À travers toi

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- Les personnalités arriveront vers 19h. Les serveurs devront déjà être en place et se tenir prêt, les journalistes ne devront rentrer qu'à partir de 21h, pas avant.

Leya me briefe depuis une bonne demi-heure maintenant. Depuis cinq heures ce matin, nous travaillons sur l'organisation de cette soirée d'anniversaire d'une nouvelle " étoile montante ". Apparemment, tout le beau gratin est invité et Leya veut absolument que tout soit parfait. Elle n'arrête pas de me répéter que l'image de la boite est en jeu, qu'ils font appel à eux pour la première fois et qu'il est donc primordial d'assurer ce soir.

- Il faut que j'aille vérifier le plan de table et la décoration. Je te laisse t'occuper du traiteur, il doit arriver d'un instant à l'autre avec la pièce montée.

Sur ce, elle se dirige vers la pièce d'à côté réservée au diner. L'endroit que nous avons déniché est splendide et complètement hors de prix. Située dans l'Upper East Side, la salle de réception promet d'accueillir une bonne centaine d'invités sous ses opulents chandeliers suspendus. Le réveil a été un peu difficile après la soirée d'hier, mais voir courir des personnes dans tous les sens depuis ce matin m'a largement réveillée. J'ai passé la matinée à gonfler des ballons blancs et dorés qui tapissent maintenant le sol pour la soirée, et monté une vingtaine de tables hautes pour le cocktail d'entrée. J'ai vérifié trois fois le menu de ce soir, contrôlé deux fois les lumières et inspecté le repassage de chaque nappe aussi minutieusement que possible.

- Excusez moi ? Où dois-je déposer ça ?

Un immense carton contenant certainement la fameuse pièce montée est posé sur un chariot, et le livreur m'interroge du regard. Je le conduis vers les cuisines et l'aide à la placer dans l'énorme frigo déjà remplis à ras bord. Après une maigre pause déjeuner, j'accueille la première équipe de serveurs pour la soirée et briefe celle chargée de l'accueil. Je prends plaisir à diriger tout ce monde et à vérifier les détails pour que tout soit parfait. Je vois Leya courir dans tous les sens et n'ose même pas imaginer la pression qu'elle a sur les épaules. Jamais je ne pourrais diriger tout ça toute seule, mais celle-ci fait preuve d'un calme et d'un professionnalisme impressionnant.

- Tu peux aller te préparer Charlie, les invités ne devraient plus tarder.

Ma patronne a maintenant revêtu un large pantalon noir et une veste de costume de même couleur. Ses cheveux au carré sont à présent lachés et très légèrement ondulés, et ses lèvres colorées d'un rouge vif ajoutent la touche de couleur idéale. J'acquiesce et me dirige vers les vestiaires où j'enfile une petite robe fleuries à fines bretelles. Leya m'a dit qu'il n'y avait pas de dress code, que je devais juste être bien habillée, alors j'ai conclu que cette robe d'été ferait l'affaire. De toute manière, mon rôle est de me fondre dans la masse et de vérifier que tout se passe pour le mieux, pas de poser devant les photographes. J'attache négligemment mes cheveux en chignon et enfile mes baskets blanches avant de retourner dans la salle de réception.

Les invités ont déjà envahis la salle de réception et les serveurs s'agitent dans tous les sens avec leur plateau à la main. Je remarque quelques célébrités que j'ai déjà aperçu à la télé défiler dans leur plus belles tenues. Si un jour j'avais imaginé me trouver ici, à organiser une fête pour Melissa Jannet, élue actrice féminine de l'année, je ne l'aurais jamais pris au sérieux. Et pourtant je suis bien là, au beau milieu d'une salle remplie d'artistes connues dans le monde entier.

- Charlie viens par là, je veux te présenter quelqu'un.

Leya m'attrape par le bras et m'entraîne à travers la foule. Elle me présente quelques agents, des acteurs et des mannequins amis à elle. Il faut dire qu'avec son travail, elle a dû se lier d'amitié avec pas mal de beau monde. Je me sens d'ailleurs un peu ridicule dans cette robe d'été , au milieu de mannequins revêtant des tenues de couturiers. Mais même si je sens quelques regards critiques vers moi, personne ne me fait de réflexion et tant mieux, je suis suffisamment mal à l'aise. Le superficiel qui peut émaner de certaines personnes dans cette pièce me donne pratiquement envie de m'étouffer avec un toast, et je suis surprise du contraire qui est souvent montré au grand public.