Chapitre 62

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Fred pense à sa fiancée Victoria. Doit-il en parler à Tatiana ? « Si je lui dis que j'ai une fiancée, elle va juste m'étrangler et me tuer, sans le faire exprès. Puis elle va pleurer, non pour moi, mais pour la trahison ressentie et son égo blessé, ensuite elle pleurera un peu pour moi, juste pendant quelques jours au plus. Comme font tous les êtres humains quand ils perdent des proches. Quoi qu'il en soit, je ne peux pas encore dire à Tatiana que j'ai une fiancée. Pas tout de suite. »

— Je t'ai tout dit, répond-t-il en souriant.

Tatiana ne peut pas sourire présentement. Tout est chamboulé dans son esprit et dans son cœur. Pourra-t-elle continuer à voir Fred de la même manière qu'elle le voyait avant, quand il n'était que son garde du corps ? Cet homme qui était « l'homme et l'amant de ses rêves ». Elle se dit que tout était si beau et simple. Pourquoi ça ne pouvait pas rester ainsi ?

— J'ai une dernière question... C'est toi qui as tué Max ? demande-t-elle, d'une petite voix, dénuée d'énergie et montrant combien elle est à bout de souffle. Même s'il restait d'autres questions, elle ne pourrait entendre plus de réponses qui vont la choquer. Elle en a assez entendu pour aujourd'hui.

— Si c'était le cas ? répond Fred.

— Pourquoi ? Pourquoi tu l'as tué ? Aurais-tu une raison qui pourrait me convaincre ? Il a essayé de te tuer et tu t'es défendu, c'est ça... ?

Tatiana a les larmes aux yeux. Elle se retourne et les essuie au plus vite. Hors de question d'être émotive dans ces moments. Elle fixe Fred, attendant impatiemment sa réponse. Mais Fred reste silencieux. Il voit qu'il est déjà en train de faire pleurer sa folle. N'importe quelle réponse qu'il puisse donner, Tatiana semble déjà s'être faite une idée sur lui maintenant.

Comme il ne dit rien, Tatiana sort sa propre conclusion.

— Ok. Je vois. En tant « qu'homme protecteur » que tu proclames haut et fort depuis, tu l'as tué pour me « protéger », c'est ça ? Au lieu de l'amener à la police ?

Fred repense à ce jour. « La raison pour laquelle j'ai tué Max, me dépasse encore. Je suis un tueur rationnel. Je n'ai jamais été un tueur passionnel. Mais ce jour-là, j'ai tiré ces balles, surtout par jalousie. C'est si stupide. »

— Ne crois pas que je pleure pour toi, ou pour tout ce que je viens d'apprendre. Je me sens juste... idiote, d'avoir rêvé d'être avec un homme sans cœur, qui commet des actes condamnables et qui prend des vies humaines... Le tout, en pensant qu'il ne fait rien de mal.

« Même si je ne suis pas d'accord avec ce qu'elle dit sur moi, je peux accepter son point de vue et comprendre sa réaction. » pense Fred, qui ne sait pas quoi dire pour changer cette atmosphère morose, qui règne tout d'un coup, entre lui et Tatiana.

— Tu ne parles plus ? demande Tatiana, attristée.

Fred se lève et vient auprès de Tatiana. Il lui tend la main, Tatiana ne lui donne pas sa main. Accablée, elle garde son regard fixé devant elle.

— Qu'est-ce que tu veux Fred ? Me prendre dans tes bras ? Non, ça ne fonctionnera pas. Ce serait trop simple.

Elle se lève pour se diriger vers sa chambre. Fred part l'enlacer de derrière. Elle s'arrête.

— Suis pas venu pour qu'on passe notre temps à nous disputer, dit Fred.

— C'est pas une dispute. C'était une discussion. Pour la première fois, je peux dire que notre semblant de relation vient de faire un pas.

— Comment faire pour que ce semblant de relation fasse d'autres pas ?

— Serais-tu prêt à abandonner cette vie que tu mènes et à tout recommencer à zéro ?

A moins qu'il ne mente à Tatiana, Fred ne sait quoi lui répondre, car l'idée de « changer de vie » ne lui a jamais traversé l'esprit puisqu'il n'a jamais remis en question ses actes immoraux. De nature, il est complètement déconnecté des émotions, ne connait pas l'empathie et n'a jamais ressenti de remords non plus. Ce sont des traits particuliers des personnes diagnostiquées comme des « psychopathes » (ou trouble de la personnalité antisociale). Un autre individu, même s'il poursuivait dans la mauvaise voie, serait conscient de commettre des actes vicieux. Or dans le cas de Fred, il ne pense même pas faire quelque chose de mal. Du moment que l'acte commis est dangereux et excitant, il y prend du plaisir. C'est tout ce qui l'importe : l'adrénaline et la sensation de vivre à fond, ce que Tatiana et sa folie lui offrent au passage.

Encore une fois, comme Fred ne dit rien, Tatiana fait sa propre conclusion :

— Merci pour ta réponse. Tu n'es pas prêt... Pour changer de vie, n'est-ce pas ? dit Tatiana, en se retirant des bras de Fred.

— Tu entends quoi par « changer de vie » ? D'abord comment peut-on changer de vie en une fraction de secondes ? Et pourquoi je devrai changer de vie ?

Cette dernière question met Tatiana en colère.

— C'est bon Fred. Va-t-en ! Sors de chez moi. Merci de m'avoir révélé toutes ces choses. J'ai besoin d'être seule maintenant !

— Non vais pas te laisser seule, tu veux faire quoi ?

— Fred, ne me mets pas à bout ! Sors ! J'ne supporte plus de te voir ! Sors !!

— Je sais qu'à tes yeux, je suis mauvais. C'est la raison pour laquelle je ne voulais pas que tu découvres tout ceci. Mais si tu changes d'avis d'ici demain pour notre voyage, dis-le-moi. Je reste à l'écoute, dit-il, avant de s'en aller.

Tatiana, attristée, l'observe en train de partir. Elle n'aurait jamais cru que sa fin d'année serait si difficile, émotionnellement. « Je ne devrai pas le traiter de psychopathe, comme font les autres, car c'est un trouble de la personnalité qui se diagnostique auprès d'un psy. Seulement, je sais que les psychopathes sont parmi nous sans qu'on ne le sache. On les côtoie chaque jour. Ils sont souvent charmants et parviennent à cacher leurs vrais visages quand ils le veulent. Fred a été fort. D'ailleurs, jusqu'à ce jour, il reste charmant. Il sait toujours comment parler pour te toucher, comment agir pour te calmer, et son sang-froid est ce dont j'ai le plus besoin dans la vie. J'ai vraiment eu l'impression qu'il était fait pour moi. Depuis le début, entre lui et moi, qu'est ce qui a été vrai ? Et qu'est ce qui n'a été que parade et façade... ? »

Aime-moi, désire-moi, ne me quitte jamais : AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant