Ce matin-là, Changbin et Minho avaient été réveillés par leur douce sonnerie, pour apprendre qu'un meurtre avait été commis à vingt minutes en voiture du commissariat.Évidemment, ils avaient dû s'en charger, et se concentrer sur cela pendant une bonne partie de la journée. Pour qu'au final, ils découvrent sur une caméra de surveillance l'identité du tueur.
Évidemment, celui-ci avait décidé de prendre en otage deux vendeurs d'une épicerie ainsi qu'une cliente, un couple adorable âgé d'une cinquantaine d'années, et une mère de famille, qui seraient relâchés uniquement si la police promettait qu'en échange il pourrait s'enfuir.
La prise d'otage avait bien duré cinq longues heures, pendant lesquelles l'un des otages avait été blessé à la cuisse par le malfrat. Puis, on ne pouvait pas tirer par la vitre du magasin sans risquer de tuer un des otages, simplement pour éliminer le danger qu'était le preneur d'otage.
Et enfin, le suspect s'était enfui par l'arrière boutique après avoir attaché les trois pauvres innocents au poteau situé à l'angle de la caisse, avait tenté de partir sur une mobilette, puis après quelques tirs ratés avait fini à l'hôpital. Où Minho et Changbin avaient dû attendre une autre heure pour interroger l'homme, et l'informer qu'il finirait sûrement en prison à sa sortie de l'hopital, en attendant son procès.
Non vraiment, cette journée avait commencé forte en émotions.
Après tout cela, ils étaient allés déjeuner assez tard, avaient fait leur rapport à leur patron, et s'étaient affalés sur leurs sièges de bureau, les yeux mi-clos sur les dossiers de l'enquête Jung Wooyoung.
Après tout, le coupable courait toujours — contrairement à d'autres cas — et ils traînaient la patte depuis suffisamment longtemps. Ils pouvaient remercier les sous effectifs de la police coréenne pour cela.
— Et ses études...
— Mmh ?
— En médecine y'a beaucoup de concurrence. Ça m'étonnerait que ça ait poussé quelqu'un au meurtre mais quand même.
— Bah, il allait plus pouvoir les payer de toute façon.
— C'est vrai qu'il avait quitté le trafic. Enfin du moins, corrigea Minho. Il essayait.
— Y'a quand même quelque chose que je trouve admirable chez ce Wooyoung.
Minho s'affala sur sa chaise, la tête dépassant du dossier, penchée dangereusement vers l'arrière, et soupira, fatigué par cette enquête qui n'aboutissait pas.
— Il allait quand même lâcher tous ses revenus pour prouver à Jisung qu'il l'aimait. Il savait que c'était risquer de s'opposer à son fournisseur, et par loyauté, par amour et par loyauté, il l'a quand même fait. C'est fou.
Changbin ricana, tapant dans un bruit irrégulier sur les touches épaisses de son clavier, les yeux toujours rivés sur son écran lumineux.
— Bah tu sais, on est prêt à tout quand on aime quelqu'un.
Minho gloussa à sa propre phrase, elle semblait tout droit sortie d'un roman. Puis il fronça les sourcils, quelque chose venait de le frapper.
Bingo.
Le visage de Minho s'éclaira, il releva la tête lentement, semblant chercher des yeux quelque chose qui n'existait pas, la main levée vers Changbin, le visage déformé par l'incompréhension.
— Mais bien sûr, mais c'est ça !
Il bondît de son siège et se planta devant le tableau, agité comme un fou, les yeux brillants et chuchotant des paroles incompréhensibles. Son collègue était médusé, jamais il ne l'avait vu aussi perturbé, aussi vif sans aucune raison particulière. Il ne comprenait pas où Minho voulait en venir.
Celui-ci vint se poster devant son bureau pour ouvrir le dossier et éparpiller la multitude d'éléments autrefois rangés, penché sur le meuble en bois, organisant des dizaines de photos dans une sorte de carte mentale, invisible aux yeux du noiraud, mais organisée et étonnamment logique dans la tête de l'agité.
— Putain putain putain...
Des papiers volèrent, Minho envoya les éléments inutiles au sol, en jurant dans sa barbe, créant une pluie de feuilles tachées de mots autour de lui, un collègue médusé en face de lui. Pendant de longues minutes, qui semblèrent éternelles pour le petit mais peu suffisantes et raccourcies pour le lieutenant Lee, il passa en revue des détails, des photos, des témoignages et des rapports de preuves.
— Changbin, on est des gros cons.
— Pardon ?
— On est à côté de la plaque, alors que tout est logique, la réponse est sous nos yeux depuis le début, on a rien vu alors que c'était évident, bordel.
Soudain, il s'arrêta dans son agitation, les yeux écarquillés, survolant le désordre du dossier étalé devant eux, comme frappé par un éclair de génie.
— Tout est logique...
Il manqua de trébucher avant de saisir sa veste accrochée en hauteur, manquant de renverser le porte-manteaux. Dans la précipitation, il en oublia presque son arme de service, et se jeta sur son bureau pour la saisir dans le tiroir du bas. Puis il se dirigea vers la porte furieusement.
Son cerveau chauffait, fonctionnait à mille à l'heure, il s'en voulait de ne pas avoir réfléchi à tout cela plus tôt. D'un coup, tout était plus clair, tout prenait son sens, le meurtre, son agression, les preuves, la drogue, les relations et les suspects, le tueur. Il savait tout. L'enquête venait de prendre un nouveau tournant, de s'accélérer pour atteindre la ligne d'arrivée.
Il venait de réaliser son erreur, celle qui l'avait empêché de réfléchir correctement sur cette enquête. Se mettre dans la peau de la victime, comprendre les tensions qui régnaient autour d'elle et comprendre ainsi, pour quelle raison, comment et quand le tueur avait agi.
Son chemin avait été flou, il avait buté à plusieurs reprises, et cela ne l'avait mené à rien. Non, depuis le début, et en se fiant à plusieurs éléments évidents, il aurait démêlé les noeuds de l'affaire, petit à petit, d'un point de vue spectateur de cette comédie.
Spectateur, il observait les actions de chaque personnage, leurs faits et gestes, leurs ressentis, étant face à l'action. Metteur en scène, orchestrant cette enquête, la menant à la baguette, décidant des meurtres, des preuves à laisser et du sort des protagonistes. Et acteur principal, menant cette pièce comme bon lui semblait, influençant les décisions de son entourage, au centre de l'action. Et pourtant, sans que personne ne s'en soit rendu compte.
Minho aurait du être spectateur, acteur et metteur en scène, au lieu de se contenter d'être spectateur. Il aurait dû se mettre à la place du tueur.
— Tu me rassembles tout le monde en urgence, je veux que tous les suspects soient dans l'appartement de Yang Jeongin dans une heure. Tous.
Le plus âgé n'eut même pas le temps de poser de questions, Minho avait déjà disparu derrière la porte.
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𝗡𝗨𝗠𝗕 𝗧𝗢 𝗧𝗛𝗘 𝗙𝗘𝗘𝗟𝗜𝗡𝗚, 𝗺𝗶𝗻𝘀𝘂𝗻𝗴
Teen FictionUne fête, un cadavre, et un suspect. Et évidemment, c'est au Lieutenant Lee Minho, un policier à la carrière réussie malgré son jeune âge et l'un des meilleurs enquêteurs de sa ville, que l'affaire est confiée. Pourtant, il y a bien une chose à laqu...