Chapitre 10

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Nali et Akuma rentrèrent au beau milieu de la nuit. L'archère avait un énorme bandage à la main lui empêchant de bouger ses doigts. Elle nous expliqua ce qu'avait fait le médecin en souriant, comme si tout ce qui c'était passé était normal.

Quelque chose dans son attitude me mettait terriblement mal a l'aise.

Dès le lendemain elle commença à s'entraîner à manier la hache avec sa main valide, nous l'aidions tous tour à tour. Ses mouvements avaient perdu de leur fluidité et de leur précision, mais elle compensa et s'améliora à une vitesse ahurissante, témoignant de sa positivité à toutes épreuves, mais aussi de son obstination. Elle refusait de se reposer, ou d'attendre d'être rétablie. S'entrainer était son seul objectif.

À intervalles réguliers, nous l'emmenions tour à tour voir son médecin. Elle nous répétait à chaque fois qu'elle pouvait y aller seule, mais Akuma s'y opposait catégoriquement. WL (la matricule de l'expérience aillé) avait vu son visage. Aucun avis de recherche concernant Nali n'avait été affiché, mais la métisse considérait qu'on est jamais trop prudent. Et puis il était impossible de faire trois pas sans voir le visage de Puly dessiné sur une affiche.

Les première fois, l'argent fut directement donné à Nali, mais cette dernière le laissait systématiquement tomber en chemin, prétextant que les pièces s'entrechoquaient dans ses poches et faisaient bien trop de bruit. Les quelques fois ou je l'ai accompagnée je fus donc chargé de la monnaie. Le médecin, un homme maniaque vivant dans un des quartiers les plus pauvres de la ville, s'amusait à m'observer tenter de différencier les pièces entre elles.

Après quelque semaines Nali eut le droit de retirer ses bandages. Comme si le combat était la seule chose qui l'intéressait, la première chose qu'elle fit une fois rentrée fut de saisir son arc, et de recommencer à tirer. Ce fut un échec retentissant. Le doigt qui lui manquait à la main droite l'empêchait de tendre correctement sa corde. Aucune de ses flèches ne faisait ne serait-ce qu'effleurer la cible qu'elle avait placée.

Pourtant, sans jamais arrêter de sourire elle continuait à tirer. Elle avait réellement l'air heureuse de l'aube au crépuscule et ne lâchait pas son champ de tir. Des progrès bien que minuscules firent progressivement leur apparition. Chaque flèche s'approchant quelque millimètres plus proche de son objectif générait des félicitations et des encouragements de la part de toute personne a proximité.

Chacun de nous avait peur que Nali ne se sente pas bien. Akada avait tenté de lui parler en lui présentant ses excuses, mais l'archère lui avait assuré que tout allait bien, et qu'elle ne lui en voulait pas ; avant de repartir s'entraîner, fermée a toute discussion.

Une nuit d'insomnie je m'étais rendu dans la cours pour prendre l'air. Ce que je vis me brisa le coeur. Sous la lumière blanchâtre de la lune, Nali tirait sans s'arrêter. Alors que je m'apprêtais à lui parler, elle se retourna. De grosses larmes roulaient lourdement sur ses joues rougies, et sa lèvre inférieure tremblait doucement.

Dès qu'elle croisa mon regarde elle essuya ses deux grands yeux verts et son visage se déchira dans un sourire forcé

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Dès qu'elle croisa mon regarde elle essuya ses deux grands yeux verts et son visage se déchira dans un sourire forcé. "J'allais justement me coucher" souffla-t-elle avant de rentrer, son arc à la main. J'aurais voulu crier, lui dire que je voulais l'aider, qu'on voulait tous l'aider, mais aucun mot ne sortit de ma gorge, noué par les pleurs de mon amie.

Le passage se referma derrière elle, me laissant seul.

Inondée par les rayons de la lune, une larme quitta le coin de mon œil pour aller doucement s'écraser sur le dos de ma main.

Je mis plusieurs jours avant de me décider à parler de ce qui c'était passé à Akada et Akuma. Quand je réussi à leur expliquer ce que j'avais vu une implacable vérité s'imposa à nous. Si Nali ne nous laissait pas l'aider nous nous trouvions dans une impasse.

Les jours suivants nous faisions notre maximum pour qu'elle se sente bien, et surtout pour qu'elle se sente forte, forte et utile. Même Lenn qui ne comprenait pas bien la situation et Puly qui la connaissait à peine s'y mettaient.

Ce dernier s'était très vite adapté à la vie sous terre. Nous nous étions tous mis d'accord dès son arrivé de ne rien lui demander sur son expérience dans la tour de lumière et comme il n'avait pas l'air de vouloir aborder le sujet ce ne fut jamais mentionné en sa présence.

Il se montra très vite réellement mature, aidant le plus possible comme pour nous remercier de l'avoir amené ici.

A peine quelque jour après son arrivé, il se passionna pour le système nous permettant d'ouvrir les escaliers pour rentrer chez nous. Il passa des heures interminables à observer les différents rouages comme si c'était la plus belle chose qu'il ait jamais vue. Akuma qui, apparemment l'avait en partie fabriqué, lui expliqua tout ce qu'il ne comprenait pas. Nali offrit même à Puly une sacoche marron remplie d'outil de bricolage, sous l'œil réprobateur d'Akada lui reprochant d'avoir encore volé malgré leur interdiction.

Terriblement curieux, il finit par convaincre les filles de l'emmener en ville. Pendant que Nali allait enlever son bandage, nous marchions dans les rues.

L'axolotl camouflé sous une longue cape, s'arrêtait pour observer toutes les machines cracheuses de fumée se trouvant sur le marché. Je préférais rester à l'écart, ces engins me dégoûtaient au plus hauà point. Akuma elle passait un réel bon moment, oubliant quelque instant le monde dans lequel elle vit.

Puly et elle firent de nombreuses autres excursions sur le marché. Ils évitaient tout de même de s'approcher trop de la bulle malgré le visage dissimulé de l'expérience.

Le temps qu'il passait à la maison était utilisé pour démonter méticuleusement tous les objets électroniques lui passant sous la main sous le regard impressionné de Lenn.

Ces deux-là passaient beaucoup de temps ensemble, la plupart du temps dans le silence le plus total, mais parfois Puly se mettait à chuchoter à son oreille. Très vite ces messes basses se transformaient en histoire mimée par le jeune homme.

C'est pendant une de ces séances de Théâtre que j'appris que ce que j'avais d'abord pris pour des tentacules dans la nuque de l'axolotl étaient en réalité des branchies.

Presque toute les nuits, Puly se réveillait en sursaut suant et tremblant. J'avais très vite pris le réflexe de me lever pour aller le prendre dans mes bras, sans un mot. J'attendais d'entendre son cœur se calmer et ses yeux se fermer pour a mon tour retourner me coucher.

Existium SilvamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant