Chapitre 22

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La suite des évènements m'apparut comme très floue. Je passais tout le trajet du retour enfermé dans mes doutes et mes inquiétudes. Sur mes choix, et sur ce qui allait advenir. À peine de retour à Veteris il fallut repartir. Je plaçais mes quelques affaires dans le coffre d'une voiture. Notre chauffeur, un jeune homme, grand, aux cheveux noirs ébouriffés, que je reconnu très vite, cherchait timidement le regard d'Akada. Cette dernière n'avait pas dû revoir, ou du moins pas du reparler à Nowel depuis qu'il était rentré dans la bulle faire son rapport sur "l'accident" de l'ancien maire. Je préférais ne pas m'attarder là-dessus, la simple idée de rentrer dans le véhicule me broyait les organes. Je ne m'imaginais absolument pas rester plusieurs jours à l'intérieur. Puly me saisit la main, il tremblait. Je lui adressais un sourire que j'avais voulu le plus rassurant possible avant de poser un pied à l'intérieur. Le moteur démarra, et après à peine quelques minutes nous avions quitté la ville. Je l'observais disparaître doucement à l'horizon. C'était le deuxième "chez-moi" que je laissais derrière moi en une seule journée. Personne ne parlait, Puly qui était allongé prenait les deux places se trouvant à côté de moi et posait sa tête sur mes genoux. En face, les trois filles se tenaient droites. Akuma avait vu rouge en se rendant compte que l'ami d'enfance d'Akada serait notre chauffeur, elle ne lui faisait toujours pas confiance, et elle empêcha la rouquine de s'assoir à l'avant à côté de lui.

Assis sur la banquette arrière, les heures se ressemblaient toutes. Après une attente me paraissant interminable la nuit finit par tomber, et quand les bourrasques de vent commencèrent à devenir imposantes la voiture s'immobilisa.

Nowel donna de la nourriture à tout le monde avant d'expliquer comment nous allions dormir. Il ouvrit des couchettes étroites où il y avait juste la place de s'allonger. Il s'excusa maladroitement pour le manque de confort à plusieurs reprises. Puis tout le monde se tu, laissant le chant du vent nous bercer.

Je ne fermais pas l'œil de la nuit, je me sentais perdu, incapable de réaliser que ce qui se déroulait autour de moi était réel. D'ici quelques jours, j'atteindrai la plus grande ville humaine qui existe. Qu'allais-je y voir ? Quelles étaient les différences avec la ville que je quittais ? J'essayais tant bien que mal de considérer ça comme un nouveau départ, celui qui nous permettrait de changer les choses, celui avec lequel je retrouverai le sommeil et abandonnerai mes cauchemars. Mais le jour tardant à arriver semblait vouloir me donner tort.

Quand le bruit cessa et que le soleil se leva, je me rendis soudain compte d'à quel point j'étais fatigué, et au moment où la voiture redémarra, je m'enfonçai dans un sommeil agité que je ne pouvais plus fuir.

Le temps au milieu du désert semblait distordu, le paysage semblait se répéter à l'infini, un rocher, une borne nous indiquant le chemin à suivre, un rocher, encore et encore. Comme coincés dans une boucle. Heureusement, la discussion finie par prendre, permettant à tout le monde d'échapper à la folie. Akada avait fini par rejoindre le siège avant au côté de Nowel. Puly avait commencé à s'interroger sur le fonctionnement de l'engin dans lequel nous nous trouvions, et, déçu de ne pouvoir le démonter, il émettait de nombreuses hypothèse. Je l'écoutai parler sans un mot, attendri. Les jours s'enchaînaient toujours de plus en plus longs et épuisants.

Puis, enfin, après une attente insurmontable, le paysage changea enfin. Capisis apparaissait à l'horizon. La ville me paraissait énorme, bien plus grande que tout ce que j'aurais pu imaginer. En s'en approchant, je remarquais quelque chose d'étrange. Autour des murailles, avant même de pénétrer dans la ville, on apercevait un amas de tentes et d'abris de fortune. Alors que la voiture passait entre eux, je ne pus m'empêcher de me cacher sous mon bonnet. Je croisais une seconde le regard d'une femme a la peau brulée par le soleil, tenant un petit garçon par la main ; c'était du dégoût que je pouvais voir dans ses yeux.

Les murs de la ville étaient cinq fois plus grands que ceux de Veteris, nous rentrâmes par une imposante arche creusée dans la structure où deux expériences en uniformes contrôlèrent notre identité. La route avait beau être large, la ville ressemblait à un entassement de maisons, toujours plus hautes, aucun espace n'était laissé entre-elles. Nowel commença à nous expliquer le fonctionnement de la ville d'un ton presque mécanique :

"La ville est composée de plusieurs cercles, séparés entre eux par une muraille comme celle que nous avons vue à l'entrée, elle est construite sur le même principe que Vétéris, les quartiers les plus riches au centre, mais sur une échelle beaucoup plus grande. En ce qui concerne la taille, le cercle le plus petit, qui est le troisième et dans lequel nous ne tarderons pas à rentrer, fait environs 3 fois la taille de Vétéris. Des questions ?"

Tout le monde répondit dans un murmure que non. J'observais le paysage s'offrant à moi, bouche bée. Il me paraissait si différent de ce que j'avais déjà pu voir et si semblable à la fois. J'avais envie de voir, de marcher dans toutes ces ruelles, de découvrir chaque recoin. La curiosité avait repris le dessus sur mes peurs.

Nous avancions, traversant les cercles un par un. Ils donnaient chacun l'impression d'être une ville à part entière, avec sa propre architecture. Au passage de chaque arche, de nouvelles expériences nous contrôlaient, jusqu'à notre arrivée à la bulle. Il fut bien plus difficile d'y entrer, les contrôles s'accumulèrent à l'entrée, me mettant terriblement mal à l'aise. Puly, une main sur son foulard cachant ses branchies, serrait la mienne de l'autre. Heureusement pour nous, ils se stoppèrent à la fouille de nos affaires. L'arc de Nali fut temporairement confisqué, et elle dû faire tout son possible pour ne pas écourter la vie de la personne qui partait avec lui. Un homme tenta de la calmer lui expliquant qu'elle pourrait aller le chercher sous peu et qu'il ne s'agissait que de la procédure.

Nous pénétrâmes dans la tour de lumière de Capisis ; dans un hall d'entrée blanc immaculé, un petit homme au visage rouge et triangulaire nous attendait avec un sourire.

Nous pénétrâmes dans la tour de lumière de Capisis ; dans un hall d'entrée blanc immaculé, un petit homme au visage rouge et triangulaire nous attendait avec un sourire

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Existium SilvamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant