Chapitre 11

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Il m'arrivait de me rendre à la frontière de la ville, de m'asseoir tout en haut des murailles en ruine, et une fois à l'abri des regards, d'enlever mon bonnet pour profiter de la douce brise m'ébouriffant les cheveux et pour laisser mes deux grandes oreilles respirer. J'observais en silence le désert s'étendant jusqu'à l'horizon, imaginant ma forêt se trouvant derrière.

Après ce court moment de calme, je pris la route pour rentrer. Plus le temps passait, plus je me sentais à l'aise et chez moi dans cette ville, malgré le manque de végétation et les nuages gris bloquant en permanence le ciel. Je m'étais habitué à tout ça, à ces paysages, à ces coutumes, je ne me sentais plus comme un étranger.

J'escaladais sans aucune difficulté la grille et atterris doucement dans la cour. À l'intérieur, Nali tirait encore et toujours à l'arc, pendant que Lenn était plongé dans un livre, assis à l'endroit où il pouvait s'exposer le plus aux rayons de soleil. Puly, lui, démontait une arme à feu, de nombreux rouages et autres morceaux de ferraille, dont je ne connaissais ni le nom, ni l'utilité traînaient à ses pieds.

Je les saluais rapidement avant de planter mon bâton dans le muret afin d'ouvrir le passage. Je m'engouffrai rapidement à l'intérieur en récupérant mon arme.

J'avais à peine ouvert la porte pour rentrer dans le salon que des cris fusèrent:

"- Mais tu penses VRAIMENT que ce qu'on fait suffi ?!?

- Écoute, répondit calmement la voix d'Akada, je comprends totalement, mais je te l'ai déjà dit, on ne peut rien faire d'autre.

-Rien faire d'autre ?! T'es pas sérieuse !"

J'hésitai à rentrer, Akuma semblait réellement énervé. Je finis quand même par pousser la porte pour entrer en tentant de ne pas me faire repérer. Aucune chance, dès le premier orteil posé à l'intérieur de la salle, la métisse me jeta un regard noir.

"-Oh salut Kriss ! Tu pourrais m'aider ? Depuis que tu es arrivé tu te rends bien compte qu'on est une bande d'incapables et qu'on est toujours aussi loin de notre objectif !

-Oh, mais c'est moi que tu engueulais, je te rappelle ! Laisse-le un peu, t'as pas vu qu'il se faisait discret par peur que tu le déchiquettes. Rétorqua doucement la rouquine

- Arrête, s'il te plait, arrête d'être comme ça ! De faire comme si tout allait bien !!

-Il... il s'est passé quelque chose ? bredouillais-je, regrettant déjà d'avoir ouvert la bouche.

-Quelque chose !?!? NON il ne s'est rien passé DU TOUT !" La jeune fille, incapable de tenir en place, avait violemment renversé sa chaise. Elle souffla doucement à plusieurs reprise, comme pour se calmer, et la ramassa avant de retomber dessus.

"-Donc... reprit calmement Akada ignorant délibérément le comportement de notre amie. La tour de lumière a envoyé des gardes dans tous les orphelinats près des murs extérieurs de la ville, et ils ont récupéré un nombre important d'enfants entre 3 et 10 ans... La plupart des gens, persuadés que la tour de lumière leur apportera le bonheur, se sont laissés faire, mais à la moindre résistance... C'est maintenant évident que ce n'est pas en libérant une expérience tous les 3 ans qu'on réussira à changer les choses.

-L'essentiel c'est que tu t'en rendes compte... grogna la métisse.

-Bien sûr que je m'en rends compte ! Mais sans réelle solution, nous ne pouvons rien faire ! Elle se tourna brusquement vers moi, Kriss ! Demain, tu iras avec Akuma faire le tour des orphelinats afin de les aider le plus possible. Je vais tenter de voir notre "contact" à l'intérieur. Et on évite d'affoler les autres, donc Akuma si tu pouvais arrêter de crier je t'en serais reconnaissante.

- Mmmmm... Je sors... Kriss, fait à manger, c'est ton tour."

Elle quitta la pièce en traînant des pieds. Quand à moi, et je me rendis à la cuisine.

Le lendemain, Akuma me réveilla de bonne heure, et nous quittâmes notre abri avant même que les autres ne soient réveillés. Je fus surpris par le nombre d'enfants se trouvant dans les quelques bâtiments, souvent à moitié en ruine, servant à accueillir les orphelins.

Les maisons de ce genre étaient rares dans la forêt. Je n'en avais d'ailleurs jamais vu. Mon cœur se serra dans ma poitrine face à la simple idée qu'autant d'enfants devaient grandir sans parents.

A chaque fois que nous arrivions, nous étions, à mon grand étonnement, accueillis à bras ouverts.

Nous aidions à reconstruire et déblayer ce qui avait été détruit, nous consolions les enfants, et en cas de besoin nous offrions des vivres et des couvertures.

La plupart du temps, Akuma semblait bien connaître les gens qui tenaient les endroits. Elle les prenait dans ses bras, et les soutenait du mieux qu'elle pouvait.

Elle ne laissait paraitre aucune trace de la colère qui brulait en elle la veille, pourtant je ne savais pas trop comment mais je savais qu'elle était toujours là, endormie derrière des sourires compatissants.

Le dernier lieu où nous arrivâmes était en ruines. A sa vue, des larmes montèrent aux yeux de mon amie. Mais d'un revers de la manche elle les essuya et avança d'un pas déterminé.

Les gens ici s'étaient défendus, refusant de laisser la tour de lumière s'approcher des enfants. Résultat : la moitié d'entre eux avait été emportée, et les dommages matériels paraissaient surréalistes tant ils étaient importants. Nous passâmes le reste de la journée à les aider du mieux que nous le pouvions.

Quand la nuit commença à doucement tomber, les enfants s'accrochèrent à la métisse, refusant qu'elle parte. Un homme aux cheveux bruns parsemés de fines mèches blanches dû intervenir pour qu'ils la laisse s'en aller.

La jeune fille me rejoignit à contrecœur, elle aussi. Cette journée m'avait aidé à réaliser que je ne connaissais pas tant de choses sur mes amis, ou du moins sur leur passé. Une fois encore une curiosité incontrôlable se rependait sans que je ne puisse la retenir. Le chemin du retour commença dans un étrange silence, que je finis par briser.

"- Tu viens souvent ici, non ? Enfin, si ce n'est pas indiscret...

-Oh... Elle sourit tristement, ça faisait très longtemps que je n'étais pas venu, mais... elle fit une pose hésitante, c'est là que j'ai grandi.

-Désolé, je ne savais pas...

-C'est pas grave, je suis fière de là ou je viens, aussi pauvre que ce soit ces gens, ils sont tous formidables, mais...", elle sera le poing, "si j'attrape ceux qui ont fait ça !"

Sans un mot, je mis ma main sur son épaule, en signe de soutien.

À notre arrivée, Nali et Akada était assises sur le canapé. Après avoir rapidement déposé nos affaires, nous nous asseyons à leurs côtés. Après un rapide débrief de notre journée et des dégâts provoqués par la tour de lumière, la rouquine se racla la gorge.

"J'ai réussi à parler à Kammo, l'habitant de la bulle que tu connais, précisa-t-elle, et je pense avoir un plan pour changer les choses."

"

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Existium SilvamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant