Je marchais d'un pas lent jusqu'à notre maison. Tentant vainement de remettre en place les idées qui fusaient dans mon esprit. Nous venions à peine de quitter le bureau du maire ou régnait un chaos ambiant, je me concentrais pour reconstituer les évènements de cette discussion des plus étrange.
Suite à la déclaration de Kammo le temps sembla se suspendre un moment. Il avait fallu un long moment pour que notre interlocuteur, probablement agacé par notre mutisme, ne reprennent la parole. Il avait parlé sans que je ne l'entende. Mon esprit s'était emballé comme si deux choix étaient venus s'imposer à moi. Le premier était de partir, si Akada acceptait, et il était évident à mes yeux qu'elle ne pouvait refuser. Je pouvais partir avec eux. Découvrir encore plus le monde, c'était bien pour ça que j'avais abandonné mon village, ou je ne pouvais rentrer chez moi. Rester seul ici n'était pas une option. J'avais tenté avec difficulté de me reconcentrer sur la conversation aillant eut lieu en face de moi. Akuma semblait chercher là où se trouvait le piège, sans succès. Le niveau de voix montait doucement. La métisse ne se laissait à aucun instant dominer. Kammo tentait de riposter en haussant toujours plus le ton. Il avait suffi de quelques minutes pour que cette entrevue se transforme en bruyante dispute. J'avais lancé des regards paniqués a Puly qui ne savait pas non plus comment réagir. Nali était tordu de rire sur sa chaise, comme si elle n'assistait juste pas à la même scène, et Akada ne disait rien, les yeux dans le vague.
Elle avait fini par se lever. Les échos de voix se stoppèrent immédiatement. La rouquine avait planté ses yeux dans ceux de son frère prenant la parole d'une voix ferme.
"Nous acceptons, mais a une condition, je veux pouvoir choisir le nombre de personnes se rendant à Capisis avec nous."
J'aperçut la grille nous séparant de la cour. Quand je rentrais au salon quelques secondes plus tard, je m'effondrais sur le canapé dans un soupir. Lenn sortit de la chambre pour sauter dans mes bras dès qu'il nous entendit rentrer. Kammo avait accepté que cinq personnes partent. Cinq... Si je partais Lenn restera coincé ici seul, c'était inenvisageable.
Je passais mon après-midi a penser. Sans dire un mot. Je ne me sentais pas prêt pour rentrer. Pas maintenant. "Je n'ai pas fini ce que j'ai à faire ici." Est-ce vrai ? ou est-ce juste des paroles en l'air que je me répète par peur de rentrer chez moi. Chez moi... Après tout ce temps, et toutes ces choses vécues ici, je m'y sentais tout autant chez moi. Voir plus. Mon village me manquait, mais l'idée d'y remettre les pieds me terrifiait. Tous ces torrents de pensées et de peurs, étaient très désagréables.
La nuit ne fut pas plus reposante. Fixant le lit de Lenn au-dessus de moi, je ne dus dormir qu'une heure tout au plus. Jamais l'avenir incertain ne m'avais autant terrifié. Je pensais à mon père, qui régirait surement de façon parfaitement stoïque a une situation similaire. Comment avec de tels parents puis je être aussi peu maitre de mes émotions ?
Je quittais mon lit quand un bruit se fit entendre dans le salon. Il ne devait être qu'une ou deux heures du matin, pourtant Akada et Akuma se tenaient toutes les deux là, parfaitement réveillées. Je pris place à leur côté. Elles me saluèrent avant de reprendre leur discussion. Curieux je ne pus m'empêcher de demander un récapitulatif.
"-Et bien... Commença l'épéiste. Il ne me semble pas possible de refuser. Se rendre à Capisis est en soit le meilleur moyen de faire passer nos idées en dehors de la ville...
-C'est vrai, admis la métisse, mais malgré cela, il est évident que nous ne pouvons pas tous partir. Un petit nombre de personnes est autorisé, comme famille ou comme garde du corps.
-Mais au-delà de ça, est-ce vraiment une bonne idée d'emmener Puly et Lenn avec nous ? rajouta Akada tristement. Ce ne sont que des enfants, et même des enfants expériences. Ils ne seront pas en sécurité.
-Qu'es ce que vous suggérez ? demandais-je d'une voix tremblante. On ne peut quand même pas les laisser seul ici !"
Mes deux amies s'échangèrent un regard entendu avant qu'Akuma ne réponde à ma question.
"-Je ne sais pas si tu t'en souviens... mais tu nous avais expliqué que transférer toutes les expériences serait impossible pour des raisons politiques.
-Oui... Je me souvenais bien d'avoir dit ça, mais je ne voyais pas exactement où elles voulaient en venir.
-Et, reprit-elle, tu avais laissé sous-entendre que si ce n'était qu'une ou deux expérience il n'y aurait pas de répercussion.
-Est ce que tu penses qu'il serait possible d'emmener Puly et Lenn dans les forêts ? Fini la rouquine"
Elle planta ses yeux dans les miens, surement pour tenter de percevoir ce que je pensais. Tout cela ne me semblait pas une mauvaise idée. Mes parents pourraient surement héberger deux enfants, Lenn et Puly pourraient vivre au grand jours, côtoyer d'autre individus sans aucune peur. Pourtant... Pourtant je senti mon cœur se serrer à cette idée. Il faudrait que j'y retourne pour repartir immédiatement. Voyant ma panique la rouquine posa une main sur mon épaule. Je me senti rougir de honte, une nouvelle fois je me laissais déborder par mes pensées.
"-Tu en penses quoi ? demanda la métisse d'une voix douce.
-Je suis d'accord."
J'avais prononcé ces mots de la façon la plus assuré possible, pour autant qu'ils puissent suffire à chasser tous mes doute et angoisses infondés. Nali rentra de la cour pour aller se coucher juste après. Elle semblait encore plus distante depuis la réunion de la veille.
Quand les deux expériences sortirent du sommeil, plusieurs heures plus tard, Akuma commença à leur exposer la situation. Je rajoutais à ses explications des descriptions grandioses du lieu où j'avais grandi. D'un endroit où on ne trouvait aucun humain, et où ils n'auraient plus jamais à se cacher. Lenn qui semblait le plus enthousiaste des deux se mis bien vite a pleurer quand il se rendit compte que nous ne partions pas avec lui. Je le pris immédiatement dans mes bras, cherchant maladroitement à le consoler. Puly lui ne dit rien, je ne l'avais jamais vu comme ça, fermé comme une huitre. Quand le petit homme plante fut calmé et qu'il partit prendre son petit déjeuner je m'isolais avec l'axalotl, il m'était apparu comme étrangement évident qu'il avait besoin de parler. Nous primes place tous les deux sur le muret de la cour. Après un cours silence il balbutia d'une petite voix.
"-Tu te souviens, quand je suis arrivé, je voulais tellement vivre dans un monde sans humain.
J'acquiesçais en silence
-J'ai toujours peur, je déteste toujours la tour de lumière... Mais il ne s'agit pas de tous les humains, je me sens tellement bien avec vous, je... je ne veux pas perdre ça ! Mais je ne peux pas laisser Lenn seul."
Je restais sans voix, aucun mot ne voulant sortir de ma bouche. Je le pris juste dans mes bras. Il me rendit mon étreinte. Après une longue inspiration je pris la parole à mon tour.
"Et toi, tu te souviens quand je t'avais promis que tu resterais avec nous ? Je crois qu'il est temps de tenir cette promesse."
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Existium Silvam
Ciencia FicciónLe monde tel que je le connais, est né il y a des milliers d'années. Une époque où les gens comme moi, n'existaient pas, où nous n'étions que des fantasme sortis de l'imagination des hommes. Pourtant, des scientifique ont un jour décidé de transform...