Chapitre 16

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Je marchais d'un pas lent dans les rues de Veteris. Tous les autres passants rejoignaient leur demeure précipitamment pour ne pas risquer de se faire bloquer par une tempête de sable nocturne. Je n'accélérais pas. De toutes façons ça n'aurait pas été la première fois que je me prenais des grosses bourrasques de sable. Je n'étais plus à ça prêt. Quand le vent commença à souffler plus fort, je m'engouffrais dans une ruelle. Les épais murs me protégeaient plus ou moins. Plus je m'enfonçais dans des petites rues labyrinthiques, moins je voyais le sable danser à mes pieds. Je fini par atterrir dans un cul de sac, un grand grillage se dressait entre deux immeubles à quelques mètres de moi. Sans même prendre le temps de m'arrêter je pris appuis sur une des mailles et j'escaladais le grillage. Une seconde plus tard j'avais atterri de l'autre côté, à l'intérieur d'une cour.
Un petit homme plante et une jeune métisse aux cheveux de feu m'y attendaient.
Lenn me sauta au cou et je le soulevais avec un sourire. Akuma, elle avait l'air beaucoup moins heureuse de me voir.
"-Je peux savoir ce que tu foutais ! Deux heures qu'on t'attend, et tu sais que j'adore passer des heures sur ce muret.
-Calme toi ! Ça a duré beaucoup plus longtemps mais ça vaut le coup."
Alors qu'elle me fusillait du regard je lui lançai un sac rempli de fruits et de légumes. La métisse les examina perplexe.
"-Se sont des vrais ? Et puis on t'a payé qu'avec ça ? Tu devais ramener de l'argent pas de la bouffe je te rappelle !
-Arrête de crier. J'ai aussi l'argent, et tu peux me faire confiance se sont des vrais, enfin, de moins bonne qualité que ceux qu'on trouve en forêt mais des vrais.
-Comment tu l'es a eu ? chuchota-t-elle en refermant le sac. Comme s'il avait été possible que quelqu'un nous espionne.
-On rentre et j'explique ? Que je n'ai pas à raconter la même chose mille fois."
Je fis un grand sourire à Akuma qui m'ouvrit le passage avec un soupir des plus bruyant. Elle aurait adoré m'enfermer dehors pour me punir de mon retard.
Je descendis les escalier toujours en portant Lenn avant de m'effondrer à côté de Nali sur le canapé. Après avoir montré les fruits aux autres je dus me résoudre à donner quelques explications.
"Bon... Déjà Akada m'a refilé sa mission parce qu'elle avait un rendez-vous avec Kammo... C'était quelque chose de très simple. Aller faire les courses d'un vieux qui ne peut plus vraiment les faire seul, contre quelques pièces. Rien de bien méchant, et surtout rien de bien passionnant. Quand je lui ai déposé ses courses le vieux m'a dit qu'il avait un autre service... J'ai encore dû me rendre dans le désert. Mais cette fois pour récupérer une grosse boite et j'ai eu des fruits en échange..."
Tout le monde me regarda, sauf Nali qui lâcha un magistral "c'est pas nos oignons" et dans le fond, elle n'avait pas tort... Au final ce n'était pas si étonnant, on m'avait déjà confié d'aller chercher des choses dans le désert, la plupart du temps je revenais bredouille, mais pour ceux qui avait donné des indications plus précises j'effectuais la tâche en un temps record. J'avais même déjà dû déposer des colis dans le désert. Je n'étais pas dupe, il s'agissait d'objet volés que l'on cachait a l'abris des regards jusqu'à ce que l'affaire soit close. Ce qui était étonnant c'était les fruits. Un vieil homme incapable de faire un pas devant l'autre s'était procuré des fruits. Vu la qualité ils avaient été récoltés en bulle, mais ça n'en reste pas moins un met rare, réservé aux plus riches.
"-Bon... Je pense qu'on devrait s'occuper de ça plus tard. J'ai..., commença la rouquine
-Ou jamais, la coupa Nali
- Hum, Donc j'ai vu Kammo, je lui ai expliqué ce qu'il devait savoir...
-Et ? questionna Akuma
- Mais vous allez me laisser parler ! Il est d'accord ! Et accepte nos conditions !"
Akada avait crié et tout le monde avait baissé la tête, penaud.
Elle ne rajouta rien, et personne n'osa lui demander. Elle avait rejoint la cuisine avec le sac de fruit.


J'ouvris les yeux, le cœur battant à cent à l'heure. Je quittais ma chambre sur la pointe des pieds pour rejoindre la cuisine. Je cherchais une horloge des yeux. Quand mon regard se posa sur le cadran, il indiquait 4h du matin. Je soupirai doucement, j'aurais aimé dormir bien plus. Je devais voir le bon côté des choses, je n'avais pas autant dormi depuis un moment.
Je m'assis à une chaise après avoir allumé la lumière. Comme dans toutes les pièces de la maison, la cuisine ne possédait aucune fenêtre. J'avais déjà songé à sortir m'aérer, mais la peur de revoir Nali s'entraîner jusqu'à l'épuisement prenait systématiquement le dessus. Je ne pouvais pas oublier ses larmes sous la lune comme je ne pouvais pas oublier le corps sans vie du maire et le sang sur mes mains.
Je me servis un verre d'eau et en tentant de penser à autre chose je me mis à attendre le petit matin.
Je n'étais là que depuis une heure quand la porte de la cuisine s'ouvrit doucement.
"Kriss, qu'est-ce que tu fais la ??"
Je reconnus immédiatement la silhouette et la voix d'Akada, elle avait un bras devant les yeux pour se protéger de la lumière. Je ne m'attendais pas à la voir aussi tôt. A part pour certaines exceptions, personne n'est jamais levé avant 6 heures et demi.
"-Je... je réfléchissais, bafouillais-je, et toi ?
- Je viens de me réveiller, et Nali parle dans son sommeil pas facile de se rendormir, plaisanta la rouquine.
- Ouais je comprends..."
La jeune fille pris un morceau de pain sec et s'appuya contre le four avant de poser ses yeux sur moi.
"-Si jamais t'as besoin de parler de quelque chose, n'importe quoi, je suis la ok ?
-D'a-d'accord, mais je-j'ai-tu..."
Je me mis à bafouiller incapable de formuler ma phrase, pourtant mon amie me répondit comme si elle lisait dans mes pensées.
"-Ca fait un moment que tu te lèves toujours avant tout le monde, t'as l'air crevé et je m'inquiète un peu.
-Tout vas bien, ne t'inquiète pas."
J'avais parlé d'une voix forte comme pour me convaincre moi même que c'était vrai.
Akada me sourit, laissant un petit silence s'installer. Après une bonne minute sans un bruit, la rouquine repris la parole.
"On vas un peu parler dehors ? On étouffe ici."
J'hochais la tête sans un mot, avant de la suivre.
La cour était uniquement éclairée par les étoiles et un fin croissant de lune. L'arc de Nali se trouvait sur le muret et des flèches étaient éparpillées près d'une cible quelque mètre plus loin. Elle était encore une fois allée s'entraîner en pleine nuit...
"-De quoi voulais tu parler ? Dis-je en m'asseyant en tailleur
-Je sais pas trop, de rien, de tout. Quelque chose qui ne nous empêchera pas de dormir."
Je la dévisageais, une question me brûlait les lèvres. Je tentais de la retenir mais le silence qui semblait s'installer la libéra.
"-Quelque chose t'empêche de dormir ?
-C'est ridicule mais oui... elle baissa la tête, je n'osais pas lui en demandait plus, mais elle pris elle-même la parole. Tu avais des amis dans la forêt je suppose... Ils te manquent ?
-Oui... Oui bien sûr, ma famille me manque aussi..."
Le visage de Kony s'imprima instantanément dans mon esprit, cela fait tellement longtemps que je ne l'ai pas vue. De jour en jour la vision que j'ai d'elle devient plus flou, et je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur qu'elle ait changé. Ma famille et elle me manquaient un peu plus chaque jour. Pourtant je ne me sentais pas capable de rentrer. J'avais l'impression d'être utile ici. Une impression que j'avais recherchée en vain dans mon village natal.
"-Et bien, hésitait l'épéiste, prend comme exemple une personne qui te manque, énormément tout le temps et depuis quelque chose qui te semble une éternité. Puis un jour, pouf, d'un coup tu la revois. Et le lendemain plus de nouvelle à nouveau, qu'est-ce que tu ferais ?
-Je ne sais pas..."
J'hésitais un instant, ce n'était pas la première fois qu'Akada parlait d'elle en passant par les autres, et à chaque fois elle semblait terriblement mal à l'aise. J'aurais aimé la conseiller, mais Kony et mes parents me manquaient tellement eux aussi. Je ne pouvais pas m'empêcher d'imaginer la joie que j'éprouverais si je les retrouvais.
"-Tu parle de Nowel c'est ça ...?
-Désolé, je suis ridicule."
Elle prit sa tête dans ses mains, j'oubliais mes propres envies, questions et peurs, posant une main sur ses épaules.
"-Non tu n'es pas ridicule, et puis, si tu veux le contacter ça me parait improbable que tu échoue. Et je ne donne pas cher de la peau de la personne qui essayera de t'en empêcher.
-Merci."
Elle se redressa vers moi un sourire timide aux lèvres. Avant même que je ne puisse esquisser un mouvement elle me prit dans ses bras. Je lui rendis son étreinte.
Nous sommes restés la a parler jusqu'au matin, je me sentais mieux, comme débarrassé d'un poids invisible. Quand nous rentrâmes à l'intérieur Akada tapa dans ses mains:
"Bon aujourd'hui premier jour de la campagne de Kammo !"

 Quand nous rentrâmes à l'intérieur Akada tapa dans ses mains:"Bon aujourd'hui premier jour de la campagne de Kammo !"

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