Chapitre 36

16 5 0
                                    

Je me retourne et remarque que ce n'est que Baptiste, pour une fois j'aurais voulu que Élio me retienne mais il n'en fait rien et je ne suis franchement pas d'humeur à avoir une discussion avec Baptiste, surtout pas après ce qu'il s'est permis de faire, alors je l'ignore.

-Hope, s'il te plaît attends.

Il me rattrape et se met à marcher à mes côtés.

-Je suis désolé. Je reste sûr que la meilleure chose à faire et que tu ailles lui parler mais je n'aurais pas du te l'imposer.

-Comme tu dis.

Une minute s'écoule, il réfléchit et semble choisir ses mots avec précaution certainement de crainte de me froisser plus que je ne le suis déjà.

-Est-ce que tu me fais encore la tête ?

Je me tourne vers lui et quand je tombe sur ses yeux bleus me suppliants, je ne peux que céder. Il se sent sincèrement mal, je ne peux pas en douter, ni douter de ses intentions qui à l'évidence n'étaient pas malveillantes mais plutôt maladroites. 

-Non, c'est bon.

-Merci Hope. Encore une fois je suis vraiment désolé. Et pour me faire pardonner je te raccompagne chez toi enfin bien sûr si tu n'y vois pas d'inconvénients.

Je lui fais signe que non et nous marchons tandis que comme à son habitude Baptiste, me raconte les derniers potins du conservatoire.
Une fois arrivés chez moi, je le salut après lui avoir assuré que je ne lui en veux définitivement plus et rentre chez moi.

Une fois dans ma chambre, je tourne en rond, je ressasse les paroles de Élio "Je suppose que tu n'as donc plus besoin de mon aide pour des cours.". Ces paroles me hantent et s'ancrent un peu plus en moi à mesure que j'y pense. Certes je n'avais plus aucune intention de me rendre chez lui pour les cours enfin si j'ai encore beaucoup à apprendre mais après cette énième humiliation samedi, je préfère sacrifier mes cours et préserver ma dignité. Mais lui que souhaite-il, souhaite-il vraiment cela ? C'est une question avec laquelle je ne devrais pas me tourmenter car la réponse se trouve là, sous mes yeux, Élio ne ressent rien pour moi sinon il m'aurait rendu mon baiser et ne m'aurait pas laissé partir alors que je lui dévoilais mes sentiments. Malgré toutes ces évidences, je ne peux m'empêcher d'espérer, encore et encore...je crois bien porter mon prénom et donc j'en viens à le détester, sérieusement, je n'aurais pas pu m'appeler Jeanne ou Margaux enfin tout sauf mon plus gros défaut, l'espoir...Hope. Pour mettre un terme à mes pensées toxiques je me tourne vers mon piano et sans prendre le temps de réfléchir, m'y empresse pour y faire courir mes doigts. Je maîtrise  presque toutes les notes de la sonate désormais mais le rendu ne m'est pas aussi satisfaisant que tout à l'heure, peut-être la cause était sa présence, son aura qui planait dans l'air et qui apporter cette touche divine et unique au morceau malgré la peine et la rage qui en ressortait. Alors je recommence et cette fois je pense à ces sentiments, tous ces sentiments qui me traversent, me bousculent, qui déchirent mon coeur et je les retranscris par l'intermédiaire des touches. De suite le morceau est mieux, plus harmonieux, plus sincère. À mesure que je pense et joue cela s'améliore, alors je repense à notre première rencontre qui me submerge de colère ainsi l'air de la chambre devient lourd et pesant. Puis je pense à notre seconde rencontre au conservatoire, plus cordiale et chaleureuse, apportant du confort à ma balade musicale. Ensuite je revois ses mains posées sur les miennes, sur le piano et je laisse place à la tendresse et la douceur de ce geste, cela apporte de la souplesse à mes mains qui se baladent sur les notes. Puis nous deux dans cette chambre, sa chambre nous disputant et moi osant, l'embrassant, me rappelant ses chaudes lèvres pressées contre les miennes. Puis une seconde plus tard, je me retrouve face à un mur, une seconde fois en colère et honteuse, mon jeu de main change instantanément revenant à notre point de départ, cette atmosphère lourde de tristesse de colère et de déception. Tout ce bout de chemin pour rien, pour en revenir où nous en étions. Lorsque le morceau touche à sa fin je reviens à moi peu à peu, émergeant de cette hypnose,  j'halète de colère, de déception et laisse couler une larme le long de ma joue alors que je tente de reprendre le contrôle de mon souffle et de mes émotions. Penser à lui a réveillé mes sens, la délicatesse de sa peau, la douceur de ses lèvres, son parfum envoutant, invitant mon corps à l'exaltation. Je m'en veux de me tourmenter, je devrais cesser d'y penser, passer à autre choses, mais je n'aurais jamais cru cela si compliqué. Peu de choses ce sont passées entre nous, en réalité rien ne sais passé, j'ai vu trouble et cru en une attirance qu'il ne me portait pas et me suis laissé avoir par des sentiments que je ne devrais plus ressentir. Il faut que j'arrête maintenant de penser à lui, j'y compte réellement. 

Alors que j'essaye de libérer mon esprit, mon téléphone vibre sur mon bureaux, signe que je viens de recevoir une notification. Ni une, ni deux je bondis de mon tabouret et me précipite en direction du bureau. Peut-être est-ce un message de Élio. Le voudrais-je ? Bon sang, deux secondes, deux minuscules secondes, c'est tout ce que je peux faire, je peux m'abstenir de penser à lui seulement deux secondes, je suis plus éprise pour lui que ce que je pensais. Sérieusement, il faut que j'arrête ça et tout de suite, Élio doit quitter ma vie. 



HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant