Chapitre 22

26 5 0
                                    

Mercredi, en me rendant au conservatoire pour travailler, j'espère sincèrement pouvoir y croiser Élio qui y donne des cours ce jour-là. Lorsque j'arrive je suis gentiment accueillie par Denise qui m'indique le travail à effectuer qui est légèrement différent de d'habitude, je dois nettoyer la salle de pause et ensuite m'occuper de salles de cours. Après avoir posé mes affaires et m'être attachée les cheveux avec une pince, je me rends en salle de pause dotée de mon fidèle balai et tout ce qui va avec. Lorsque j'entre dans la pièce, je manque de m'arrêter net lorsque j'aperçois les deux femmes de la dernière fois près de la cafetière en train de se faire couler des cafés. Franchement il fallait vraiment qu'elles soient là ces deux-là. Par politesse je leur lance un bonjour auquel sans surprise elles ne répondent pas. Je décide donc de les ignorer et de me mettre au travail. Mais impossible de faire comme si leurs messes basses et leurs sourires moqueurs n'existaient pas. Elles sont appuyées contre le plan de travail, près de la cafetière alors que je nettoie l'autre extrémité du plan de travail mais lorsque j'arrive à hauteur de la cafetière celles-ci ne semblent pas se décaler pour me laisser travailler et me regarde d'un air décidé.

-Excusez-moi, pourriez-vous vous décaler s'il vous plaît ?

Malgré mon plus grand sourire elles ne bougent pas d'un centimètre, se tournent l'une vers l'autre et se mettent à rigoler en choeur. La blonde se tourne ensuite vers moi et de son regard bleu océan me  laisse entrevoir les sombres abysses. Tout en continuant de me regarder de son regard noir elle apporte sa tasse de café du plan de travail et y renverse le reste de son café.

-Oups, me lance-t-elle.

Je me contiens intérieurement, ces filles m'insupportent, je ne comprends vraiment pas ce qu'elles me veulent. Elles commencent à quitter la pièce en rigolant et finalement je leur demande :

-Je peux savoir ce que vous avez contre-moi ?

Elles semblent surprises et se retournent de façon parfaitement identique. La brune s'avance vers moi et je commence sincèrement à regretter ma question.

-Écoute chérie c'est ça quand on se tape un mec pour son argent, c'est ce qu'on appelle...comment on appelle ça déjà ?

Elle se tourne vers sa copine qui répond :

-Une fille facile.

-Oui c'est ça, une fille facile et encore si on reste polie étant donné ton jeune âge. Et il se trouve que les filles faciles nous, on les aime pas.

-Je ne comprends pas de quoi vous parlez.

Sérieusement ces filles s'acharnent sur moi et c'est tout ce que j'arrive pas à dire.

-Oh tu comprends pas ? Je te parle d'Élio, fais pas l'innocente, on t'a vu partir avec lui, dans sa Porsche.

Je ne sais pas quoi répondre, même si me justifiais elles ne m'écouteraient pas. Elle insiste sur le dernier mot et satisfaites elles quittent la pièce en me lançant un dernier regard. Une fois que la porte claque je ne peux retenir mes larmes. J'attends une minute, là, à pleurer et quitte ensuite précipitamment la pièce qui me semblait si étroite et confinée désormais.

Je me dirige vers la sortie pour prendre l'air et ne prends même pas la peine de me préoccuper de Dénise qui n'apprécierait pas que je quitte le travail de cette façon. Leurs paroles me blessent surtout que je n'ai rien fait et que je n'ai rien à voir avec la fille qu'elles décrivent. Lorsque j'arrive à hauteur de la porte d'entrée une main me retient, je me retourne et tombes face à Élio. Bien sûr il fallait que ce soit lui.

-Qu'est-ce qui ne va pas Hope ?

-Rien laisses moi.

Mon ton est sec et froid. Je me libère de son emprise et me dirige dehors. Une fois sortie, l'air frais me fait du bien mais n'est pas suffisant pour me faire oublier leurs sales paroles. Je ne m'étais pas rendu compte qu'Élio m'avait suivit mais c'est lorsqu'il s'adresse à moi, que je me rend compte de sa présence.

-Hope dis moi.

Je ne lui réponds pas, je ne peux pas. Je ne suis pas apte à lui répondre et je ne sais pas ce qu'il penserait de tout ça. Mais il insiste.

-Hope vraiment, je n'aime pas te voir comme ça.

Est-ce qu'il le pense vraiment, est-ce que ça lui fait de la peine de me voir si fragile. Je sens qu'il me regarde mais moi je ne peux pas et me contente de fixer mes pieds. De sa main il relève mon visage pour plonger son regard dans le mien.

-C'est rien, crois moi, lui répondis-je.

-Je ne peux pas te croire, tu es dans tous tes états.

-C'est juste que ce sont ces filles...

-Attends tu parles de Cassandre et Morgan ?

-Je ne sais pas, c'est une brune et une blonde.

-Oui ce sont elles. Dis moi ce qu'elles t'ont fait.

J'hésite, même si ce sont elles qui m'ont dit ça, je me sens honteuse de le répéter à Élio. Mais de son regard il me supplie de poursuivre et j'aime la patience dont il fait preuve, me laissant mon temps pour trouver le courage de lui répondre.

-Elles ont peut-être insinué que j'étais une fille facile. Non en fait elles l'ont affirmé.

-Quoi mais c'est absurde, pourquoi diraient-elles des choses pareilles sur toi ?

-Parce qu'elles m'ont vue partir avec toi en Porsche samedi. Elles pensent donc que je traine avec toi pour ton argent.

Il paraît étonné, en colère même mais se reprend vite pour me répondre. 

-Écoute, ses filles sont idiotes de te juger pour si peu, surtout qu'elles ont 25 ans et que tu en as seulement 18, c'est trop facile pour elles. Ce sont des commères elles ne savent faire que ça, laisses tomber tu veux, elles n'en valent pas la peine. Et si ce que je peux penser te préoccupe et bien saches que je sais que tu ne traines pas avec moi pour l'argent d'accord ?

Je hoche la tête et reprends peu à peu mes esprits, ses paroles m'apaisent.

-Écoutes tu devrais rentrer chez toi.

-Mais je n'ai pas fini ma journée.

-Je m'occupe de Denise t'inquiètes pas.

Après avoir bataillé pour lui affirmer que je pouvais finir ma journée, il ne me laisse pas le choix et part négocier avec Denise pour que je puisse rentrer chez moi, en revanche je lui fis promettre de ne pas lui parler de cet incident. En revenant il m'affirme que Denise à accepter, ce qui me soulage, mais je dois éviter que cela se reproduise, je dois absolument garder ce travail, c'est important pour moi.

-Qu'as-tu dis à Denise pour qu'elle accepte ?

-Que tu ne te sentais pas bien.

-J'espère que ces filles ne t'ont pas vu te battre avec Denise pour m'accorder ma journée sinon cela ne ferait qu'accentuer ce qu'elles pensent de moi.

-Hope je m'en fous de ce qu'elles peuvent bien penser tu devrais faire pareil et arrêter de t'attarder sur ce que les gens peuvent penser de toi.

Il a raison mais la confiance en moi ne fait pas partit de mes qualités. Je marche en direction de chez moi et Élio me suis, il m'affirme que ça ne le dérange pas et qu'il n'a pas de cours de prévue. Je sais qu'il ment et qu'il y a certainement un enfant qui l'attend au conservatoire pour un cours, mais je me sens mieux avec lui à mes côtés et j'ai l'impression que cela devient une habitude. J'ai peur de ce que je peux ressentir pour lui, ce garçon que je connais à peine.

Lorsque nous arrivons devant chez moi, il s'arrête et se tourne vers moi.

-Est-ce que ça va mieux ?

-Oui merci. Merci pour tout.

-Ne me remercies pas.

Nous nous observons un instant puis il rompt le silence.

-Je dois y aller.

Simplement. Je hoche la tête et regarde s'éloigner petit à petit, le garçon pour lequel je commence à developper des sentiments.

HopeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant