Chapitre 26 | Bouffée d'oxygène chérie

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— Eh, gamin

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— Eh, gamin. Viens donc par ici.

Je replie ma manche gauche, avant de me redresser pour faire preuve d'assurance. Je slalome entre les tables avec l'élégance requise, avant de me présenter devant mon client.

— Je voudrais que tu me serves une bière de plus, à moi, et à mon ami Rick qui meurt de soif depuis un quart d'heure.

— La même que la précédente, ou une autre variété vous ferez ? réponds-je poliment.

— C'est qu'il parle bien, le gosse. C'est ta mère qui t'a appris à te tenir comme ça avec les hommes ?

Le reste de la troupe rit, pourtant je garde la tête haute. Ignorer ce que les autres pensent de nous représente mon passé comme mon futur, alors le faire à présent est d'une triste aisance.

— Je vous apporte la même chose, décrété-je avec un beau sourire de façade.

De retour dans le restaurant, je regarde l'heure d'un air pensif. La fatigue commence à peine à prendre le contrôle de mon corps, venant piquer mes yeux lorsque je les garde inactifs trop longtemps. C'est la troisième nuit de travail que j'enchaîne, et celle-ci va avoir raison de moi. Par inadvertance, la mousse des boissons déborde du verre et dégouline sur mes doigts. J'arrête la pompe en râlant, posant la commande sur un plateau. Les clients de la dernière heure ne sont pas les plus chaleureux, ils sont même les plus casse-pied à mes yeux. Excepté le petit groupe d'étudiantes qui vient souvent fêter la fin des examens mensuels à la table dix, berçant l'intérieur de la terrasse couverte de sourires bienveillants, les autres se montrent plus insistants. Trois heures du matin passé, ils enchaînent les canons et les conneries par la même occasion. Pourquoi se priver de les partager !

Ma collègue me lance un regard en coin par-dessus son épaule. Elle fait face au groupe d'hommes que je sers, visiblement la proie de leurs injures. Je replace nerveusement ma chemise avant de me diriger jusqu'à eux.

— C'est ta meuf ? me demande-t-on immédiatement.

— Je... je ne vous permets pas, bredouille la serveuse en baissant les yeux.

— Qu'est-ce que tu comptes faire, ma jolie ? Les fillettes comme toi, tout juste en âge de ressentir les premières chaleurs avaient bien besoin qu'on vous donne quelques leçons, non ? Sinon comment faire plaisir à vos partenaires si vous n'y connaissez rien ?

Ses lèvres tremblent, et je comprends qu'il ne faudra pas une minute de plus avant qu'elle ne craque devant eux. Je laisse mon plateau sur une table adjacente, saisissant le poignet de ma collègue pour l'écarter de la vue de ces gros dégueulasses aux yeux baladeurs.

— Je crois que vous avez assez bu comme cela, déclaré-je pour prendre les devants. Vous ne pensez pas ce que vous dites.

Oh que si, bien sûr qu'il le pense cet abruti. Rien qu'à sa respiration on peut deviner que c'est un gros porc.

Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant