Hope

Chapitre 12

  Lorsque je me retourne, je me retrouve nez à nez à de beaux yeux émeraude. Quand je dis nez à nez cela n'est pas une hyperbole, le jeune homme se trouve à seulement quelques centimètres de moi. Je recule pour instaurer une certaine distance entre l'inconnu et moi, un bel inconnu certes mais il reste un inconnu quand même. Désormais moins proche de lui cela me permet de mieux observer l'homme qui me fait face. Il a de beaux cheveux bruns ténébreux avec de légers reflets que laisse entrevoir la lueur des chandeliers. Il porte un joli smoking des plus élégants sans paraître too much, révélant une carrure imposante et malgré la couche d'habits qui le domine je peux imaginer la courbe de ces muscles dessinés. Il est assez grand et mon Dieu ce qu'il est sexy.

Me rendant compte que je suis totalement en train de l'examiner, je relève les yeux pour ne pas paraître mal polie et  remarque  que celui-ci fait de même et avec insistance en plus, ce qui me rend mal à l'aise. Son regard perçant me donne l'impression d'être à nu devant lui, si vulnérable. Okay il est clairement en train de me reluquer. Lorsqu'il voit mon malaise il semble satisfait et esquisse un sourire, un sourire si beau, si arrogant et à la fois raffiné sur lequel je semble un peu trop m'attarder.

-Ça te plaît ? Me demande-t-il avec une voix rauque et suave.

Déstabilisée par sa remarque, je ne comprends pas vraiment ce qu'il me demande. Est-ce qu'il me demande si ce qui me fait face me plaît, c'est-à-dire lui, ce que je trouve tout à fait déplacé et culotté, mais ma réponse serait pleinement oui.

-Quoi ??

J'ai sortit ce mot avec un manque d'assurance tout à fait visible et une voie tremblotante ce qui me décrédibilise totalement face à lui. Ce garçon me déstabilise, pour dire vrai je n'ai pas l'habitude de parler à des garçons encore moins à de si beaux garçons.

-Le piano. Est-ce qu'il te plaît ?

Mais oui le piano, ce que je peux être stupide. Ressaisis-toi Hope ! Là, s'il y n'a pas remarqué qu'il me met mal à l'aise, c'est que j'ai vraiment de la chance. En tout cas ça semble l'amuser.

-Ah oui le piano, oui il est magnifique.

Une fois que j'ai fini de parler, il ne semble pas vouloir dire autre chose, il se contente de m'observer en silence ce qui me déboussole encore plus.                                                                      
Au bout de ce qui me semble être une éternité il daigne enfin se remettre à parler.

-Tu sais jouer ?

-Pas vraiment.

-Mais pas vraiment signifie que tu sais au moins un peu jouer.

Il est certes beau mais agaçant. Pourquoi force-t-il puisque je lui dis que je ne sais pas vraiment jouer, qu'est-ce que ça peut lui faire ?

-Oui un peu seulement, mais on ne peut pas dire que je sache jouer.

-Je ne te crois pas.

En me disant ça il plonge son regard dans le mien plus profondément encore. Il n'a pas l'air de vouloir me laisser partir et semble attendre quelque chose de moi. Il continue de me regarder avec insistance ce qui me force à lui répondre pour mettre fin à ce moment gênant.

-Je sais bien jouer quelques morceaux mais j'ai jamais pris de cours. Donc je ne sais pas vraiment jouer étant donné que je ne sais pas lire une partition.

-Autodidacte, ça me plaît.

Ça lui plaît ? Honnêtement qu'est-ce que j'en ai à faire que ça lui plaise. Puis il reprend d'un ton autoritaire.

-Montre moi !

Sa réplique semble-être un ordre et il me regarde avec malice. Est-ce qu'il est sérieusement en train de me défier. Je n'ai vraiment pas envie de jouer là, ici, maintenant au milieu de toutes ces personnes. Je ne souhaite pas me montrer en spectacle et me ridiculiser. C'est hors de question.

-Non.

Mon non, que j'ai tant de mal à faire paraître autoritaire, ne semble pas l'arrêter.

D'un seul coup il élève la voix en cherchant le regard des personnes qui nous entourent. Pitié, je prie pour qu'il s'arrête, la seule chose que je souhaite c'est de me faire discrète.

-Excusez-moi, s'il vous plaît.

Quelques personnes paraissent nous prêter attention et mes joues semblent vouloir prendre une teinte rosée, si je le pouvais je partirais en courant mais désormais c'est toutes les personnes de la pièce qui nous fixent et maintenant je peux clairement sentir que mes joues ont viré au rouge vif.

Ne s'arrêtent-ils donc jamais ?

-Cette jeune fille ici présente nous propose de jouer un morceau de piano. Je vous prierais de lui prêter attention. Merci.

Puis il se tourne vers moi, en me montrant le piano.

-Non, non s'il te plaît arêtes ça tu veux.

Et maintenant me voilà entrain de le supplier. Mais mes paroles ne semblent pas parvenir à ses oreilles, il m'ignore totalement.

Mon Dieu tout le monde a les yeux rivés sur moi. Il se tourne ensuite vers moi et avec un air satisfait et son joli sourire narquois me lance :

-J'espère que tu sais jouer du classique.

Heureusement que je ne me trouve pas dans le petit salon où se trouvait encore plus de monde mais cela ne change rien au fait que je suis tout autant gênée. Je n'ai plus d'autre choix que de jouer maintenant, il m'a piégé. Désormais tout le monde attend que je joue et je sais désespérément que je vais finir par me ridiculiser.

Je le déteste déjà.