Hope

Chapitre 20

   Cela fait maintenant plus de deux heures qu'Élio essaie de m'expliquer tant bien que mal les partitions mais j'ai vraiment du mal à l'écouter. Premièrement comme il m'avait prévenu, les partitions sont vraiment ennuyeuses et deusio il me déconcentre. En fait tout chez lui me déconcentre lorsqu'il se retrouve face à cet immense piano. Ils semblent se compléter l'un à l'autre, dans un mariage harmonieux. Et j'aime le petit air sérieux qu'il prend lorsqu'il m'explique les partitions et défile ses mains sur l'immense piano ivoire.
Au bout d'un moment c'est de nouveau à mon tour de m'y essayer . Il me fait signe de m'assoir sur le tabouret prêt de lui. Mes jambes effleurent les siennes, mal à l'aise je me décale légèrement. Je pose mes mains sur les touches froides du piano et essaie de reproduire les deux lignes de partition qui me font face.
Je réessaie et réessaie mais je n'arrive toujours pas assimiler les notes de la partition à celle du piano. Je souffle exaspérée, je ne pensais pas que cela pouvait être aussi compliqué, les quelques morceaux que je connais je les ai appris en regardant des vidéos sur internet et en en mémorisant les notes j'arrive à les reproduire. Élio s'aperçoit de mon exaspération, je sens son regard peser sur moi, ce qui me met une pression supplémentaire. Il prend alors ses mains et les poses aisément sur les miennes.

-Je vais te montrer. On va le faire ensemble.

Je suis vraiment gênée mais en même temps avoir ses mains sur les miennes me procure un sentiment d'apaisement. Délicatement il guide mes mains délicatement sur les notes et de suite cela semble plus mélodieux. Nous répétons cela plusieurs fois. Il me regarde ensuite et tout en gardant ses mains sur les miennes me dit :

-Voilà tu vois c'est beaucoup mieux comme ça.

J'acquiesce mais il continue de me regarder dans les yeux et intensifie son regard. Nous restons quelques instants comme cela à nous regarder et un instant il baisse son regard et semble s'arrêter sur le bas de mon visage. Sérieusement est-ce qu'il fixe mes lèvres là ?
Finalement je baisse le regard et mets un terme à ce moment en regardant mes mains et fais mine de regarder l'heure sur ma montre pour me sortir de l'embarras.

-Il se fait tard je devrais y aller.

Il est 17 heures passées et il est vrai que je devrais rentrer. Ma remarque semble l'extirper de ses pensées. Il semble à la fois frustré et satisfait de lui comme à son habitude.

-D'accord, je vais te raccompagner alors.

Aussitôt je me lève, instaurant une distance entre nous. Je bois le fond de mon verre d'eau histoire de rendre le moment plus gênant qu'il ne l'est déjà. Il se lève à son tour et nous nous dirigeons en direction de la porte, en silence, ce qui accentue le malaise entre nous.
Nous montons dans sa voiture et nous mettons en route.

-Merci en tout cas, c'était intéressant, très intéressant en fait. Lui dis-je.

-Très intéressant vraiment ? On parle bien des partitions là ?

-Oui c'est vrai que c'est assez ennuyeux et déprimant surtout de voir à quel point c'est un travail de longue haleine.

-Oui exactement. Mais si cela ne t'a pas traumatisé alors c'est parfait. Ça veut dire que tu vas vouloir revenir alors ?

-Heu oui. Enfin je ne voudrais pas m'imposer bien sûr.

-Tu ne t'imposes pas et puis il me semble que c'est moi qui t'es proposé.

-C'est vrai. Répondais-je timidement.

-Ça signifie que tu reviens samedi prochain alors ?

-Oui, d'accord.

Il me regarde avec un sourire et se reconcentre sur la route.

-Je te ramène directement chez toi ?