...Swan...
Une seule nuit.
Cette pensée me hantait. Une seule nuit pour hurler, frapper, courir, exploser, aimer. Comme je le souhaite, sans que personne ne m'arrête. Une nuit, où mes actions n'auraient plus de conséquences, où je n'aurais pas à porter le fardeau de mes choix. Une nuit libératrice, dénuée de remords.
Une nuit où j'effacerai enfin les traces de mon passé, sans jamais regarder en arrière. Une nuit où je n'aurai plus à dissimuler mes origines, où chaque mensonge et chaque trahison cesseront de me définir. Une nuit où le monstre, forgé par les ombres de mon enfance et les cicatrices du monde dans lequel j'ai grandi, se libérera pour de bon, sans retour possible.
Mes doigts tapotèrent distraitement le rebord de la fenêtre alors que je fixais les immeubles d'en face. Est-ce que, derrière ces façades anonymes, quelqu'un se posait les mêmes questions que moi ? À cet instant précis ? Ce dilemme, a-t-il déjà hanté l'esprit de quelqu'un d'autre sur cette terre ?
Perdu dans mes réflexions, le monde autour de moi s'estompait, son brouhaha devenait lointain, presque irréel. Cette réalité qui m'entourait... je ne l'aimais pas. Peut-être que je ne l'ai jamais aimée. Ce que j'aimais, c'était la réalité que je m'étais construite, celle où je pouvais plonger quand j'étais enfin seule, libre de mes pensées.- Swan ! gronda une voix en entrant brusquement.
Il ne m'en fallait pas plus pour être ramenée à la réalité. Allongée sur mon lit, vêtue d'un simple t-shirt trop grand et d'une culotte, je me retrouvais face à ma tante, semblable à une apparition sortie d'un film d'horreur.
- Pour l'amour du ciel, tu vas être en retard ! Et par pitié, habille-toi quand on entre dans ta chambre.
- Il faudrait déjà frapper, répliquai-je en me levant d'un bond.
À peine avais-je prononcé ces mots qu'elle avait déjà disparu de l'encadrement de la porte. La culpabilité me submergeait aussitôt, mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Je détestais quand quelqu'un fait irruption dans ma chambre, cet espace qui est mon sanctuaire, mon cocon.
La seule chose qui ait encore un peu de sens pour moi.Mon téléphone vibra sur la table de nuit, mais je n'avais aucune envie de consulter les messages qui s'étaient accumulés depuis la veille. Je profitai simplement de l'occasion pour vérifier l'heure. Effectivement, j'étais en retard. Je me hâtai d'enfiler des vêtements plus appropriés et attrapai mon sac en vitesse. Un rapide coup d'œil dans le miroir me rappela qu'il me faudrait plus de temps pour être vraiment prête. Je me contentai alors de rassembler mes cheveux en une couette et d'appliquer un peu de mascara. C'était suffisant pour me redonner un semblant d'assurance. En me regardant une dernière fois dans le miroir, un sourire effleura mes lèvres. Pour une fois, je me sentais fière de moi. J'avais appris, lentement, mais sûrement, à m'accepter. Cela avait pris du temps, mais j'y étais parvenue.
En sortant de ma chambre, je ne pris pas la peine de vérifier si quelqu'un était encore là, et je claquai la porte sans me retourner. Chaque jour, je priais pour ne pas avoir à la rouvrir pour rentrer. Vivre chez ma tante n'avait jamais été mon choix. Cela faisait déjà plusieurs années qu'elle m'avait recueillie, ou plutôt, que mon père l'avait persuadée avec un peu d'argent. J'avais essayé de partir, mais je revenais toujours. Mes parents avaient raison, je ne suis jamais assez forte.
Pas assez forte.
En route pour l'université, je repensais en boucle la soirée d'hier dans ma tête, grimaçant à chaque souvenir. Thea avait encore réussi à me convaincre de la suivre dans l'une de ces nouvelles boîtes branchées de New York. Comme toujours, je n'avais pas su lui dire non. Il fallait dire que je préférais l'accompagner plutôt que la laisser seule à courir les risques de la nuit new-yorkaise. Thea, cette boule d'énergie inarrêtable, toujours en quête de sensations fortes. Nous nous étions rencontrées à l'université, mais c'était lors d'une soirée de fin d'année que nous avions vraiment connecté, nos vies prenant un tournant parallèle depuis.

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NightHawk T1&T2
Romance« J'aime la façon dont tu prononces mon nom, mais c'est vulgaire venant d'une bouche aussi pure. » « Ne me sous-estime pas. » « Oh, je n'oserais pas, princesse. » « Je suis un ange, pas une princesse. » Elle s'était juré de mettre un terme à son pas...