un entêtement mal placé prenait le dessus. Malheureusement, je ne peux plus y faire grand-chose, songea-t-elle, avec mélancolie, tandis qu'elle franchissait le seuil de l'entrepôt. Je ne peux qu'attendre et espérer que tout se passe comme prévu.

- Tu es rentrée en traversant la Tamise ? s'enquit Shaun, un large sourire aux lèvres.

Morgane le regarda d'un œil torve ce qui renforça son hilarité. Elle passa devant lui, sans daigner lui répondre, et entreprit de se débarrasser de son manteau, détrempé par la pluie.

- Tout s'est bien passé ?

Morgane pesa le pour et le contre avant de décider de lui taire sa déviation temporelle vers le dix-huitième siècle. Il repasserait aussitôt en mode « mère poule » et, le connaissant, il serait bien capable de lui interdire tout nouveau saut, ce qui serait contreproductif, en plus de la mettre de très mauvaise humeur. C'était d'un ami dont elle avait besoin – peut-être même un peu plus – pas d'une nounou.

- Comme sur des roulettes, mentit-elle, avec aplomb. Kassandra se trouvait bien à l'endroit prévu.

- Je vois que tu t'es vite accoutumée à la mode de cette époque, la taquina Shaun. Très jolie coiffure.

La jeune femme rougit en se tapotant les cheveux. En vérité, elle avait hâte de retrouver sa coiffure de tous les jours, loin des structures capillaires complexes, qui avaient la cote au début du siècle dernier, nécessitant plusieurs heures de travail. À ce niveau, ce n'était plus de la coiffure mais de la torture.

- Sans commentaires, répondit-elle, un léger sourire aux lèvres.

- Il faudra que tu me racontes tout, dans les moindres détails mais pour l'heure, installe-toi confortablement. J'ai une très grande nouvelle à t'annoncer.

Morgane se laissa entraîner jusqu'au bureau de fortune sur lequel trônait un ordinateur tout neuf, acquis par Shaun, après lui avoir raconté le but de ses voyages dans le temps. L'un d'eux du moins, le plus vital à ses yeux. Ainsi, chacun travaillait à une tâche bien spécifique. Elle s'occupait de maîtriser les pouvoirs de la Capsule et d'étudier le journal de Kassandra afin de ne pas commettre d'impairs ; Shaun se chargeait de retracer le parcours du journal d'Edward. Morgane ne pensait pas qu'il se tirerait de cette tâche herculéenne en aussi peu de temps. Sans vouloir se vanter, s'agissant de remonter la piste d'un document historique ou de se plonger dans une tonne d'archives pour débusquer un Fragment d'Eden, elle touchait sa bille. Alors si elle n'avait pas réussi à localiser le journal, ce n'était pas lui, en dépit de ses compétences dans le domaine historique, qui allait...