Chapitre 30 | Cernée

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J'inspire un grand coup, laissant la vague étouffante se calmer et s'éloigner de moi

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J'inspire un grand coup, laissant la vague étouffante se calmer et s'éloigner de moi. La redescente est longue, langoureuse, et bouleversante à la fois. Je reprends mon souffle, me laissant retomber contre le matelas. D'ultimes larmes perlent aux coins de mes yeux, dégringolent contre mes tempes, et coulent dans mon cou désagréablement. J'expire, une main sur le ventre.

La panique diminue, mais me guette encore. Elle doit s'apercevoir de ma faiblesse, attendre le meilleur moment pour revenir à l'attaque. J'inspire. Ferme les yeux. Et ignore la douleur.

Le jour est déjà là. Je suis toujours instable, sentant mon corps tanguer vers la droite alors qu'il m'est impossible de tomber, de basculer, de disparaître. J'expire une nouvelle fois.

En me relevant, la terre recommence à tourner. Dans un geste timide, je regarde l'intérieur de mon bras, le souffle rauque. Ce n'est pas aussi moche que ce que je pensais, mes ongles sont moins longs que d'habitude, alors ils font moins de dégâts. Les petites plaies au-dessus de mon coude sont encore rougies, récentes. J'écarte doucement ma peau pour mieux évaluer la situation. Ça reste superficiel.

D'un revers de manche, j'essuie mes paupières et me mets debout. Dans la salle de bain, je frotte un gant de toilette contre ma chair, avec un peu de savon. Peut-être que ça suffira pour rester discrète. On dirait que j'ai traversé un champ de ronces.

Mais je n'ai fait que me battre avec moi-même.

— Maddy ? Tu peux descendre s'il te plaît ?

Sarah m'appelle depuis le rez-de-chaussée, d'une voix calme qui pourtant n'indique rien de bon. Je dépose mes lunettes sur le bout de mon nez pour cacher mes yeux brillants de douleur. Je me cache sous un pull, et descends comme demandé.

— Oui ?

Mon agacement est déjà perceptible, mais ce n'est pas le problème. Ma tutrice est debout à côté de la table à manger, une pile de feuilles à côté de sa main qui bat la mesure nerveusement.

— Qu'est-ce que c'est ? demandé-je en saisissant un prospectus.

— Ce n'est pas pour ça que je t'ai fait venir. Il faut qu'on parle.

Son ton est sévère, et ce n'est pas habituel. Elle n'est jamais aussi sèche, sauf quand il s'agit de Madeleine et moi. Même quand nous faisions des bêtises, rien ne semblait grave à ses yeux. Pourtant, elle est en colère, je le vois bien. Elle n'est comme ça que lorsque l'une de nous deux est en danger.

Que sait-elle ?

Je relève le papier à hauteur de mes yeux, comme pour disparaître. Je n'ai pas encore envie de me disputer, alors cette chose me servira d'échappatoire. Du moins, jusqu'à ce que je comprenne de quoi il fait la promotion.

— Attends, c'est quoi ça ? Pourquoi tu as des papiers sur l'université ?

— Tom les a pris pour toi, explique-t-elle, mais...

Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant