Chapitre 34

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Lundi et mardi ont été longs et compliqués, un vrai supplice. Je pensais que cette douleur aiguë que je ressens en moi s'atténuerait, mais ça n'a été aucunement le cas, au contraire elle s'accentue et je continue à la cultiver. Comment puis-je être aussi mal pour quelqu'un qui ne ressent rien pour moi, pour une personne que je trouvais arrogante et aussi détestable que Élio. Je n'ai jamais connu l'amour, mais si c'est à ça que rime l'amour, à de la douleur et du désespoir alors pourquoi en en font-ils une si belle éloge. Comment ai-je pu ressentir autant d'ardeur pour un garçon comme lui, destructeur, et comment puis-je encore en avoir. Cette douleur ne s'atténue pas car ma passion pour lui est toujours là et je ne sais même pas si j'essaie de m'en débarrasser, peut-être continuais-je éperdument d'espérer en un garçon qui n'espère rien de moi. Voilà à quoi ont rimé ces deux derniers jours, à des questionnements, des incompréhensions, de la douleur et...des larmes. J'ai essayé au mieux d'éviter ce sujet sensible avec les filles et je suppose qu'elles ont compris étant donné qu'elles ne m'en ont pas reparlé et je leur en remercie.
Aujourd'hui après les cours je ne prends pas la peine de rentrer chez moi pour manger avant de me rendre au conservatoire car je sais parfaitement que je ne toucherais pas à mon repas. J'espère que Denise ne verra pas d'inconvénients à me voir arriver plus tôt. Sur le chemin je croise Baptiste, qui fut étonné de me voir me rendre au conservatoire si tôt.

-Comment ce fait-il que tu sois là de si bonne heure ?

-J'avais besoin de me vider la tête.

-Qu'est-ce qui ne va pas ?

-Rien...de particulier.

Instantanément il s'arrête et m'attrape le bras pour que j'en fasse de même. Je m'arrête et regarde mes pieds, je n'ai pas la force d'en parler même si je fais confiance à Baptiste mais comme pour m'obliger à en dire plus, celui-ci relève mon menton délicatement de ses doigts.

-Écoute Hope, je te connais suffisamment pour savoir que tu ne vas pas bien, toi qui habituellement es toujours d'humeur joyeuse. Que ce passe-t-il , tu peux m'en parler.

Voyant que j'hésite à répondre il reprend.

-C'est à propos de Élio ?

Bon sang comment font-ils pour tous lire en moi si facilement ? Baptiste se rend compte qu'il dit vrai lorsque mes yeux, instantanément se plongent dans les siens.

-Racontes moi tout.

-Nous nous sommes en quelque sorte fâchés samedi à la soirée et moi, comme la naïve fille que je suis, la seule chose que j'ai trouvé à faire, c'est de....

-De ? Reprend-il.

-De l'embrasser, révélais-je la tête baissée.

-Oh, je vois. Et lui qu'a-t-il fait ?

-Rien, absolument rien, il m'a simplement laissé partir.

-Je pense que tu devrais lui dire ce que tu ressens Hope.

-Non, c'est hors de question !

Voyant que je m'emporte légèrement, je me ressaisie.

-J'ai été assez bête pour penser qu'il pouvait ressentir quelque chose pour moi et ce baiser m'a prouvé que ce n'était pas le cas. Je me suis sentie bête mais je ne suis pas assez bête pour recommencer.

-Hope...

-N'insiste pas Baptiste s'il te plaît.

Il respecte et nous continuons en direction du conservatoire.

Lorsque 5 minutes après nous y arrivons, nous entrons et tandis que Baptiste pars en direction de sa salle, je m'avance vers l'accueil pour demander à informer Denise de ma présence. De là, le secrétaire m'indique le bureau de Denise qui se trouve dans une aile où je nettoie régulièrement des bureaux. Lorsque j'arrive devant la porte, celle-ci est ouverte, je me poste dans l'embrasure de la porte afin que Denise me remarque.

-Bonjour Hope. Tu t'es trompée d'heure ?

-Bonjour, non du tout, en fait je me demandais si éventuellement je pouvais venir plus tôt si jamais vous avez besoin d'aide.

Je mens bien sûr, je souhaite seulement être épargnée du supplice qu'est d'essayer en vain d'avaler quelque chose à l'heure du déjeuner.

-Bien sûr, il n'y a pas de soucis, tu es toujours la bienvenue.

Ses paroles, sont accentué à son sourire franc, font chaud au peu de surface qu'il reste de mon petit cœur.

-Écoute, je vais t'énoncer le programme de la journée et tu n'auras qu'à aider à la préparation du hall d'entrée.

Je l'écoute attentivement me donner les consignes et sans perdre plus de temps, je me dirige dans le hall et aidée du secrétaire qui n'est pas des plus chaleureux, j'installe des panneaux afin d'indiquer aux potentiels futurs adhérents, les différentes salles de réunion. Une fois fini, nous nous rendons dans les salles où nous installons des brochures et autres papiers. Enfin dans une salle encore plus élégante et plus grande encore que le reste de la bâtisse, nous installons des petits gâteaux et flûtes de champagnes pour les parents et bien sûr des sodas pour les futures jeunes élèves qui nous rejoindront. Aidés d'autres professeurs de musique, Baptiste et notamment Cassandre et Morgan à m'a plus grande déception, nous finissons notre tâche aux alentours de 12h30. D'ailleurs, les adhérents ne vont pas tarder étant donné que le conservatoire ouvre ses portes à partir de 13 heures. Alors que je prends une légère pause, seule dans mon coin en attendant les adhérents que je suis censée accueillir, Denise m'interpelle.

-Hope, je sais que je t'avais dit que tu t'occuperais de l'accueil mais j'ai besoin d'une deuxième personne sur le stand des cours de piano et j'ai entendu dire que tu en jouais. Mon second professeur nous a fait faux bond et j'ai vraiment besoin de toi. En revanche cela implique que tu restes plus longtemps est-ce que tu n'y vois pas d'inconvénients. Oh bien sûr cela compte comme des heures supplémentaires, me lance-t-elle, accompagné d'un clin d'œil.

Instinctivement mon regard se tourne vers Baptiste au fond de la salle, le regard malicieux et je vois tout à fait ce qu'il a manigancé. Je n'aimerais pas lui donner satisfaction mais je sens que Denise compte vraiment sur moi, je n'ai aucunement envie de la décevoir ni passer à côté d'un bonus sur ma paye alors j'accepte.
Mais alors que je m'apprête à lui répondre, le secrétaire s'avance et s'adresse, agacé à Denise.

-Cette jeune fille était censée m'aider pour l'accueil.

-Pas de soucis Guillaume, tu t'en sortira très bien tout seul, lui lance-t-elle, avec un grand sourire qu'il ne lui rend pas.

Après avoir affirmer à Denise qu'elle pouvait compter sur moi, soulagée, elle quitte la pièce, tandis que je m'empresse, déterminée en direction de Baptiste.

-Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?

-Fais quoi ?

-Avoir dit à Denise que je jouais du piano, ne le nies pas je sais ce que tu essais de faire.

-Et alors, je n'ai pas raison ? Hope, ne m'en veux pas mais tu dois vraiment discuter avec Élio, je pense que ça te ferais du bien.

C'est bien ce que je pensais, Baptiste a volontairement dit à Denise que je jouais du piano pour me retrouvé au stand avec Élio.

-Me faire du bien, me retrouver pendant des heures avec la dernière personne que j'ai envie de voir, cette même personne qui se joue de moi...

J'ai du mal à prononcer ses dernières paroles et je sens les larmes me monter aux yeux, je détourne alors légèrement la tête, les yeux rivés vers le sol.

-Ne me fais pas la tête Hope s'il te plaît, je fais ça pour toi, pour t'aider.

-Tu penses faire ça pour moi mais tu te trompes, tu ne sais même pas ce que j'aimerais et tu te permets de faire des choix à ma place et de m'imposer cette situation, tu fais tout le contraire de m'aider, ce n'est pas ce que ferais un ami.

Je ne lui laisse même pas le temps de répondre et pars précipitamment de cette salle qui me semblait rétrécir à mesure que je m'y engouffrais. J'en veux à Baptiste de prendre des décisions à ma place, je pensais que nous étions amis. Enfin comme je pensais être amie avec Élio mais visiblement ils n'en sont pas. Alors que 13 heures approche, je suis donc contrainte de me rendre en direction du stand de piano.

HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant