Chapitre 33

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Peu de temps après, Antoine ne tarde pas passer voir Tatiana, qui ne répond pas aux appels. Il entre dans l'appartement et retrouve Tatiana ivre, en train de faire un show en chantant une histoire d'amour tragique, qu'elle a écrite aujourd'hui-même. Elle voit Antoine mais l'ignore en continuant son show. Elle part sortir dans son placard une autre bouteille d'alcool, Antoine lui empêche de continuer à boire, il prend la bouteille. Tatiana s'énerve.

— Donne-moi ça !!!

— J'ai une question à te poser. Réponds-moi d'abord. Je sais que dans cet état actuel, tu ne pourras jamais me mentir. Tu as des sentiments pour ton garde du corps ?

Tatiana est surprise. Elle fait baisser son bras qu'elle tendait et devient pensive.

— Si j'ai des sentiments pour lui, et qu'on ne peut pas vivre notre amour, à quoi ça sert...

Antoine est sidéré par ce qu'il vient d'entendre. Sa petite amie est donc amoureuse d'un autre ? Alors qu'est-ce qu'elle fait avec lui ?

— Tu ressens quoi pour moi ? lui demande Antoine.

— Toi aussi, je t'aime.

— Tu m'aimes ? Tout comme tu aimes Fred ?

— Ne peut-on pas aimer plusieurs personnes à la fois ? C'est quoi aimer ? C'est pas comme si ça relevait d'un exploit.

Antoine ne comprend rien à ce que raconte Tatiana. Il se demande si c'est son état d'ivresse ou si ce qu'elle dit a réellement un sens ? Un sens, qu'elle seule, pourrait comprendre, peut-être ?

— Tu aimes plus qui ? Fred ou moi ?

Tatiana se met à rire. Antoine est désorienté par sa copine.

— Antoine, je t'aime tendrement et raisonnablement. Fred ? Je l'aime instinctivement et immodérément. Non, attends, quelle expression exacte pour exprimer mes sentiments pour lui... ?

Tatiana se met à réfléchir longuement. Antoine a le cœur brisé. De plus, il perd patience, il ouvre la bouteille d'alcool, se sert dans un verre et boit. Il est déjà blessé, de ne pas être « le seul » dans le cœur de Tatiana.

— Tu connais la pyramide de Maslow avec nos cinq besoins ? Fred est un besoin primaire pour moi, tout comme l'eau et la nourriture sont des besoins primaires pour l'humanité. « Aimer » est éphémère. « Avoir besoin » est permanent. Jusqu'à la mort, on aura besoin d'eau. Jusqu'à la mort, j'aurai besoin de Fred...

Antoine est dévasté par tout ce qu'il vient d'entendre. Mais il ne veut et ne peut pas y croire.

— Avant de rencontrer Fred, tu vivais bien, sans lui. Tu te fais juste des illusions. Tu n'as pas besoin de lui. La preuve ? Il est absent, mais tu es bien en vie et en bonne santé, non ?

Tatiana rigole encore.

— As-tu déjà vu un homme, né fumeur ?

— Certains fumeurs arrêtent et délaissent cette dépendance, qui n'est pas un besoin humain.

— D'autres n'y parviendront jamais, jusqu'à la fin de leur vie...

— Tu veux me dire que tu auras besoin de Fred toute ta vie ? Tu verras que ça passera bientôt.

— Maintenant que je l'ai rencontré, que j'ai goûté à tout ce qu'il est, il s'est transformé en besoin. Les sentiments changent et peuvent disparaitre du jour au lendemain. Mais un besoin ne disparait jamais, il faut sans cesse l'assouvir...

Antoine verse encore de l'alcool dans son verre et boit tout d'un coup.

— Il t'a même transformée en philosophe, bravo... Comment tu peux aimer un homme qui te fait tant souffrir ?!

— Car l'amour n'est pur et beau que dans la souffrance, qui nous fait prendre conscience que l'on vit. Et souffrir, c'est vivre, intensément... dit-elle, en souriant.

Antoine n'a plus de mots. Il est dégoûté. A ses yeux, Tatiana n'aime pas Fred, non, elle est dingue de lui. Et c'est encore pire.

— Alors, ma bouteille maintenant ? Tu vas la terminer ! lance Tatiana.

Elle part ouvrir son placard pour en sortir une nouvelle bouteille. Antoine la retient en dérobant la bouteille des mains de Tatiana.

— Je vais pas le répéter, ma bouteille !!!

— Pourquoi, depuis que je te connais, une femme aussi intelligente, belle et talentueuse que tu es, tu ne fais que te détruire...

— Je n'ai pas besoin de ta pitié, j'ai horreur de ça.

— Je n'ai pas pitié de toi, je t'aime. Il y a une différence...

— Si tu m'aimais vraiment comme tu le dis, tu serais comme Fred. Tu serais capable de me supporter, dans tous mes états. Tu ne me jugerais pas à tout bout de champ. Tu essaierais de me comprendre, tu saurais quels mots employer pour me calmer, tu saurais comment me toucher pour m'apaiser...

— Si Fred t'aimait vraiment, il ne te quitterait jamais du jour au lendemain comme il l'a fait.

— Je m'en fous qu'il m'aime pas !!! Je m'en fous de tes commentaires !! Fiche-moi la paix !! Donne-moi cette putain de bouteille et ferme-là !! Sors de chez moi maintenant !!!

Furieuse, elle prend de force la bouteille, l'ouvre et boit. Antoine est effrayé et inquiet.

— Calme-toi stp...

Au même moment, le manager vient d'entrer dans l'appartement. Ayant entendu les cris de Tatiana, le manager accoure dans le salon.

— Ma petite star, stp...

Tatiana termine la bouteille en verre et la balance avec force par terre. Le manager et Antoine sont apeurés. Le manager demande discrètement à Antoine d'appeler son psychiatre pour qu'on puisse amener sa petite star le voir. Le manager sait que ça vient tout juste de commencer.

Antoine s'éloigne pour passer un coup de fil au psychiatre de Tatiana. Pendant ce temps, le manager reste auprès de Tatiana et la surveille. Tatiana se baisse pour ramasser un morceau de verre de la bouteille. Son manager l'observe et comprend qu'elle veut se suicider en s'entaillant les veines de son poignet avec le morceau de verre. Apeuré, il accoure vers Tatiana pour la retenir. Il arrive à temps et prend vite le morceau de verre de la main de Tatiana, qui a un regard vide. Elle se rebaisse pour ramasser un autre morceau de verre, son manager lui prend la main et la tire avec lui. Mais Tatiana résiste pour rester. Au même moment, la mère de Tatiana, entre et arrive dans le salon. Ayant vu les informations, elle s'est précipitée pour venir voir sa fille. Tatiana voit sa mère et accoure se jeter dans ses bras, avant de craquer et de recommencer à pleurer. Antoine revient dans le salon. Lui et le manager, se sentant impuissants, observent Tatiana en larmes, dans les bras de sa mère. 

Aime-moi, désire-moi, ne me quitte jamais : AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant