Chapitre 33 | Baisser les bras

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— Je te revois dans une semaine, Madyson, on est bien d'accord ?

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— Je te revois dans une semaine, Madyson, on est bien d'accord ?

Un simple haussement d'épaules de ma part lui répond. Si ça l'amuse, c'est au plaisir que je reviendrai faire office de plante verte au milieu de son bureau faussement vintage. Dans un regard noir, je passe devant ce médecin de pacotille qui se tient sur le pas de la porte. Il fait signe à Sarah de le rejoindre, me laissant les bras ballants dans le couloir pour l'attendre.

Je fais mine de ne rien entendre, m'adossant au mur en les observant derrière la barrière de mèches brunes qui masque mon regard. Ma tutrice fronce les sourcils à plusieurs reprises, soupirant à d'autres moments, avant de bloquer son regard sur ma silhouette. Nos yeux se croisent, je tourne la tête, déstabilisée.

Ne pouvant plus supporter de les voir directement comploter contre moi en me couvant de mots bienveillants et de fausses solutions miracles, je m'éloigne. Lorsque je sors de cet hôpital de malheur – bien qu'isolée dans une aile réservée à l'unité psychiatrique pour ces rendez-vous – je respire à plein poumon. Pourtant, la pression ne diminue pas, au contraire.

Une douleur aigüe au creux de ma poitrine me cloue sur place. À tâtons, je cherche la façade pour m'y appuyer. Ma seconde main pressée au-dessus de mon sein gauche, je ferme les yeux en grimaçant, incapable de prendre une inspiration sans souffrir le martyre. Cette sensation ne se généralise pas, elle semble résonner contre mes côtes, s'étirer jusqu'à mon dos, les larmes m'en montent aux yeux instantanément.

D'habitude, ce genre de choses n'arrive pas en public, et le tiraillement est plus faible. Là, il se déchaîne, me contrôle, me faisant pratiquement pleurer alors que ma résistance à la douleur est à l'accoutumée plus forte. Une bouffée de chaleur vient colorer mes joues, sans que je puisse comprendre ce qu'il est en train de se passer. Ne s'agissant ni d'un malaise, ni d'une crise d'angoisse, cette peur nouvelle de l'inconnue me bouleverse. Pourtant, il n'y a rien, il ne se passe rien. J'ai tenu tout le long de la séance, j'ai réussi à faire ce que je souhaitais. Il n'a pas pu m'arracher le moindre mot. Je suis en sécurité. Pour le moment.

— Maddy !

La voix de Sarah s'infiltre dans mon esprit, tourne encore et encore pendant un instant, puis disparaît aussi vite qu'arrivée.

— Tu ne te sens pas bien ? demande-t-elle une fois à ma hauteur.

Non, cet endroit me fout la gerbe.

Tu devrais le savoir...

— Si, bredouillé-je péniblement.

— Mon Dieu, tu es tout pâle ! Assieds-toi, ordonne-t-elle sèchement.

Mais je n'entends que la panique qui prend le contrôle.

— Puisque je te dis que je vais bien, je réponds avec aplomb. Je veux que tu me ramènes à la maison.

Les reflets du miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant