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Nil

Le soleil n'a pas encore fait son apparition que je me réveille en sursaut, mes draps humides de sueur. Jetant un oeil à mon portable, celui-ci m'indique qu'il est 5h30 du matin, soit une fois de plus beaucoup trop tôt. Pourtant je sais pertinemment qu'essayer de me rendormir serait vain, alors je me redresse en passant une main sur mon visage, m'asseyant au bord du lit, les coudes sur les genoux. Si mon compte est bon, j'ai du dormir approximativement 4h, soit une heure de plus que les nuits précédentes.

Me dirigeant vers la commode, j'enfile un short de sport et un tee-shirt avant de prendre la direction du salon. La lumière est encore faible à cette heure-ci, mais j'aperçois distinctement les traits de la personne qui dort à poings fermés dans le canapé. Ses cheveux bruns cachent la moitié de son visage, néanmoins je discerne sa mine froncée et ses lèvres légèrement pincées. À croire que même endormie, elle ne fait que râler.

J'esquisse un sourire espiègle alors que je remarque qu'elle porte encore sa robe. Le tissu moule son corps sans détour et me laisse un aperçu de son décolleté. Cette fille n'a clairement pas conscience de l'effet qu'elle fait autour d'elle, ou bien elle s'en moque complément. Sa naïveté est désespérante, et pourtant je ne peux m'empêcher  d'en jouer. J'y prendrais même un certain plaisir si elle ne finissait pas par toujours la ramener avec ses questions à la cons.

Ignorant mes réflexions, je ramasse rapidement le plaid tombé sur le sol pour recouvrir  son corps. J'ai suffisamment de distraction pour le moment, pas la peine d'en rajouter. Fermant la porte derrière moi, je prends la direction de l'ascenseur et appuis sur le bouton du 12ème. Arrivé sur place, je me dirige vers les machines à dispositions : comme je l'espérais, la salle est complètement déserte. Je règle l'appareil comme à mon habitude et commence à courir à allure rythmée, chassant toutes pensées de mon esprit.

J'ai toujours préféré courir à l'extérieur, à l'air libre, là où je peux sentir mes pieds en contact avec le sol à chaque foulée. Le problème c'est qu'avec cette putain de notoriété, je ne peux pas faire un pas dehors sans être tracé par ces emmerdeurs de paparazzi. Et malheureusement pour moi, même à une heure si matinale, les rues de cette ville sont déjà désespérément bondées.

Je n'ai jamais compris l'attrait qu'ont les gens pour cet endroit d'ailleurs. La circulation est insupportable, le temps détestable, et on ne peut pas faire un tour sans se faire accoster par un inconnu. Si j'avais pu choisir, je serais restée chez moi volontiers plutôt que de mettre les pieds ici.

Tu parles. Encore aurait-il fallu que je puisse rentrer.

Je cours depuis une vingtaine de minutes maintenant, mais ce n'est pas suffisant. Réglant quelques paramètres supplémentaires, j'accélère un peu plus le rythme de la course.

J'ai beau y réfléchir, je ne sais pas ce qui m'a prit de l'inviter à cette soirée. J'ai d'abord pensé qu'elle ne viendrait pas, mais je l'ai vite aperçu aux bras de cet idiot. Non pas que j'en ai quelque chose à foutre, mais la voir avec ce type qui la dévore des yeux me donne la gerbe. Elle ne se rend même pas compte de l'effet qu'elle a sur lui, alors qu'elle le mène clairement par le caleçon. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle l'a invité d'ailleurs. S'il lui fallait un chauffeur, elle n'avait qu'à me le dire et j'aurais envoyé Andrews la chercher.

L'air renfermé de la salle commence à brûler mes poumons, consumant mes pensées à petit feu. Augmentant encore un peu la cadence, mes pas s'accélèrent tout en oubliant la douleur naissante dans mon corps.

Le seul truc qui me dérange, c'est que je suis incapable de me sortir cette fille du crâne, et me l'avouer rend la chose encore plus insupportable. D'habitude courir me permet de me libérer entièrement l'esprit, mais plus je m'efforce à l'effacer et plus les images s'intensifient. Son regard rempli d'incertitude, ses lèvres douces sur les miennes, ses mains dans mes cheveux et la chaleur qui émane de son corps alors que je la maintiens fermement contre le mien...Bordel, me contrôler est un vrai supplice, et j'ai du me faire violence pour m'arrêter la nuit dernière.

À travers toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant