Chapitre 12 | Pleurer les morts ne sert à rien

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« — C'est comme partir en voyage sans même bouger de ton lit, je t'assure, murmure-t-il en me tendant un sachet au contenu inconnu

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«  C'est comme partir en voyage sans même bouger de ton lit, je t'assure, murmure-t-il en me tendant un sachet au contenu inconnu.

Je le fixe au creux de ma paume, petit baluchon empoisonné livré depuis quelques heures, sans arriver à prendre de décision. Rien ne m'y oblige, mais je suis réticente à l'idée de perdre le contrôle.

Je pourrais faire semblant, pensé-je. Mes voyages à moi se font grâce à la littérature, c'est amplement suffisant, non ?

 Je ne sais pas trop, bredouillé-je nerveuse.

Être raisonnable n'était peut-être pas dans mes habitudes, mais il y avait des limites. La drogue était de loin l'une de celle que je m'étais promis de ne jamais dépasser, semblable à une ligne rouge interdite à franchir.

Mes yeux retrouvent ceux de mon copain, brillant d'une certaine lueur d'excitation à l'idée de me faire découvrir son monde. Naïvement, je pensais encore pouvoir le sauver de ses sombres addictions, persuadée que mes mots auraient davantage de pouvoir que ces cochonneries qu'il enchaîne.

Oui, je savais mais je n'ai rien dit...

La peur de me perdre en route me noue sauvagement le ventre, tout comme celle de le perdre lui. Qui sait, peut-être qu'un jour il ne parviendra plus à retrouver son chemin et à me rejoindre ?

Je secoue la tête, définitivement convaincue.

 Pas cette fois, je suis désolée.

 Comme tu veux, je ne te forcerai jamais Maddy, sourit-il en embrassant ma tempe.

C'est bien vrai. J'ai malgré tout l'impression qu'il s'agit d'un bel effet de mode, de ceux empoisonnés qui aliènent tout le monde d'un seul coup. Baissant d'un geste prudent ma main contre la sienne afin de confisquer son passe-droit pour l'inconnu, je m'applique à coller amoureusement mes lèvres aux siennes, bercée par l'illusion qu'il deviendrait dépendant à mes baisers plutôt qu'à ses foutus opiacés... »

Les paupières closes et cet agréable cocon dans lequel je semble enveloppée sont des indices suffisants pour me faire comprendre la situation. Pas de douleurs immédiates, simplement ces dizaines de fines aiguilles qui viennent embêter mes paumes jusqu'à ce que je remue nerveusement les doigts. Sa voix arrive en un claquement de doigts jusqu'à mon esprit, aucun doute là-dessus, je suis déjà en train de revenir. Je le sens, je recommence à sentir chaque parcelle de mon corps, jusqu'à cette sourde sensation qui me compresse l'arrière du crâne.

C'est toujours à ce moment là qu'il faut revenir, tu le sais bien...

D'instinct, je positionne mes jambes comme on me l'a tant de fois répété, orientées vers le ciel pour régler moi-même cette mauvaise circulation sanguine.

Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant