Partie III - Chapitre 34

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Chapitre 34

La nuit n'allait pas tarder à tomber et le fond de l'air était frais, même si on était au mois de mai. Les quelques passants qu'il avait croisés avaient essayé de l'arrêter mais il les repoussait à chaque fois et continuait son chemin. C'était la consigne. Il parvint finalement devant la vitrine où attendaient des mannequins poussiéreux. L'un lui demanda l'objet de sa visite et il articula, malgré sa bouche tuméfiée, que c'était pour une urgence.

Le mannequin le laissa entrer dans le hall de Ste Mangouste. La lumière crue l'aveugla et il tituba. Il y eut un cri, peut-être le sien. Quelques instants plus tard, des mains le saisirent. On lui posa des questions mais il ne répondit pas. Il était trop confus et surtout, il souffrait. L'extrémité d'une baguette se posa sur sa tempe et il perdit conscience.

Il revint à lui plusieurs fois au cours des heures – ou peut-être des jours – qui suivirent, mais jamais très longtemps. Enfin, il reprit véritablement conscience. La douleur s'était considérablement atténuée. Il était dans une petite chambre au mur blanc. Le soleil du printemps entrait à flots par la fenêtre aux rideaux ouverts. Devant elle se tenait une jeune femme blonde. Elle se tourna vers lui en l'entendant bouger et il se renfonça aussitôt dans son lit. Il n'aimait pas les étrangers, surtout depuis qu'un étranger ayant frappé à sa porte avait détruit sa vie.

- Tout va bien, assura la jeune femme sans pour autant s'approcher. Ste Mangouste vous a pris en charge, vos blessures ont été soignées. Vous serez bientôt sur pied.

Elle lui souriait mais il continua à lui adresser un regard apeuré.

- Je m'appelle Ethel, se présenta-t-elle. Je suis apprenti-Médicomage. Vous pouvez me dire qui vous êtes ?

Toujours être le plus proche de la vérité possible, se rappela-t-il. Chassant son inquiétude, il prit une profonde inspiration et répondit :

- Arthur Pitt.

Sa voix sonna étrangement à ses oreilles... Peut-être avait-il trop hurlé.

- Que vous est-il arrivé, Mr. Pitt ? Est-ce que vous vous en rappelez ?

- J'ai été attaqué.

- Savez-vous par qui ?

- Je croyais que vous étiez Médicomage, coassa-t-il.

- Apprentie, corrigea-t-elle en rougissant. Mais je travaille aussi... pour le Ministère. Nous avons besoin de savoir ce qu'il s'est passé pour empêcher qu'une telle chose se reproduise, Mr. Pitt.

- Vous auriez dû l'empêcher avant ! Glapit-il. Avant que ça ne m'arrive !

- Nous faisons ce que nous pouvons, souffla-t-elle, désemparée. Je vous jure que nous faisons tout ce que nous pouvons mais...

Elle se tut, comme si elle comprenait que dire une telle chose à un homme qui avait été torturé n'arrangeait rien. Arthur Pitt ferma les yeux en tentant de retenir ses larmes. Il ne devait pas fléchir, ne devait pas se laisser gagner par la panique. S'il restait fort, peut-être s'en sortirait-il... peut-être s'en sortiraient-ils tous les deux. Il devait jouer son rôle.

- Je vais vous laisser, murmura la jeune femme.

- Non attendez ! La rappela-t-il en ouvrant les paupières. C'était... deux femmes et un homme. Des... des Mangemorts.

Elle se rapprocha du lit et tira un carnet de son sac, ainsi qu'une plume. Il remarqua ses mains fines, ses gestes mesurés. C'était une belle jeune femme. La guerre la briserait très certainement.

- Ils étaient masqués, j'imagine ?

- Oui, balbutia-t-il.

- Vous pouvez me donner des détails sur leur voix, leur taille, leurs cheveux peut-être ?

Lily et James [corrigée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant