Chapitre 46
Maugrey observa les nouvelles recrues avachies sur le sol, l'air épuisé. Les deux garçons se disputaient une bouteille d'eau alors que les filles discutaient à voix basse. Le Snargalouf était aussi sombre et silencieux qu'à l'accoutumée ; Maugrey était heureux de s'être à peine occupé de la formation des nouvelles recrues cette année-là - Le Snargalouf était loin d'être un endroit très agréable. À tout prendre, il préférait le manoir de son enfance avec sa bande de gamins braillards et indisciplinés. L'Auror se détourna de la scène pour s'adresser à Gideon :
- Ils sont prêts ?
Gideon haussa les épaules.
- Tu étais prêt quand tu as quitté l'Académie ?
Un sourire tordu étira les lèvres de Maugrey.
- Non. Ils survivront ?
- J'imagine oui. Ils sont débrouillards. Mais je ne suis pas sûr qu'ils aient bien compris ce qui les attendait.
- Ceux de l'année dernière non plus.
- Et on les balance là-dedans encore plus tôt que l'an dernier.
Maugrey sentit bien le reproche dans sa voix mais il ne prit pas la peine de le relever. Depuis le temps que durait cette guerre, il avait l'habitude qu'on conteste ses décisions.
- On n'a pas le choix. Je vous attends ce soir au QG.
Maugrey fit un geste pour quitter la pièce mais Gideon l'attrapa par le bras.
- Alastor... Est-ce qu'on est au pied du mur ?
L'Auror eut un sourire aussi assuré que terrifiant.
- Pas encore, Prewett. Pour une fois, on va essayer de les prendre de vitesse. J'ai l'appui du Bureau, à défaut d'avoir celui sans condition de Minchum.
- Qu'est-ce qu'il nous reproche encore ?
- Les choses habituelles. Notamment de lui coûter trop cher, d'ailleurs.
- Parfois je me demande vraiment ce qu'il souhaite, marmonna Gideon.
- La tranquillité, soupira Maugrey. Je le comprends en un sens : Sur le plan politique, c'est dangereux d'entretenir un ordre clandestin. Ça pourrait le faire tomber, et nous avec.
- On peut survivre sans lui, protesta Gideon.
- Ce serait difficile. On est nourri et équipé par le Ministère. La situation deviendra compliquée si on tombe complètement dans la clandestinité.
Gideon tourna la tête vers les nouvelles recrues, qui discutaient à présent toutes ensembles. Son visage crispé trahissait ses pensées.
- Tu crois qu'il y a une chance qu'on en arrive là ?
- A moins que la guerre ne dure encore vingt ans, non. Mais au rythme où ça va j'en doute. Dans vingt ans, soit ils nous auront tous tués, soit on aura gagné.
Son interlocuteur eut un petit rire dur et répondit, un sourire carnassier sur les lèvres :
- Très bien, ils seront au QG ce soir. Je ne garantis pas leur fraîcheur.
- Fais les en baver une dernière fois, pour qu'ils n'oublient pas ce bon vieux Snargalouf, marmonna Maugrey.
- Compte sur moi.
L'Auror resta un instant à la porte pour observer la scène : Gideon sortit sa baguette sans prévenir les jeunes gens, qui devisaient toujours, la pointa au-dessus de leur tête et jeta un sort. Un trait de magie bleu percuta le mur, faisant dégringoler du plâtre sur les recrues qui criaient encore de surprise. Le temps qu'ils se relèvent, Gideon avait continué ses attaques. Le regard de Maugrey fut attiré par l'un des jeunes hommes, pas très grands ni baraqués mais l'air malin et agile. Il était déjà debout et protégeait ses camarades d'un bouclier. Son expression concentrée n'échappa pas à Maugrey. Il pinça les lèvres en songeant à Martin Ranger tel qu'il l'avait rencontré à son arrivée au Snargalouf ; des joues encore un peu rondes, une lueur espiègle dans le regard en toute circonstance... Bref, l'air innocent. Il ignorait ce que les frères Prewett leur avaient raconté pendant ces deux mois, mais cette allure innocente commençait déjà à s'estomper. Si Maugrey devait définir l'expression de Ranger à l'heure actuelle, il la décrirait comme « déterminée ».
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Lily et James [corrigée]
AventuraLily et James par Cazolie, la version corrigée ! Elle comprendra l'intégralité des chapitres, corrigés du point de vue de l'orthographe et, dans la mesure du possible, du canon. L'histoire de Lily Evans et James Potter, jusqu'à la fin.