Prologue | Survivante

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Vous êtes-vous déjà demandés pourquoi devions-nous constamment commencer une histoire par son début ? Pourquoi avions-nous l'obligation de nous embêter à raconter là où tout a commencé, alors que l'on connaît déjà le fin mot de l'histoire ? Vous ê...

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Vous êtes-vous déjà demandés pourquoi devions-nous constamment commencer une histoire par son début ? Pourquoi avions-nous l'obligation de nous embêter à raconter là où tout a commencé, alors que l'on connaît déjà le fin mot de l'histoire ? Vous êtes-vous déjà posés la question de ce que représentait réellement un début ou bien une fin ? Quel genre de règles nous obligent à initier par un prologue plutôt qu'un épilogue ?

La logique, vous me direz.

Et dans ce cas je vous répondrai : très bien, je n'ai jamais été quelqu'un de logique. Et ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer...

Cours.

Mes pieds foulent le sol à une vitesse que je ne saurais contrôler.

Ne t'arrête pas.

J'accélère en perdant mon souffle dans la foulée.

Plus vite putain.

Mon cœur s'affole, ma bouche s'assèche.

Il va t'attraper.

Je sais putain, je sais !

Trop tard...

Je me retourne à peine, incapable d'apercevoir ses mains se refermer sur ma taille. Simplement avancer, continuer et courir, courir, courir encore. Il est si près. Je le sentirais presque. Son regard. Son odeur. Sa peau. Ses doigts.

Est-ce sa respiration que j'entends contre moi ?

Trempée, je dépasse la lisière pour m'engager dans le bois. Déboussolée, j'en oublie la douleur, les ronces qui s'enfoncent dans ma chair, les branches qui m'obscurcissent la vue avec la fervente volonté de me rendre aveugle.

Cours putain, ne pense à rien !

Il hurle mon prénom. Il s'envole dans la nuit. Me revient en pleine tête comme un lointain écho destructeur. Les feuilles me ralentissent. L'obscurité aussi. Il approche. Je me laisse glisser en contrebas, avant de reprendre ma course effrénée contre la montre.

Tu sais qu'il finira par t'attraper.

Je secoue la tête, il ne m'aura pas. Pas encore. Plus jamais. Ses pas semblent s'éloigner, est-ce un rêve ? Un mirage irrationnel, ou un vœu empoisonné ? A-t-il changé d'avis ? Non. Il doit m'attraper. La peur me noue le ventre, vacillante contre un tronc, je reprends un semblant de vie. Une respiration. Rien qu'une, je vous en prie.

Cours, cours, cours et ne t'arrête pas !

Je lui obéis, en quête d'une troisième chance. Cette voix m'a sauvé la vie. Elle m'a poussée à survivre. Elle est ma chance. J'avance à reculons, à l'affût du moindre bruit. Je le verrai arriver, il n'y aura plus de surprises.

Il n'y a pas de surprises lorsqu'on connaît le scénario.

Je dépasse le canal, trébuchant dans ses courbes, victime de ses reliefs alors que sa voix me hurle de continuer. Nos regards se croisent, une dernière fois. À peine relevée, je l'entends chuter. Ses hurlements glacent mon sang et figent mon cœur, immobilisant mon être tout entier par ce châtiment macabre qui nous attend.

Maintenant.

Le coup est rapide, la pierre efficace. Les couleurs d'été se teintent de lueurs automnales, le flou s'instaure autour de moi. Comme un épais nuage de fumée noire qui me prend la gorge, je chancelle sur le côté et m'écrase sur le sol. Abasourdie, presque évanouie, je reconnais son sang danser contre ma peau en même temps qu'une centaine de tâches dorées sur mes rétines. Je gémis comme si c'était ma tempe qui fondait contre la pierre, comme si c'était moi qui mourais rouée de coups. Ils s'enchaînent, s'écrasent, me coupent le souffle. Ils déchirent tout, entrailles et visage, jusqu'à propulser je ne sais quoi sur mes propres membres, m'arrachant un long cri de détresse.

Ne jamais crier.

Son regard assassin croise le mien. Tremblante de la tête aux pieds, je m'arrache la lèvre en la serrant trop fort entre mes dents. Comme un instinct animal venu d'ailleurs, la mort aux trousses et l'esprit possédé par la démence, j'agrandis la distance entre ce monstre et moi, l'expression prendre ses jambes à son cou semblable à un hypocrite euphémisme. Je m'élance jusqu'au fossé, seul et unique salut, ses pas en approche, son souffle contre ma nuque, ses mains meurtrières m'agrippant presque. Bombe à retardement. Mes pieds rencontrant enfin le bitume, mes lèvres s'entrouvrent pour hurler aussi fort qu'il m'est possible, le cauchemar perpétuel qui m'asphyxie et m'emportera pour sûr.

Le bitume ? Hein ?!

Je relève la tête paniquée, au milieu d'une route qui n'a jamais existé, vers ces deux phares glorieux me visant toute entière. Et avant même de saisir une dernière respiration, avant même d'avoir l'occasion d'offrir à mon corps une ultime inspiration, la voiture me poignarde violemment, m'envoyant mourir dans mes plus obscurs songes.

Si seulement les choses avaient été différemment organisées, si seulement ma vie n'était qu'un minimum orchestrée. Jamais tout cela ne serait arrivé, ma sœur pourrait de nouveau respirer, jamais je n'aurais sombré.

Tout ça à cause d'un putain de reflet dans ce miroir.

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Hey ! Nous y voilà !

Le prologue est enfin en ligne, après des mois et des mois d'attente, je suis fière de vous présenter le commencement de ma nouvelle histoire !

Enfin le commencement... C'est une façon de le dire !

La course contre la montre est lancée du côté de mes personnages, et je me doute que le rythme, le vôtre comme le mien a dû être soutenu ! (du moins, je l'espère !) 

C'est avec "joie" que cette scène ouvre ce nouveau roman, découpé en trois parties, qui je croise les doigts, saura vous emporter au cœur des mésaventures de Maddy, Madeleine et Hugo. 

Qu'en avez-vous pensé ? Tout cela vous a-t-il plu ?

Je suis toute tremblante à l'idée d'avoir vos premiers retours, j'avais oublié ce que ça faisait de stresser quand on publie !

On se retrouve vendredi prochain à 18h30 pour le premier chapitre !

Des bisous, Lina.

Des bisous, Lina

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Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant