Chapitre 40 | Disque rayé

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Le drap me glisse entre les doigts une fois de plus

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Le drap me glisse entre les doigts une fois de plus. Je laisse échapper un soupir de frustration avant d'envoyer un petit coup de pied dans le sommier. Il n'y a pourtant rien de compliqué à coincer correctement un angle de tissu sous un matelas, alors pourquoi y passer d'aussi longues minutes ? Je tire rageusement sur la couverture pour cacher cette imperfection, ma patience ayant visiblement déjà atteint ses limites.

— On peut savoir pourquoi tu fais ton lit ?

Je sursaute comme une idiote au timbre de sa voix faussement accusatrice. Maddy est appuyée contre le ballant de la porte, bras croisés sur la poitrine et les yeux rivés sur moi.

— Je ne vois pas ce qui a de mal. Tu ne le fais jamais, toi ?

— Pas vraiment, non.

— Parfois j'oublie à quel point tu es bordélique.

Elle fronce le nez en une grimace peu élégante, avant d'esquisser un sourire narquois.

— Alors, pourquoi tu réagis comme si tu étais en train de faire une bêtise ?

— Pas du tout, tu te fais des films.

Je tape l'oreiller du plat de la main, tachant au mieux de l'oublier jusqu'à qu'elle-même se lasse de cette conversation vide d'intérêt. Ma sœur n'a jamais été adepte des bavardages immotivés, si elle est encore là, c'est qu'une idée lui trotte d'ores et déjà en tête.

— Vraiment ? Ça n'a rien à voir avec le fait qu'Hugo vienne passer le week-end ici ? Qu'est-ce que vous avez prévu de faire ? minaude-t-elle en faisant courir ses doigts sur l'édredon.

— Dehors !

Le coussin envoyé dans sa direction manque de peu sa cible, elle s'enfuit dans la minute qui suit. Les joues déjà rouges de honte, je termine de ranger en bougonnant. Déjà presque dix jours qu'elle est comme ça, alternant entre taquineries au sujet de l'espagnol et rejet complet de tout dialogue à son propos. Un tout ou rien sorti de nulle part que j'ai du mal à comprendre.

J'ai davantage de mal à la cerner depuis sa chute.

Peut-on vraiment dire que j'ai un jour réussi à le faire ?

Maddy n'a jamais été simple à comprendre, comme si elle n'était pas sûre elle-même de celle qu'elle voulait être. Un matin, elle peut se réveiller en adressant la parole à tout le monde comme si de rien, capable de passer du temps avec nous et même de sortir faire je ne sais trop quoi en ville. Puis, le lendemain, plus rien. Sa porte reste fermée comme si son comportement de la veille n'avait jamais existé. Il en va de même avec moi. Elle peut être complètement ouverte à la discussion à l'aide d'efforts démesurés qu'elle peine à masquer, pour ne plus vouloir croiser mon regard le jour suivant.

C'est un peu épuisant à suivre, un peu délicat pour s'adapter.

Elle a toujours été comme ça, rien de nouveau sous le soleil.

Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant