Chapitre 9 | Cœur de pierre

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L'étoile du berger est en train de se faire la malle

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L'étoile du berger est en train de se faire la malle. Impuissante, je regarde Venus se casser le gueule de mon système solaire, évaluant à vu d'œil au bout de combien de temps ma planète finira par s'échouer contre mon crâne. Allongée sur le dos à fixer le plafond galactique que nous avions créé tous les deux sous la voix délicate de David Bowie nous demandant une énième fois si oui ou non, il y avait de la vie sur Mars*, riant aux éclats parce que notre œuvre n'avait rien de logique, ni à l'échelle ni à la hauteur de ce que nous espérions. Comme ultime vestige de notre amour, dernier symbole de notre rencontre, cette voie lactée éclaire depuis plus d'un an mes songes, depuis que mon homme aux étoiles avait eu la bonne idée d'arriver les bras chargés de peintures et d'objets fluorescents.

Mes lèvres laissent passer un sourire nostalgique à l'entente de sa disquette, celle qui lui avait valu son premier contact visuel avec moi. Maladroit, mais tout sauf timide, dire à une fille qu'elle était sûrement le centre de l'univers en pleine étude du système solaire ne l'avait pas vraiment dérangé, malgré la bonne centaine de garçons qui avaient dû dire ça au moins une fois dans leur vie afin d'engager une conversation avec la demoiselle qui avait attiré leurs regards.

Son manque d'originalité ne m'avait en aucun cas gênée, je m'étais même surprise à rougir face à de tels propos. Si bien que cinq mois plus tard, alors que nos lèvres se dévoraient depuis plusieurs semaines en secret, il était venu concrétiser ses dires et former une énorme galaxie au-dessus de nos têtes pour que son compliment devienne vérité. Allongée contre mon matelas, l'univers était effectivement centré sur moi, et sur nous lorsqu'il s'allongeait encore à mes côtés pour me répéter combien il m'aimait.

À cet instant, mes cheveux attachés en deux couettes basses et le nez relevé vers notre art, je ne peux que sourire face à de si beaux souvenirs. Le revoir debout sur un tabouret afin de graver les paroles de ma chanson favorite du mieux qu'il pouvait sur ce plafond difforme me revient en tête. À peine vêtue, seulement du strict nécessaire pour ne pas attirer les regards pervers depuis le bord de la fenêtre, mes yeux se ferment un moment pour mieux sentir sa présence fraîchement dissipée.

« — On dirait un personnage d'animé habillée comme ça, chuchote-t-il le menton au-dessus de mon crâne.

— Hum... Quel genre ? demandé-je soudainement intéressée.

— Je dirai... Noire Neige.

— Tu dis ça uniquement parce que je l'adore ! répliqué-je en me redressant sur mes coudes. Je n'ai aucun point commun avec elle ! Pas de cheveux noirs, ni de regard sombre, je ne vois pas ce qui te donne de telles idées !

— Il y a d'autres aspects d'elle que je retrouve chez toi, nuance-t-il.

— Tu rigoles ! Cette femme papillon est si jolie que je n'ai même pas envie de lui ressembler. L'admirer me suffit amplement, crois-moi.

Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant