Après avoir rempli les placards, je me suis finalement mise aux fourneaux en tâchant de réaliser quelques recettes trouvées sur internet. Même si je n'ai pas l'intention de sortir, je voulais quand même tenter quelques plats traditionnels pour mon premier Thanksgiving à New York.- Où sont rangées les assiettes ? me questionne Nil en fouillant dans plusieurs placards.
- Dans celui de gauche, je réponds en sortant le gratin de potimarron du four. Tu les as trouvées ?
Il acquiesce avant de me demander l'emplacement des couverts.
- Dans le tiroir juste en dessous, je lui indique en posant mon gratin sur les plaques pour éviter de me bruler.
Contre toute attente, l'ambiance est relativement agréable ; si l'on ignore la tension qui subsiste par moment entre nous. Nil m'a aidé à cuisiner, et même si notre conversation tourne essentiellement sur la façon dont couper les aliments et la température de cuisson, je suis forcée d'avouer que l'atmosphère qui règne est loin d'être déplaisante.
- Qu'est ce que tu veux regarder ?
Le brun m'interpelle du salon, la télécommande dans les mains, visiblement arrêté sur une chaine de sport qui diffuse un match de football américain. Il ne le laisse pas ressortir, mais à en croire son expression quand l'une des deux équipes marque, il semble plutôt concentré sur la rencontre.
- Peu importe, j'assure en ouvrant le placard pour en saisir les verres.
Me hissant sur la pointe des pieds, je souffle de frustration quand je comprends que je n'arriverais pas à attraper les verres à pieds rangés tout au fond. Voulant m'aider d'un tabouret, je fais volte face au même moment où Nil apparait soudainement devant moi, rompant tout espace entre nous tandis qu'il me bloque contre le plan de travail. Prise au dépourvu, je l'observe saisir les deux verres à vin sans grande difficulté, et me les tendre avec le plus grand naturel.
- Merci, je balbutie en lui prenant des mains.
Je m'éloigne rapidement pour les déposer sur la table basse du salon, évitant soigneusement son regard. Comment peut-il agir ainsi avec une telle indifférence ? Comme si chacun de ses faits et gestes étaient fait pour me déstabiliser, sans que lui ne paraisse jamais le moins du monde affecté.
- Je peux éteindre le feu ? interroge mon invité prêt de la gazière, une moue interrogatrice face à la sauce aux champignons.
J'acquiesce tout en lui indiquant de la transvaser dans un bol, et il s'applique à la tâche pendant que je remplis les assiettes et les ramène dans le salon.
- Qu'est ce qu'on regarde alors ?
Le brun prend place à mes côtés sur le canapé, et zappe une nouvelle fois les chaines de télévisions.
- Oh ce film à l'air pas mal, j'ai failli le voir au cinéma.
- Le mec se fait tuer en empêchant la fille de se sacrifier, et elle termine avec son meilleur ami, divulgue-t-il d'une traite, sans montrer la moindre once de remord.
- Tu pouvais simplement me dire non ! je m'exclame interdite. Et si j'avais envie de le regarder plus tard ?
- Ce film est nul à crever, je t'ai évité une perte de temps inutile.
Il continu de zapper sans culpabilité tandis que j'entame mon blanc de dinde - qui sans vouloir me vanter, est d'une cuisson parfaite. Il s'arrête finalement sur une documentaire d'enquête sur des détenus disparus.
- Ah non merci, je n'ai pas envie de faire des cauchemars cette nuit.
- Tu rigoles ? se moque-t-il en servant la sauce dans son assiette. Ces types sont certainement morts à l'heure où on parle, ils vont pas venir sonner chez toi.
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À travers toi
Teen FictionSuite à un élan soudain de folie, Charlie décide de quitter le Nord de la France et de mettre sa vie là bas entre parenthèse en s'installant dans la capitale du monde, New York, pour l'année à venir. Embauchée en tant que stagiaire dans l'une des p...