Chapitre 64

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Après leur diner, Tatiana est couchée sur les jambes de Nadège, assise sur le sofa. Elles visionnent des films sur Netflix jusqu'à trouver le sommeil. Tatiana pense à Fred et à la journée houleuse qu'ils ont eue aujourd'hui.

— Nadège, comment décrirais-tu ton frère ? Comment il était ?

Nadège, perdue dans ses souvenirs mélancoliques, prend un moment avant de répondre :

— Il n'a jamais été un enfant joyeux ou expressif. Les voisins le détestaient, non tout le monde je devrai dire car contrairement aux autres enfants, il ne répondait jamais à la sympathie des adultes. Seulement, il était le meilleur grand-frère qu'on puisse espérer avoir. Mes souvenirs ne sont pas nombreux, j'étais encore trop petite et lui aussi d'ailleurs. Mais je me souviens qu'il me protégeait tout le temps. Il était hyper protecteur. Notre père était violent et nous battait sans cesse : ma mère, mon frère et moi. Pourtant, malgré sa petitesse et son faible poids face à mon père, mon frère tentait toujours de venir en aide à ma mère. Quand je reparle de ça, je me rends compte que ces images atroces ne pourront jamais sortir de mon esprit... Il recevait tellement de coups par jour, à ma place et à la place de notre mère. Il avait tellement pleuré qu'à la longue, il n'avait plus de larmes, il était devenu insensible à la douleur, n'importe laquelle, que ce soit physique ou émotionnelle.

Les révélations de Nadège touchent profondément Tatiana et la rendent triste, surtout après sa dispute avec Fred et comment elle l'a traité après qu'il ait fait l'effort de se dévoiler un peu plus. Elle regarde Nadège avec affection. « Heureusement que tu existes. Tu es peut-être la seule personne, qui puisse donner une vision un peu humaine de Fred... ».

— Comment tu peux être persuadée que ton frère est toujours en vie ?

— J'ai demandé un extrait d'acte de naissance sans filiation. Si mon frère était mort, l'information figurerait là-dessus. Ça montre qu'il est toujours en vie, quelque part. Mais au-delà tout ça, un mystérieux homme m'a sauvé la vie à plusieurs reprises. Parfois, il m'arrive de penser et si c'était mon frère ? Puis je me dis non ce n'est pas possible. Pourquoi il se cacherait de moi, sa propre sœur à qui il avait promis de revenir la prendre.

Tatiana est triste en l'écoutant. « Car tu es devenue une policière et lui un mafieux... Voilà pourquoi il se cache de toi ».

— Comment tu penses le reconnaitre si tu le revoyais ? demande Tatiana.

— En analysant son ADN... Si je suspecte vraiment quelqu'un d'être mon grand-frère, c'est ce que je ferai.

Les deux femmes discutent jusqu'à avoir sommeil. Elles partent se coucher.

A Détroit, Alejandro (le baron de la drogue) part dans la villa de Fred et demande à voir son frère. Bien sûr, il a fait exprès. C'est uniquement pour savoir si Fred est bien à Détroit ou pas.

Debout devant la porte d'entrée, Alejandro est en face du majordome, entouré par deux gardes de la villa, ainsi que Rico, le chien de Fred.

— Fred se repose. Il ne peut recevoir aucune visite, désolé, répond le majordome, obligé de couvrir Fred.

— Même la visite de son frère ?

— J'en suis navré, répond le majordome.

Rico aboie envers Alejandro. Ce dernier regarde avec mépris le chien. Puis il s'en va. Alejandro comprend que Fred n'est tout simplement pas dans sa villa et qu'il est sûrement reparti à Paris. Dans tous les cas, il va vérifier tout cela et cette fois-ci, il est hors de question de rater cette opportunité de découvrir ce qu'il fait à Paris.

C'est l'occasion inespérée pour Alejandro d'envoyer ses hommes dans la ville de la tour Eiffel pour savoir ce que Fred mijote là-bas. Par tous les moyens, ses hommes doivent trouver Fred.

A Paris

Le lendemain matin, Tatiana et Nadège prennent leur petit-déjeuner dans l'appartement de la chanteuse. Nadège part au travail. Toute la nuit, Tatiana n'a pensé qu'à Fred, à leur conversation, à la possibilité d'une relation amoureuse entre eux deux, sans compter les révélations de Nadège.

Tatiana veut Fred à ses côtés, mais elle reste sur sa position. Elle veut un nouveau Fred, avec une nouvelle vie et de nouvelles valeurs morales. Elle est prête à prendre le temps qu'il faudra pour cela. « Je sais faire la part des choses : ce n'est pas ce qu'il fait, que j'aime. C'est ce qu'il est, que j'aime. Seulement, aimer ne veut pas dire être en couple. Et si on devait se mettre en couple pour s'engager, il devra cesser cette vie de malfrat qu'il mène. Ma conscience ne me le permettrait pas. Ni l'âme de mon père... »

Elle compose le numéro de Fred (il est chez lui).

— Salut, dit-elle.

— Ça va ?

— Je suis partante pour le voyage en Suisse.

Fred sourit.

— Je viens te prendre dans un instant, on quitte cet après-midi. Prépare tes affaires.

— Ne te méprends pas. J'ne serai jamais d'accord avec les actes criminels que tu commets. Mais j'ai envie de passer du temps avec toi... Et j'ai toujours aimé suivre mes envies. Par contre, partons demain. Aujourd'hui, j'ai un programme à dix heures.

— Tu dois faire quoi ?

— M'habiller en mère Noël et chanter pour des enfants à l'hôpital psychiatrique. Ils vont recevoir leurs cadeaux, dit Tatiana en souriant. D'ailleurs, tu pourrais m'accompagner ?

— Où ça dans cet hôpital ? Non, ça je ne peux pas, dit Fred, catégoriquement, sans hésiter.

Tatiana prend mal la réponse de Fred. Elle ne dit plus rien.

— Allo ? Tatiana ?

Elle ne dit toujours rien. Fred reprend :

— Tatiana... Je n'aime pas qu'on me force quand je veux pas faire quelque chose.

— Pourquoi tu me le dis ? Je m'en fiche Fred, de ce que tu aimes et de ce que tu n'aimes pas !

— Qu'est-ce que j'ai encore dit de grave ?

— Et si tu étais mon garde du corps aujourd'hui ? Tu ne m'accompagnerais pas à l'hôpital ?

Fred ne répond pas à la question.

— Réponds-moi !! crie Tatiana.

— Pourquoi tu n'essaies pas de comprendre que je n'aime pas les hôpitaux ? Comme d'habitude, tu ne penses qu'à toi ce que tu veux. Tu es trop pourrie gâtée, on ne te l'a jamais dit ? Dans la vie, on n'a pas toujours ce que l'on veut. Faut apprendre à faire avec les frustrations.

Ces nouveaux reproches énervent à nouveau Tatiana.

— Je n'aurais jamais dû te rappeler !!

Elle raccroche aussitôt. Elle inspire et expire fort pour se calmer, avant de se lever pour aller se préparer, en insultant sans cesse Fred. Ben, l'employé de Fred, est gêné en entendant toutes ces insultes envers son patron.

Fred, dans son appartement, est sidéré.

— Cette femme va passer son temps à me raccrocher au nez ? Et tu te laisses faire comme ça, Fred ?

Après un moment de silence et d'étonnement, il reprend :

— Ouais, il n'y a seulement qu'avec Tatiana que je peux subir et tolérer ce genre d'attitude. Elle devrait vraiment s'estimer heureuse, cette effrontée !  

Aime-moi, désire-moi, ne me quitte jamais : AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant