Chapitre 55

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Dans la résidence familiale (le château de la famille Zerilli), Lorenzo et son majordome, qui est le frère ainé des autres majordomes dans les villas des enfants Zerilli, discutent à propos du nouveau poste de Fred. Le majordome de la résidence familiale est un vieux confident du parrain. Voilà quarante ans maintenant qu'il est aux côtés du parrain et ne l'a jamais trahi ou déçu.

— Je fais mon premier test sur le fils en lequel je crois le plus, dit le parrain. Je sais que Fred reste le plus sadique de tous mes fils. Il l'est naturellement, il n'a pas besoin de faire d'efforts pour cela. Bien au contraire, j'ai lutté pour l'éduquer et le canaliser afin qu'il s'intègre à la société et respecte les normes sociales. Mais son être fondamental ne sera jamais changé. Comme on dit, son malheur d'être né « mauvais » a également favorisé son destin auprès de la famille Zerilli où ses « vices » demeurent de grands atouts, pour la Cosa Nostra.

— Doutez-vous de lui ?

— La confiance est aussi légère, courte et capricieuse que la vie sur Terre. Ainsi, seul le temps nous dira, qui continuer à faire confiance ou pas, dans mon entourage.

Pour le parrain, seul « le temps » qui défile, mérite la confiance des humains. « La confiance ne se donne pas, elle se mérite. Or le mérite n'est jamais figé ni acquis. Il doit constamment se gagner. Faire confiance à Fred aujourd'hui, ne veut pas dire lui faire confiance demain. »

Fred regagne sa chambre. Il est impatient de visionner sur son smartphone les vidéos de sa diablesse. Tranquille et détendu, il met les vidéos et reste scotché sur son écran. Il sourit tout au long de son visionnage. Tatiana, sa folle excitante, lui manque tellement. Il voit qu'elle est toujours aussi vivace et excessive. Tout à coup, l'expression du visage de Fred change. Ça passe de sourire à haussement de sourcils.

D'abord, il sait maintenant que Tatiana connait sa vraie identité de tueur. « Tôt ou tard, ça devait arriver... Je sais qu'il est temps que je lui dise la vérité ». Mais ce qui étonne surtout Fred dans les images, ou plutôt qui attise sa jalousie est : l'arrivée de Tatiana, qui entre dans l'appartement avec Antonio, hier nuit. Antonio Zerilli, son frère, est le plus grand « don juan » qu'il connaisse dans ce monde.

Fred est mort de jalousie. Plein de questions lui traversent l'esprit. « Qu'est-ce que mon frère faisait chez Tatiana ? Pourquoi ils sont rentrés ensemble ? Auraient-ils passé la journée ensemble ? Depuis quand ils se connaissent et se fréquentent ? Ce maudit et malade de kidnappeur a finalement rencontré Tatiana ? »

Fred bouillonne de jalousie. S'il pouvait se fabriquer des ailes et voler tout de suite pour atterrir à Paris, il l'aurait fait. Hélas, le dîner en famille du 24 décembre (demain), imposé par son daron, gâche tous ses programmes.

Fred visionne à nouveau la vidéo, il remarque la robe courte de Tatiana quand elle enlève son manteau. Fred va bientôt exploser. « Et c'est ça qu'elle portait en plus ? ».

Il remarque les cheveux en pétard de Tatiana, il s'imagine plein de choses. « Non... Aurait-elle couché avec Antonio ? Et pourquoi elle est de si bonne humeur ? ».

Fred compose sur le coup le numéro d'Alex.

— Qu'est-ce qu'Antonio faisait chez Tatiana ? Depuis quand ils se fréquentent ?

— Voilà pourquoi c'était pas une bonne idée d'avoir placé des caméras cachées chez elle. Tu vas réagir comme ça à chaque fois que tu la verras entrer avec un homme ?

— Pourquoi Ben n'était pas avec Tatiana ? Comment il a pu faire une erreur pareille ?! Même quand elle fait ses menaces de suicide pour manipuler les gens, c'est une grande manipulatrice, Ben ne doit pas céder !

Alex baille à l'appareil.

— Tu as pu attraper l'espion ?

— Ciao, Alex.

Fred, de mauvaise humeur, raccroche.

A Paris, à l'appartement de Fred, Tatiana, triste et énervée en même temps, a attendu Fred toute la nuit. Elle s'est finalement endormie sur la table à manger, après avoir bu, toute seule. Son smartphone, posé sur la table, sonne. Elle ouvre progressivement les yeux et tend sa main pour prendre son téléphone. Elle voit sur l'écran que c'est Fred qui appelle. Elle ne peut pas sauter de joie de l'entendre enfin. Bien au contraire, elle lui en veut et ressent de la colère qui n'est pas prête de disparaitre de sitôt. Dès que Tatiana décroche, Fred (dans sa chambre à Détroit) enchaîne :

— Tu faisais quoi avec Antonio ?

— Déjà bonjour ça se dit. Et puis tu es où ? Pourquoi tu n'es pas venu ? Tu m'avais dit le 23, et tu n'as pas tenu ta promesse ! Tu ne devrais pas t'excuser d'abord ? Pourquoi tu es si insolent et brusque ?!

— J'ai pas pu finalement aujourd'hui. Mais d'ici le 26, tu me verras.

— Pas besoin de me promettre une autre date ! Que tu viennes, ou pas, me fout au pôle Nord ! Je ne t'attendrai plus !!!

Elle raccroche automatiquement.

— Allô ? Tatiana ?

Fred est sidéré. Tatiana vient de lui raccrocher au nez (encore, comme ce qu'elle lui avait fait à Paris la fois passée). D'habitude, Fred a cette mauvaise manie de le faire aux autres, et maintenant qu'il subit souvent cela avec Tatiana, il comprend combien ça fait mal et combien c'est énervant.

— Espèce de capricieuse ! Si tu penses que je vais te rappeler !

Fred ne ressent rien d'autres que de la jalousie actuellement. Pourtant, il est triste en même temps. D'après les images qu'il a visionnées et écoutées, il sait que Tatiana a encore tenté de se suicider, cette fois-ci après avoir appris qu'il est un tueur. « Quand est-ce que cette femme va cesser d'être impulsive et d'agir sous le coup de l'émotion... ? Elle est trop imprévisible. Ma distance géographique avec elle, me perturbe plus qu'autre chose. J'en souffre. Surtout quand je me dis que tôt ou tard, je devrai faire un choix, entre ma famille/mes engagements et elle... »

Tatiana se demande comment Fred a su pour Antonio. « Soit Antonio lui a dit. Mais si ce n'était pas le cas ? Attendez, est-ce que Fred m'espionnerait ? Ou aurait placé quelqu'un qui lui rende compte de tous mes faits et gestes ? Décidément, je ne finirai jamais d'avoir des surprises avec cet homme... Il me doit trop d'explications quand on se verra. D'ailleurs, il est temps que je note toutes mes questions. Elles deviennent nombreuses et je risque d'en oublier certaines quand il sera face à moi, cet enfoiré ! » 

Aime-moi, désire-moi, ne me quitte jamais : AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant