Chapitre 13

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Le plan d'Akada se concrétisait peu à peu. Quelque chose d'évident finit tout de même par me traverser l'esprit. Je me senti terriblement idiot de ne pas y avoir pensé plus tôt.

"Akada !! Il y a un problème !!"

La rouquine leva la tête de ses papiers, me regardant sans comprendre. Elle nota rapidement quelque chose, puis me répondit avec un sourire. Des cernes s'étaient creusées sous ses yeux joyeux. Elle renonçait à ses nuits au profit de son plan. Il semblait la terrifier, pour une raison que je ne comprenais pas vraiment.

"-Alors, c'est quoi ta révélation ?

-Eh bien... Je ne sais pas comment marchent exactement les lois ici. Mais, faire venir un grand nombre d'expériences, ça ne ressemble pas à des réfugiés politiques ?? Et le traité d'indifférence totale ne devrait pas l'autoriser..."

Je vis le visage de mon amie se décomposer à l'écoute de mes mots. Elle réalisait tant bien que mal que briser ce traité revenait à provoquer une guerre entre Hybrides et Humains.

"-Écoute... il y a forcément un autre endroit où cacher les expériences... Une guerre ne laisserait aucune forêt vivante, ce n'est pas uniquement mon peuple qui sera exterminé, c'est toute la planète.

-Tu as raison, je crois que j'ai une idée... de toutes façons, avec Kammo au pouvoir, la tour de lumière pourrait être bien mieux régulée. On pourrait peut-être même stopper ses activités."

Elle ressaisi son crayon d'une main tremblante. Un sourire déterminé aux lèvres, elle se replongea dans ses cartes, listes et autres papiers incompréhensibles.

Le plan fut mis en place bien plus tôt que prévu. Akada avait abandonné l'idée de libérer les expériences, ce qui simplifiait grandement notre affaire.

Je tombais lourdement dans le sable : nous venions de marcher pendant environ une heure dans le désert, suivant les différents poteaux, posés à intervalles réguliers afin que les personnes souhaitant voyager de la capitale jusqu'à Veteris ne se perdent pas en route. Nous nous étions placés de façon à ne pas pouvoir être repérés. Le maire était contraint de se rendre à Capisis tous les ans, le reste du temps, un ambassadeur le représentait. Le voyage se faisait avec un ministre et un garde du corps seulement. Les voitures étaient rares et il ne fallait pas les surcharger. Le voyage durait au minimum quatre jours et il fallait de la nourriture en cas d'accident.

Je me redressais doucement espérant voir une voiture à l'horizon, mais rien du tout, rien du tout.

"-Raaaaa, mais c'qu'il m'énerve ce sable, ça gratte et ça colle partout !! Grogna Akuma.

-Arrête de bouger deux secondes et tais-toi, rigola Akada à côté d'elle."

Seul Nali ne disait rien, bien trop occupée à retourner dans tous les sens l'arme qu'elle tenait dans la main. Il avait été jugé préférable que malgré son doigt en moins elle tire à distance. L'utilisation de son arc étant un sujet sensible, une arme à feu lui avait été confiée. Malgré son sourire, elle ne semblait pas à l'aise, l'engin avait été démontée et modifiée par Puly. Nous espérions tous qu'il avait tout fait correctement. Le jeune garçon avait insisté de nombreuse fois pour venir, répliquant à chaque refus qu'il ne risquait rien: tous ses muscles pouvaient se reformer a l'infinie.

Nous avions pourtant refusé catégoriquement. Au fond, j'aurais aimé rester avec lui. Cette mission m'effrayait bien plus que tout. Je fais de mon mieux pour calmer les tremblements qui secouent mon corps. Ce que nous nous apprêtons à faire semble irréel. Je me répète intérieurement que c'est la meilleure solution.

Malgré les nombreuses chasses annuelles organisées dans mon village natal, je n'avais jamais pris aucune vie. Je dévisageais les filles... comment pouvaient-elles être aussi sereines ? Même Akada semblait aller beaucoup mieux ; elle s'était faite traîner de force jusqu'à son lit par Akuma, l'obligeant à prendre des forces avant la mission.

Existium SilvamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant