Chapitre 28 | L'accepter

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— Santé !

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— Santé !

Accepter que les coupes de champagne s'entrechoquent en un bruit festif sous les rires familiaux. Ce cocon ferait du bien à l'importe qui, mais je ne parviens pas à me détendre. J'ai l'impression que ma robe noire est trop serrée, que mes tantes ne quittent pas ma silhouette des yeux. J'ai beau virevolter entre les tables pour saluer tout le monde, je sens que ça ne suffit pas.

Il est presque 16h, et les restes de dinde viennent à peine d'être renvoyés en cuisine. Religieusement, je verse le blanc oublié et quelques cuillères de purée dans une assiette, avant de la laisser dans le frigo. Maddy aura sûrement faim lorsqu'elle émergera de son interminable nuit de sommeil.

Lorsque je regagne le salon, je ne perds pas une seconde à avaler ma coupe de champagne. Pas sûre que ça m'aide à tenir le coup, mais peu importe ma fatigue n'en sera pas guérie pour autant.

— Mais dis-donc toi ! s'écrie ma tante en me pinçant gentiment les hanches. Attention, tu sais bien où l'alcool se loge chez les jeunes filles.

Accepter que cette idiote qui ne sait pas de quoi elle parle me reluque de haut en bas.

Mes joues s'empourprent, comme si j'avais fait quelque chose de mal. Son air est taquin, mais j'ai bien vu qu'elle et sa femme ne cessaient de me regarder de travers. Elles jugent éternellement mes courbes, mes gestes, ma posture, en citant des magasins people qu'elles songent experts dans le mode de vie des jeunes filles. Tout ça, alors que sous leur nez, leur insupportable fils ressemble à un petit porcelet qui se goinfre de mignardises depuis son arrivée.

— Ne t'inquiète pas, ce n'est que du muscle, dis-je en caressant doucement mes hanches. Je m'entraîne dur, mon corps peut facilement supporter un ou deux repas de Noël semblables à celui-ci.

C'est faux, il serait sur le point d'exploser. A moins que ce ne soit mon état mental qui s'effondrerait en premier, qui sait ? Je suis constamment au bord de la ligne rouge.

Ma tante fait la moue, et je lui souris. Cette attitude ressemblerait presque à de l'arrogance, mais peu importe. Quoi que je dise ou fasse, tout sera rapidement répété et amplifié. Autant en finir vite.

— Elle est très bien telle qu'elle est, Brie ! Laisse-la tranquille, elle est jeune, s'impose Sarah d'un ton léger, pour faire taire sa sœur.

C'est une phrase de faibles. Si j'étais réellement si bien que ça, je ne me donnerais pas autant de mal pour avoir une apparence parfaite. C'est une phrase bateau d'une femme qui ne comprend pas, puisqu'elle a été gâtée par la nature dès sa naissance.

Mais elle reste bienveillante, je sais que ses sœurs l'insupportent autant que moi. De plus, elles n'ont pas leur terrain de jeu favori : Maddy. Absente, je reste leur principale cible.

En même temps, est-ce qu'elles n'auraient pas l'embarras du choix ? Qu'est-ce qu'il y a de bien chez toi ? Tu es une abomination.

J'entends mon portable sonner depuis l'étage, et me précipite pour aller le chercher, comme une belle excuse pour m'éclipser. Dans le couloir, mes pas se font plus légers. J'ose lancer un regard vers la chambre de Maddy, et constate qu'elle est bien réveillée.

Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant