Chapitre 32

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Namjoon

 Il se passe à nouveau la même chose que pendant le dîner pluvieux de la dernière fois, ce moment où je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir ce que j'avais réprimé depuis si longtemps. Tout ça à cause d'une seule et même personne.

Je déteste perdre le contrôle de mes émotions, parce qu'il est si facile d'être blessé par quelqu'un dans ces moments-là. Mais avec Jimin ce n'est pas un choix, ça arrive c'est tout. 

Pendant tout le temps où il n'était pas là ce soir, j'ai réussi sans trop de peine à faire semblant que ça ne m'atteignait pas, que j'avais fait le bon choix en le rejetant après le cours, en lui rappelant notre relation strictement professionnelle. 

J'aurais dû y penser avant de l'embrasser la première fois, évidemment, mais ce jour-là, je n'avais pas la tête à réfléchir. J'avais agi, parce que les mots me manquaient, parce que personne n'avait jamais pleuré pour moi comme lui. 

J'aurais détesté que ce soit des larmes de pitié, mais Jimin était réellement indigné pour moi, comme s'il ressentait par empathie ce que je réprimais.

Je devrais être en train de faire en sorte qu'il me déteste, qu'il passe à autre chose rapidement, mais même ça je n'y arrive pas. Dès que je le blesse, mon cœur s'alourdit, dès que je vois Jimin pleurer, il se crispe jusqu'à m'extorquer des excuses.

Il suffit qu'il me regarde avec ses yeux-là pour que tout parte en vrille. 

Je l'écoute me parler, je le regarde s'enflammer, me dire des choses qui viennent du cœur, mais pas du sien, il dit les choses que le mien ne sait pas exprimer. Comment fait-il alors que moi-même je n'arrive plus à comprendre mes propres émotions ? Je les regarde de loin depuis si longtemps qu'elles me sont devenues comme étrangères.

   - Alors n'utilise pas de mots, me dit Jimin.

Impossible, ça ne peut pas être le même gamin que j'ai rencontré il y a 3 ans. Celui qui fuyait ses problèmes en courant, littéralement.

Il a travaillé sur lui-même pendant 3 années, il a changé, évolué, il s'est amélioré. Et moi je suis toujours le même, pâle copie de l'homme autoritaire que je déteste, parce que c'est ainsi qu'il m'a fait et ainsi qu'il me voulait.

Toute ma vie j'ai rêvé de faire ce que moi je voulais, loin de mon père qui aime tout contrôler et tout régir. Il n'approuverait pas de Jimin, tout comme il n'approuve rien de toutes les choses que j'affectionne. 

 Ça ne m'a pas empêché de devenir écrivain, de l'envoyer balader lui et son organisation à la noix. En vérité, c'était Jin qui m'avait donné le courage de le faire à l'époque, lui qui lisait mes petites histoires que j'écrivais à mes heures perdues, et complimentait mon talent pour l'écriture. 

Ce serait du gâchis, me disait-il, et puis tu n'es pas fait pour cette vie-là Nam, tu n'es pas quelqu'un de mauvais.

Si je ne suis pas quelqu'un de mauvais, on ne peut pas dire que je sois quelqu'un de bien non plus. Pourtant, ce n'est pas l'impression que j'ai quand Jimin me regarde comme ça. Voit-il quelque chose en moi que je ne vois pas ? Il n'y a rien de plus ici Jimin, je t'assure, passe ton chemin, pour ton propre bien.

Me regarderait-il toujours comme ça s'il savait ce que je lui cache ?

Si j'étais quelqu'un de bien, je n'aurais pas menacé Jungkook de le faire expulser de l'université un peu plus tôt dans la soirée, je n'aurais pas non plus fait du chantage à Jimin avec ces photos ridicules, je ne l'aurais pas forcé dans ma chambre la dernière fois... 

Le BossOù les histoires vivent. Découvrez maintenant