Chapitre 31 | Marionnette

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[Avertissement : ce chapitre contient des scènes violentes, destinées à un public mature et averti

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[Avertissement : ce chapitre contient des scènes violentes, destinées à un public mature et averti.]

— Espèce d'idiote.

Une seconde d'avance par rapport à la fois précédente. Deux de moins que celle d'avant. Mais cette prestation reste plus pointilleuse que la première.

Ce n'est sûrement pas en m'insultant à voix haute que je vais arriver à être en rythme. À l'être davantage.

Je passe dans quatre jours, et j'y arriverai d'ici-là. Tout est déjà suffisamment travaillé, il est pratiquement impossible qu'ils remarquent cette demi-seconde de trop. Tout ça, c'est entre moi et moi-même. Ce désir brûlant d'excellence, celui qui me donne des ailes et fait battre mon cœur plus fort.

Ces sessions en solitaire sont délicieuses. Aucun autre mot ne me vient en tête pour les décrire. Seule face au miroir de ma chambre, enfermée dans la bulle musicale que m'offrent mes écouteurs, je suis mon propre spectacle. Je suis dure avec moi-même, et il le faut. Le regard des autres ne me fera jamais le moindre cadeau, alors autant être un minimum préparée à recevoir ces coups.

Il faut juste trouver l'équilibre parfait.

Je souris, satisfaite de cette ultime répétition. Après les traditionnels étirements pour éviter toute mauvaise surprise demain au réveil, je quitte ce studio de fortune pour m'hydrater.

Détail que tu as oublié, ça fait trois heures que tu n'as rien avalé.

Je gère, ok ?

En fermant les yeux, je pourrais presque déjà m'imaginer au bord de la scène. Cette vision emballe mon cœur, le rythme de pulsations plus puissantes et généreuses, me colorant légèrement les joues. L'excitation est à son comble, mon ventre s'en tord de bonheur.

C'est presque effrayant.

Pieds nus, j'ignore la douleur que chaque pas me procure. J'oublie la décharge qui se généralise dans ma jambe droite, passe sous silence le poids qui alourdit ma hanche, ou encore la raideur qui tend mon dos. Mon art n'est pas clément avec moi, mais c'est le prix à payer. Le coût de ma renaissance.

Ce poison est l'élixir qui me maintient en vie.

J'imagine déjà mon costume, visualise la poussière virevolter devant les projecteurs braqués sur moi, ces milliers de particules qui formeront des étincelles devant me yeux. J'entends quasiment le bruit de mes pointes contre la scène, cette résonance unique et l'effet qu'elle aura sur moi. L'extase qu'elle me procurera. Retrouver mes concurrentes, gagner en assurance, montrer ce que je vaux réellement. Cette possibilité de me mettre à nu devant tous, et de me battre selon mes propres règles. Je serai chez moi, dans un univers qui ne gravitera qu'autour de mes mouvements, de mes envies, de mon commandement. J'aurai le pouvoir de suspendre les respirations, de garder les regards figés, d'absorber mon public au point d'en être inoubliable.

Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant