Hope

Chapitre 35

Alors que j'arrive dans la salle, celle où se déroule habituellement les cours de piano, je ne fus pas surprise d'y trouver Élio, positionné derrière la table où nous avons déposé les brochures. Je reste là, à l'entrée sans avoir la force d'entrer dans cette pièce, qui me parait maintenant très petite et intime. Ce que je ressens en le voyant est étrange, ce n'est même pas de la colère mais simplement de la déception et malgré cela je reste là, à observer ce garçon avec passion. Je suis pathétique, je m'accroche encore, mais avant qu'il puisse me voir l'observer et lui donner satisfaction, j'entre dans la pièce. De là il remarque ma présence et tourne la tête en ma direction, mais il se reconcentre rapidement sur ce qu'il faisait. Il n'y a encore personne dans la salle, seulement nous et ce malaise qui plane dans l'air. Je m'avance encore et me positionne derrière la table.

-Salut, me dit-il sans même me regarder.

Je suis contente qu'il me salue le premier, je n'aurais pas eu la force de le faire, je lui rends donc son salut par politesse. Je prends une brochure et fais mine de me plonger dans sa lecture même si en fait je ne lis pas vraiment. Heureusement, après avoir lu toutes les brochures qui se trouvaient sur la table, certaines personnes commencent à s'aventurer dans l'atmosphère rageuse de la salle. Un père et son fils qui semble avoir aux alentours de 8 ans, entrent et s'approchent de nous timidement en commençant à observer les brochures. Je laisse Élio parler, après tout, c'est lui qui donne des cours, pas moi.

-Bonjour, je peux vous renseigner ?

Lorsqu'il s'adresse aux personnes, il est si chaleureux et tellement sûr de lui, c'est comme une sorte de personnage, il n'est pas lui-même et tant mieux sinon personne ne s'inscrirait mais sa capacité à changer de façon d'agir et d'être et tellement naturelle chez lui. Est-ce cela qu'il a fait avec moi, être quelqu'un d'autre, être une personne attirante pour que je me perde en lui et qu'après ça il me lache et me repousse ?

-Oh je ne sais pas trop, mon fils est assez indécis, il souhaiterait jouer d'un instrument mais il ne sait pas encore lequel. Le piano te plairait mon chéri ? Lui dit-il en s'adressant à son fils, mais le petit garçon ne semble toujours pas décidé.

Tandis que Élio et le père du petit garçon discutent de certaines modalités des cours, le petit garçon semble s'impatienter, je décide donc de m'approcher de lui afin d'en savoir plus sur son envie de jouer d'un instrument.

-Comment est-ce que tu t'appelles ? lui demandais-je en m'abaissant légèrement à son niveau.

-Hugo, me répond-il, timidement.

-D'accord Hugo. Dis moi, pourquoi souhaites-tu jouer d'un instrument ?

-Je ne sais pas...

-D'accord. Tu es timide, hein ?

Il hoche la tête, les joues rougies.

-Tu sais ce que je pense moi ? Je pense que jouer d'un instrument est parfait pour toi, parce que cela te permettrait d'extérioriser tes sentiments dire ce que tu penses à travers le langage universel de la musique. Tu sais, la musique ne peut rien dire mais cependant elle peut tout exprimer. Alors peut-être toi qui est timide et à du mal à t'exprimer peut-être pourrais-tu le faire à travers le piano. Tu vois moi je joue un peu de piano et je sais que cela me permet d'extérioriser mes sentiments sans vraiment les révéler, tu finis par créer un lien avec cet instrument qui devient un peu comme un carnet secret tu vois.

Il fait signe qu'il comprend et je l'espère car je me rends compte que mon vocabulaire était peut être un peu trop compliqué pour lui, en tout cas j'ai réussi à capter son attention. Et quand je me relève pour observer Élio et le père du jeune garçon je vois que les deux m'observent attentivement. Maintenant c'est à mon tour de rougir.