Chapitre 48

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Fred arrive. Il monte sur l'estrade et rapproche le micro du podium. Il donne face au public. Victoria, admirative, le regarde avec des yeux amoureux. Fred commence par saluer tout le monde, avant de débuter son discours. Il rappelle les commandements des « hommes d'honneur » (les mafieux) :

- Ne convoite jamais les épouses de tes amis.

- Sois toujours disponible pour la Cosa Nostra, même si ta femme s'apprête à donner naissance.

- Les rendez-vous doivent toujours être respectés.

- Les mères, épouses et sœurs doivent toujours être traitées avec respect.

- Lorsqu'on te demande une information, la réponse doit toujours être la vérité.

- Ne tue jamais d'autres hommes d'honneur, sauf ordre du « Boss ».

- Ne parle jamais de « Cosa Nostra » en public.

- Respecte toujours « l'omerta », la loi du silence imposée par la mafia (« Je ne vois pas, je n'entends pas, je ne parle pas »).

- Privilégie toujours la discrétion et l'économie des mots au bavardage sans fin.

- Ne parle jamais de choses importantes par téléphone. Être secret est une valeur essentielle de « l'homme d'honneur ».

- Modère ta consommation d'alcool. L'ivresse est sévèrement prohibée parce qu'une personne ivre n'a pas de secret et peut mettre en danger sa « Famille ».

- La première valeur sûre au monde est la « Famille ».

- Les traîtres sont dénoncés et tués. Les infidèles sont castrés.

- Ne sois jamais vu avec des policiers et ne collabore jamais avec la police.

- N'aie jamais aucun lien avec un homme de la justice.

En réalité, ne peuvent pas faire partie de « Cosa Nostra » les personnes qui ont un proche dans la police, les proches parents de policiers, magistrats ou fonctionnaires de toute instance répressive. De ce fait, tous ignorent que Fred a une petite sœur, policière de plus. Mais également, qu'il a entretenu (et qu'il entretient toujours) une relation avec Tatiana, une fille provenant d'une famille de magistrats (son défunt père et le frère de ce dernier, qui vit toujours).

Si des membres apprenaient tout cela, Fred deviendrait un traitre et se verrait « exécuté dans l'immédiat », sans compter que Nadège et Tatiana se verraient tuées également. Le parrain est obligé d'appliquer les lois réglementaires envers tout le monde, sans aucune distinction hiérarchique. Ce qui lui vaut sa réputation d'homme « juste et impartial » mais aussi « cruel », avec une colère qu'il ne faut jamais réveiller.

Enfin, Fred prête serment : « Je jure fidélité à la Cosa Nostra. Je jure de protéger et de défendre de toutes mes forces et au péril de ma vie, avec les troupes qui me sont confiées, l'honneur, l'indépendance, la sécurité, la stabilité sociale, économique et financière de la Famille Zerilli, ainsi que tous ses associés et partisans, dans le monde entier ».

Et si ce jour-là, j'avais commis la plus grave erreur de ma vie ? En sachant que ma petite sœur est flic et la femme qui me passionne, d'un monde opposé au mien... Pense Fred.

Le parrain est ému, en tant que père avant tout, mais bien sûr, il ne peut montrer ses émotions. Il garde son visage dur. Sans compter que la cérémonie n'est pas encore terminée. Il reste la dernière étape que son fils admirable doit franchir : le rituel du tir.

Fred se met en place pour se préparer à tirer. Il tient son pistolet et observe le point précis où doivent atterrir d'affilée, les cinq balles. Alejandro regarde sa montre puis observe Fred en souriant. « Le poison doit commencer à faire effet... »

Pointant l'arme pour tirer, Fred commence à avoir la vision floue. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Le parrain remarque que quelque chose ne va pas. Fred a la tête qui tourne, il attrape sa tête. Alex, sa grand-mère, Victoria et Enzo sont surpris et inquiets. Hector, le médecin, inquiet également, échange avec son père.

— Ne devrait-on pas reporter ce rituel ? D'après ce que je vois, il risque de tomber dans pas longtemps. Laisse-moi l'examiner d'abord et m'assurer qu'il n'a rien de grave, dit Hector.

Hélas, le parrain ne peut faire une chose pareille. Pas devant tout ce monde venu comme invités pour assister à ce grand évènement et où sa crédibilité ainsi que celle de son fils, entrent en jeu. Fred doit réussir ce rituel s'il ne veut pas faire honte à la famille Zerilli et remettre en question leur légitimité. L'amour de son fils est bien présent, mais l'honneur et la réputation sont primordiaux.

— Observons-le, jusqu'à la fin, dit le parrain, avec sérénité.

La marraine, quant à elle, semble moins touchée par ce qu'elle voit sous ses yeux. Même si elle ne l'avoue pas, elle aurait préféré que Fred rate ce rituel. Elle veut voir un de ses fils comme chef de l'armée et non ce « monstre » de Fred. Marcello, le maire de Détroit et Alejandro s'échangent un regard complice en souriant. Ils n'attendent plus que Fred ne rate ses tirs, devant tout le monde, aujourd'hui.

Cependant, Fred ne s'avoue jamais vaincu si facilement. Puisque sa vision est devenue floue, il demande qu'on lui remette un bandeau en tissu à attacher autour de ses yeux. Les spectateurs ne comprennent pas ce qu'il compte faire. Fred espère pouvoir compter sur son cerveau qui a déjà enregistré le point où doivent être visées les cinq balles et ne plus se baser sur sa vision floue de maintenant qui risque de le tromper. Seulement, avec les yeux bandés, lui sera-t-il possible d'atteindre la cible cinq fois de suite ?

Fred pointe son arme, sur le point de tirer, mais voilà que sa main tremble, due aux effets du poison. Alex est inquiet pour son ami. Rico, le chien de Fred, est triste pour son maitre. Avec sa deuxième main, Fred attrape sa main qui tient le pistolet et se force à diminuer le tremblement, pour lancer les balles. Et c'est parti : Fred vient de tirer. La première balle atteint la cible, ainsi que toutes les autres restantes, au point pile et à une vitesse incroyable.

Tout le public est impressionné. Le parrain, fier, sourit. Alex, sa grand-mère, Victoria et Enzo sont également contents. Alejandro et Marcello n'en croient pas leurs yeux et en sont furieux. Mais aussitôt qu'il a fini de tirer, Fred ne tenant plus en équilibre, tombe, évanoui. Son chien accoure immédiatement vers lui. 

Aime-moi, désire-moi, ne me quitte jamais : AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant