Existium Silvam

Chapitre spécial: Akada

Akada cligna doucement des yeux. Elle se tenait droite sur sa chaise, notant machinalement tout ce que disait l'homme debout à quelques pas devant elle. Sous ses airs d'élève modèle, la jeune fille s'ennuyait terriblement. Un silence quasi religieux régnait dans la salle de classe. Tous les autres enfants notaient à toute vitesse le cours dicté par leur professeur. Akada risqua un regard discret vers ses camarades : ils portaient tous l'uniforme noir et rouge de leur collège, l'établissement le plus prestigieux de toute la ville.

En ramenant une mèche rousse rebelle derrière son oreille, elle regarda sa montre. Elle devrait attendre encore un quart d'heure avant de quitter cette salle étouffante. Relevant le regard vers l'enseignant, la rouquine tenta de se reconcentrer sur son cours. La géographie l'ennuyait, la carte affichée au tableau ne semblait avoir aucune importance.

Un élève leva la main, un jeune garçon aux cheveux noirs, coupés court, et de grands yeux bleus.

-Une question, Monsieur Nowel ?

-Oui, dit-il en baissant sa main, je me demandais pour quelle raison nous n'avons aucune information sur la géographie des forêts.

L'enseignant se retint de soupirer, comme si la réponse était évidente.

-Quelqu'un qui a un peu mieux suivi mon cours pourra peut-être répondre à votre question... Akada ? Auriez-vous une idée ?

La jeune fille se leva et balaya rapidement la classe du regard. Tout cela n'avait aucun intérêt à ses yeux, pourtant, elle prit la parole d'un ton neutre ne trahissant pas sa terrible lassitude.

-Quand les hommes et les hybrides ont signé le traité de paix il y a des années, l'une des conditions était l'indifférence totale. Afin de ne pas briser cet accord, nous ne nous intéressons pas à la géographie, à la culture et à l'histoire hybride. Du moins, à tout ce qui s'est déroulé après le traité, puisque ce qui est arrivé avant fait également parti de notre histoire.

Sans attendre une remarque du professeur, elle se rassit et consulta sa montre. Cette heure lui paraissait interminable et répétitive.

Elle releva la tête pour observer Nowel qui se trouvait au premier rang. Il avait noté à toute vitesse les explications de la rouquine, et essayait de suivre le cours qui avait repris avec quelques difficultés.

Quand la sonnerie retentit enfin, Akada nota les quelques devoirs dictés par le professeur. Elle ne rêvait que de courir vers la porte, mais elle rangea doucement ses affaires, mit son sac sur ses épaules et quitta calmement la classe.

Devant l'établissement, les élèves riaient et parlaient en petits groupes, mais la jeune fille ne prit pas le temps de démarrer une interminable discussion, elle empreinta le chemin pour rentrer chez elle sans un mot. Nowel la rattrapa, à bout de souffle ; il avait visiblement couru pour la rattraper.

-Désolé, haletât-il, j'ai renversé mon sac en partant. T'aurais pu m'attendre, quand même.

Elle le dévisagea sans s'arrêter. Il était bien plus grand qu'elle, et sur son visage enfantin il arborait un grand sourire. Elle était heureuse de ne pas l'avoir vexé.

-Je ne peux pas attendre, ça risque de me mettre en retard. Désolée.

Son ami l'observa plusieurs secondes. Il la connaissait depuis des années, mais il ne s'y faisait pas : rien ne semblait pouvoir lui faire oublier son emploi du temps.

-Souris, au moins ! Avec la tête que tu fais, vas pas me dire que ça te plaît de faire tout ça, je te croirais pas.

-Ça ne me plaît pas, tout cela est bien trop ennuyeux.