Chapitre 29 | Mauvaise vie

99 14 81
                                    

Les ressors du matelas sont presque collés à mon nez

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Les ressors du matelas sont presque collés à mon nez. Ils pendouillent au-dessus de mon visage, sortant de ce tissu crade à la couleur repoussante. Je serre un peu plus la main de Luna, sans savoir si elle dort. De toute façon, je ne peux pas me retourner, on manque d'espace dans ce tiroir.

Je tends l'oreille vers la gauche. Un faible bruit résonne, signe de son endormissement. J'ai peur qu'elle finisse par s'étouffer, par agoniser dans un si petit espace. Pourtant, nous n'avons pas le choix. Ils pourraient nous retrouver.

Le médecin a dit que Luna était anxieuse, qu'elle devait dormir plus, alors il lui a donné des cachets pour. Je lui fais croire tous les soirs que ce sont des bonbons qu''elle doit glisser sous sa langue. Elle ne semble pas encore avoir compris la supercherie, peut-être même qu'elle ne le comprendra jamais.

Hier, je me suis senti bizarre toute la journée. Je crois que c'était mon anniversaire, et j'en serais sûr si j'avais le droit de regarder la date inscrite sur le calendrier dans le couloir de l'accueil. Mais maman refuse que l'on sorte, Luna et moi. Quand on franchit la porte, les autres personnes habitant ici nous demandent de l'argent sans raison. J'ai bien compris que nous n'étions pas les seuls à ne pas en avoir. Pour moi, c'est ce qui a poussé ces hommes à venir dans notre chambre l'autre soir.

Maman utilise tous les billets qu'on nous donne pour s'acheter des vêtements, enfin, c'est ce qu'elle dit. Elle baisse les yeux quand elle ne peut plus me donner de quoi nous acheter un goûter. Elle se rattrape souvent en me montrant son ventre des deux mains, justifiant qu'elle n'arrive plus à fermer son pantalon. Je n'aime pas vraiment quand elle jeter la faute sur le bébé qui pousse dans son ventre. D'ailleurs, je crois qu'elle essaye de le faire disparaître en secret. Sinon, elle ne dépenserait pas tout son argent dans des boissons qui la font marcher de travers.

Luna remue contre mon bras, faisant rouler le tiroir sur le côté. Depuis presque un mois, on se cache là-dessus quand maman s'en va le soir. Parfois, elle oublie de me donner les clefs de la chambre, d'autres, elle part avec sans fermer derrière elle. Alors je demande à Luna de dormir sous le lit avec moi, dans le tiroir qui se glisse dessous.

Par terre se dessine un trait de lumière, quelqu'un passe la porte. Je soupire lorsque je vois les talons rouges de maman s'emmêlent dans la moquette. Je nous sors de la cachette, et allume rapidement la lumière de la table à chevet.

— Tu m'as fait peur, grogne-t-elle.

— Il est tard, maman, chuchoté-je pour ne pas réveiller Luna.

— Qu'est-ce que tu en sais toi ? Tu n'es qu'un enfant. D'ailleurs, je crois que tu devrais dormir si c'est si tard que ça.

Ses mots ont du mal à sortir de sa bouche, ils se confondent. Ses yeux bleus sont plutôt rouges ce soir, comme la couleur de sa peur autour de ses lèvres, son maquillage a coulé.

Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant