Chapitre 14

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Akuma projeta à nos pieds un homme, les poings liés et la bouche bâillonnée. Je le reconnu sans problème : il avait deux grands yeux bleus terrorisés et des cheveux noirs en bataille. C'était le chauffeur. Il nous dévisagea tous un part un, sans se débattre, implorant notre aide de son regard. Il tenta ensuite désespérément de plonger ses yeux dans ceux d'Akada, mais celle-ci les fuyait et fixait le sol, terriblement mal à l'aise. La métisse tapait du pied, se retenant sûrement de se mettre à hurler. Elle prit une profonde inspiration et tenta tant bien que mal de parler d'une voix calme et posée.

"-Écoute... Je ne sais pas ce qui t'as bloquée, mais tu-ne-le-connais-pas, j'aimerais bien comprendre le problème. Qu'on puisse le régler et sortir de ce désert !!

-Calme-toi... Murmura la rouquine. Il ressemble à quelqu'un que je connais, ou que j'ai connu..."

Je ne pus m'empêcher de fixer Akada. Elle avait l'air réellement perturbée par le regard que posait le chauffeur sur elle. Était-il réellement possible qu'elle le connaisse ? Cet homme devait avoir à peu près le même âge qu'elle, mais il venait de la bulle...Conduire des voitures n'était pas accessible au premier venu. Ces machines étaient tellement rares que seuls les plus riches ayant fréquentés les meilleures écoles pouvaient passer les concours pour apprendre à s'en servir. Pourtant, Akada connaissait Kammo. Qu'elle soit entrée en contact avec d'autres habitants de la bulle ne semblait pas possible...
Un silence glaçant était tombé. Ce fut Akuma qui finit par le briser, exaspérée.

"Bon ! J'en ai vraiment marre, là ! Je le laisse parler deux petites secondes, tu comprends que tu ne le connais pas, on finit bien le travail et on s'en va ! Parce que croyez-moi, ça ne me fait pas plus plaisir qu'à vous de faire ça ! Mais tu l'as dit toi-même, laisser un témoin en vie est bien trop dangereux !"

Akada ne répondit pas, fixant toujours le sol. La métisse retira sans aucune délicatesse le morceau de tissu de la bouche de l'inconnu. Ce dernier hésita, avant de prendre la parole d'une voix tremblante.

"A-Akada ?"

La rouquine leva brusquement la tête, je n'arrivais pas à comprendre ce que je voyais dans ses deux grands yeux écarquillés. Qu and à l'inconnu, la peur semblait avoir quitté son regard.

"-J'avais une amie appelée Akada, reprit-il, mais du jour au lendemain, elle a disparue. Je...

-Je suis désolée, Nowel, le coupa l'épéiste."

Je restai sans voix. Elle le connaissait... Ils ne se quittaient pas des yeux, comme s'ils continuaient à parler sans que personne ne puisse les comprendre. Akuma s'était figée sur place, elle avait cessé de froncer les sourcils et de serrer ses poings. Après un nouveau long silence, ce fut Nali qui rouvrit la bouche.

"-Bon ! J'avoue ne pas comprendre, mais dans le fond, j'en ai vraiment pas grand-chose à faire. On le tue ?

-Non."

L'épéiste avait parlé d'une voix forte et parfaitement calme. Ne permettant aucune protestation. Nali détourna le regard, parfaitement consciente qu'il ne servait à rien de contester.

"-Qu'est ce qu'on fait, alors ? demanda la métisse d'une voix douce, comme compatissante.

-Nowel, on va te ramener chez nous, d'accord ? Je t'expliquerais tout, je te le promets, mais il faut que tu me promettes d'essayer de comprendre et surtout de ne pas tenter de t'enfuir."

Il hocha silencieusement la tête. Je me retenais de poser les milliers de questions qui tourbillonnaient bruyamment dans mon crâne. Quand je tentais de penser à autre chose, le visage écarlate du maire me revenait douloureusement en tête.

Existium SilvamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant