Chapitre 26

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Jimin

Je n'arrive toujours pas à digérer le fait que Jin ait annoncé ça comme ça.

   - On aurait su, on aurait ramené une bouteille ! dis-je comme si c'était le vrai problème dans cette situation.

   - Mais ça n'aurait pas été une surprise ! surenchérit Jin.

Haha, ça serait une surprise si je lui mettais un pain ? Sérieusement, on dirait qu'il le fait exprès et je déteste quand les gens sont méchants sans raison.

   - Je vais aller en chercher une à la supérette, ça se fête quand même ! Dis-je d'une voix un peu trop enjouée.

Merde, est-ce que je surjoue ? Je n'ose pas regarder Namjoon de peur qu'il ne soit en train de me fixer comme si j'avais pété les plombs. Une bouteille ? Et avec quel argent Jimin ? Par pitié ne dit rien et laisse-moi m'enfuir pour une fois !

   - On a déjà une bouteille au frais ne t'inquiète pas, me rassure Jin.

   - Une ? Mais ça suffit pas, tu vas devenir papa merde ! j'ajoute avec un rire nerveux tout en me dirigeant vers la porte d'entrée.

J'ai besoin d'air frais et vite.

Jin tente de me dire quelque chose, mais je ferme la porte au même moment :

   - Prend au moins un... 

Il voulait que je lui prenne un truc peut-être ? 

C'est alors que je me rends compte qu'il pleut des cordes dehors. Ah, il me disait de prendre un parapluie, quel con ! Tant pis, c'est le dernier de mes soucis là. De toute façon, je ne peux pas faire demi tour et aller chercher un foutu parapluie, parce qu'à la seconde même où j'ai mis un pied dehors, les larmes ont recommencé à couler.

Je crois que pour la première fois de ma vie, j'ai eu envie de mettre un coup de poing à mon frère, et je n'aime pas ça du tout. Il faut que je me calme, et la pluie rafraîchissante en ce début d'automne est idéale pour ça. 

J'erre sur le trottoir, les bras croisés et les épaules relevées comme si ça me protégeait de l'humidité. Heureusement les rues sont désertes et il n'y a personne pour me traiter de fou alors que je me parle tout seul, comme à mon habitude. 

Je pries silencieusement que ma carte ne soit pas refusée à la supérette, sinon j'aurais l'air fin à revenir bredouille.

   - Jimin !

Je me fige immédiatement au son de cette voix autoritaire. Non, pourquoi il m'a suivi ? Je suis toujours en train de pleurer à chaudes larmes, alors je refuse de me retourner pour lui faire face. J'entends le bruit de ses derby sur le goudron trempé se rapprocher, j'ai l'impression de vivre un replay d'un souvenir d'il y a 3 ans.

Alors que j'attendais mon bus après m'être pris une raclée de la part de Taehyung et de ses acolytes, et qu'un certain professeur était venu fumer sa clope juste là. Il était venu m'annoncer qu'il m'aiderait à améliorer mes notes, et moi je refusais de me retourner, de peur qu'il ne voit mes blessures.

Aujourd'hui aussi, j'ai peur qu'il ne voit mes blessures. Blessé parce que je sais qu'il l'est aussi. La seule différence, c'est qu'à l'époque il m'appelait M.Park et que je le détestais. Maintenant il m'appelle Jimin, et je crois bien que je commence à l'apprécier. 

Parfois j'aimerais revenir à cette époque où je me contentais de le haïr, c'était plus simple. Quand je pensais que c'était un enfoiré de pervers manipulateur, et que je ne pleurais pas pour lui...

Mais un homme capable d'aimer quelqu'un sans retour pendant des années ne peut pas être si mauvais que ça.

   - Tu as oublié de prendre ça, tête en l'air, dit-il alors que l'ombre de son parapluie passe au dessus de ma tête.

Le BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant