Lorsque l'horloge de la salle que je finis de nettoyer indique finalement 14 heures, je m'empresse de ranger mes affaires et de me rendre dehors pour y attendre Élio. Avant ça je souhaite dire au revoir à Baptiste mais lorsque je l'aperçois, quelques salles plus loin, il est en plein cours et s'adresse à son élève si patiemment. Je prends le temps discrètement d'admirer la facilité à laquelle il déplace ses mains sur les longues cordes de la harpe mais le laisse tranquille à son cours. Je me redirige ensuite rapidement en direction de la porte, le plus vite possible pour éviter de croiser les deux pestes. Une fois dehors je m'éloigne légèrement du conservatoire et me rapproche de la route à l'intersection de la rue. En attendant Élio je repense à ce que m'a dit Baptiste. Élio semble impliqué dans ce qui s'est passé mercredi. Il l'est en quelque sorte puisque ce que pense les filles le concerne mais en revanche il n'avait aucune raison de prendre mon parti et d'aller voir ces filles. Du peu qu'il m'a laissé entrevoir de lui, il me semble être le genre de garçon qui cherche toujours quelque chose en retour, mais là, qu'avait-il à y gagner ? Après tout Élio et moi ne sommes même pas amis, notre relation se base sur un simple rapport professeur-élève finalement, professeur très jeune certes. Même si je ne le paye pas et que nos rendez-vous n'ont pas lieu au conservatoire, il m'apprend le piano et ça s'arrête là. Enfin ça devrait s'arrêter là, mais j'ai l'espoir que lui est moi soyons tout de même amis.
Cela fait maintenant près de 10 minutes que je l'attends et il n'est toujours pas là, alors j'attends encore dans l'espoir de rapidement le voir arriver. Plusieurs minutes écoulées, toujours rien, je me retiens de lui envoyer un message, même si ça me titille, je ne peux pas être sur son dos, il est déjà bien assez gentil de m'offrir son aide. J'attends alors patiemment. C'est seulement 10 minutes plus tard que je le vois apparaître au coin de la rue, il conduit particulièrement vite et s'arrête prestement à mon niveau.
-Bonjour miss.
C'est la deuxième fois qu'il m'appelle ainsi, mais la sensation qui me parcoure l'échine lorsqu'il prononce ce surnom mignon ne semble pas s'atténuer. Tout de même je lui réponds sur un ton bien moins enjoué que lui, étant donné que cela fait 30 minutes que je l'attends.
-Bonjour.
Je monte sans perdre plus de temps dans sa voiture qui n'est pas décapotée cette fois-là, ce qui fait que lorsque je ferme la portière, l'endroit me paraît bien plus confiné et intime. Une fois assise, la ceinture bouclée, il me regarde et ne démarre pas.
-Quoi ?
-Tu ne comptes rien dire du fait que je sois en retard ?
-C'est drôle, en général, c'est plutôt les personnes en retard qui disent quelque chose, comme un désole d'être en retard par exemple.
Je me tourne vers lui, plonge mon regard dans le sien et pour une fois c'est moi qui affiche un sourire satisfait. La situation semble le faire rire si je tiens compte du sourire parfait qui domine son visage. On reste là l'espace d'un instant à se regarder. Je m'apprête à briser le silence en lui disant de démarrer mais il me devance.
-Alors je suis désolé.
Puis sans attendre une réponse de ma part, il fixe ses yeux sur la route et démarre. J'ai l'impression que le fait qu'il ait pris la parole en premier lui permettait de reprendre le contrôle, une forme de domination en quelque sorte. En revanche, je remarque aussi qu'il roule particulièrement vite comparé à l'autre fois et je n'aime pas ça.
-Tu peux rouler moins vite s'il te plaît.
-Ah oui désolé.
-Est-ce que ça va ?
Je pose cette question sans même attendre une réponse sincère de sa part.
-Oui oui.
Je ne le crois pas, de toute évidence quelque chose le tracasse et il est tout aussi évident qu'il ne m'en dira pas plus. Il a dû se rendre compte que je ça réponse ne convainc pas, c'est pourquoi il se tourne vers moi en affichant un sourire pour appuyer ses propos. Je laisse alors tomber. En revanche je compte bien savoir ce qu'il en est de cette histoire avec Cassandre et Morgan.
-Tu as parlé avec Cassandre et Morgan et mercredi.
Sans même me regarder il me répond.
-Non.
-Arrêtes de mentir, je sais que tu leur a parlé.
-Si tu le sais pourquoi tu me demandes alors.
Étrangement, le ton qui prend change mais je n'arrive pas à savoir pourquoi.
-Je voulais savoir pourquoi, ce que tu leur à dit.
-Je voulais leur régler leurs comptes, elles n'ont pas à te parler comme ça et d'ailleurs elles ne le feront plus tu peux me faire confiance.
Sans même me laisser le temps de répondre, de nouveau il s'adresse à moi.
-Qui t'a dit ça ? Ah non je sais, c'est cette commère de Baptiste.
À son ton je comprends qu'Élio n'aime pas Baptiste, mais je n'aime pas la façon dont il parle de lui.
-Ne parle pas de lui comme ça, c'est mon ami.
-Ton ami t'es pas sérieuse là.
Il rigole d'un rire franc et avec un petit air moqueur de ce que j'en perçois. Je déteste le ton qu'il emploie. Après avoir fini de rire il reprend.
-Ça fait quoi une semaine que tu le connais et encore tu ne l'as vu que deux fois. Permet moi d'en douter.
-Toi et moi ne nous connaissons pas depuis longtemps non plus.
-Mais toi et moi ne somme pas amis.
J'en ai le souffle coupé, il a dit ça sur un ton cassant, glacial sans même me regarder. Ses paroles semblent atteindre le seul espoir d'amitié logeait au fond de mon petit coeur. Mais il a raison, à l'évidence nous ne sommes pas amis, même pas un peu contrairement à ce que j'avais pu espérer. Encore une fois je me suis faite de fausses idées. Alors qu'il s'engage dans l'allée et se gare prêt de la porte d'entrée, je ne trouve qu'une seule chose à lui répondre avant de descendre de la voiture.
-Lui au moins, ne m'a pas blessé dès le premier jour.
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Hope
RomanceHope, jeune fille de 18 ans, espère depuis toujours s'élever dans la société. Passionnée par le piano, elle apprend seule, ses parents n'ont pas les moyens de lui payer des cours. Malgré tout, très rêveuse elle espère pouvoir en faire sa carrière...