CHAPITRE 15 : Saren

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« Les rencontres les plus explosives forment les amitiés les plus solides. »

Proverbe elfique.

Quand Saren parvint enfin à s'accommoder des ronflements de Mavon, il plongea dans un sommeil hanté par de nombreux cauchemars

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Quand Saren parvint enfin à s'accommoder des ronflements de Mavon, il plongea dans un sommeil hanté par de nombreux cauchemars. Il se souvenait très bien de trois d'entre eux.

D'abord, il se vit, porteur d'une armure rougeâtre aux motifs de dragon, sur un champ de bataille en train de faucher des vies sans compter. Le sang giclait des corps qu'il pourfendait de la lame de son épée, d'une effrayante couleur écarlate. Il riait froidement et dans son rire traînait une note de démence. Il aimait son rôle de bourreau.

Puis, il se retrouva sur des terres enneigées où de hautes montagnes dessinaient le paysage. La terre tremblait furieusement, comme si les Divines étaient en colère. Une cité en bord de mer, construite sur les flancs d'un immense volcan, était assiégée par une armée aux blasons inconnus. Une énorme tour, noire et menaçante, brûlait dans les flammes produites par des centaines de projectiles incandescents. Dans le ciel, plusieurs Spectres matérialisés par leurs Manipulateurs tournoyaient et s'affrontaient dans de terribles acrobaties.

Enfin, il eut droit à une vision plus douce. Les pieds dans une eau turquoise et pure, il avançait vers une cascade sous laquelle se baignait une femme nue. Elle lui tournait le dos, si bien qu'il ne voyait que sa longue chevelure d'un noir de jais. Son cœur s'emballa : était-ce Astrid Siker, la princesse qu'il avait aimée dix ans plus tôt ? Saren s'arrêta à sa hauteur et l'appela. La femme pivota lentement vers lui. Quand ses yeux se posèrent sur son visage, il fut incapable de dire s'il la connaissait ou non. Elle lui était vaguement familière, comme un souvenir qui s'effilochait avec le temps. La belle inconnue lui sourit, posa ses mains sur son visage et se saisit férocement de ses lèvres. Saren gémit en sentant la douleur jaillir : elle le mordait.

Le Manipulateur se réveilla brutalement, s'arrachant dans un sursaut à ses cauchemars. Il se redressa sur ses coudes, calma sa respiration et déglutit pour se rendre compte que sa gorge était sèche comme du parchemin. Il se passa une main dans les cheveux, les rejetant en arrière et constatant par la même occasion qu'il transpirait.

Saren s'assit et se prit la tête dans les mains. Il ferma les yeux. Mauvaise idée. Ses visions nocturnes surgirent en lui au même instant. Il rouvrit les paupières.

« Tout va bien ? » s'enquit le Golem, compatissant.

« Oui... »

Il mentait, son Spectre le saurait. Mais peu lui importait.

Saren ôta le bandage qui couvrait sa main meurtrie et observa la plaie noire. Elle grossissait après chaque crise. Celle d'hier soir fut particulièrement éprouvante. Heureusement pour lui, cette blessure ne l'empêchait pas de manier l'épée, même s'il le faisait rarement de la main gauche, étant droitier.

Manipulateurs I - Le Lion sans CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant