La guerre est terminée. Les neuf Royaumes Unis d'Ebôran ont été vaincus. La maison Beodan, éradiquée. L'Ordre du Dragon, anéanti.
Depuis dix-sept ans, les peuples d'Ebôran, privés de leurs Manipulateurs, sont soumis aux dures lois impériales. Depui...
Le Mal Ancestral doit être détruit à la racine. Sans quoi, il continuera de gangréner ce monde jusqu'à ce que tout ne soit plus que ténèbres.
Sermon d'un Haut-Prêtre de la Divine Mörwen.
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Saren mit deux jours entiers à se remettre complètement de sa crise. C'était la première fois qu'elle s'acharnait avec autant de violence sur son corps. Par précaution, il resta alité un jour de plus, sous les soins attentifs d'Alec.
Au matin du troisième jour, tandis que le blizzard se déchaînait contre les fenêtres, l'érudit porta une tisane à Saren et s'installa pour ausculter son bras. Saren espérait que ses connaissances médicales surpassaient celles de Vaerion et qu'il saurait lui dire de quoi il souffrait exactement. Mais sa mine renfrognée ne présageait rien de bon.
— Je n'ai jamais entendu parler d'une pareille maladie. Une chose est sûre, hélas : elle se répand. Lentement, mais elle gagne du terrain. Je peux essayer de retarder ce poison qui te ronge, mais je ne pourrai malheureusement pas te guérir.
— Cela me sera-t-il fatal, Magister ? questionna Saren, inquiet. Les crises... sont de plus en plus violentes...De plus en plus fréquentes...
Alec marmonna un instant mais refusa de lui répondre.
— Si tu es assez fort pour voyager, je te conseillerai d'embarquer avec moi pour le royaume d'Aeveran. L'archipel volcanique d'Erhu'Akar pourra peut-être te soigner. Et nous emmènerons Ilyan avec nous.
— Il a senti que ma crise approchait, murmura Saren. Comment a-t-il fait ?
— Ilyan est spécial. Il est arrivé sur les côtes de Galdor il y a un an. Un navire en provenance d'Haroth s'est échoué après une violente tempête. Des contrebandiers d'Erhu'Akar, d'après mes informations. Avec le seigneur de Galdor, j'ai été inspecter l'épave pour voir s'il y avait des survivants. Ilyan était là, terrorisé et frigorifié, mais bien vivant. Il s'était réfugié dans le tronc d'un arbre blanc.
Saren se redressa, subitement très vif.
— Un arbre blanc ? répéta-t-il.
— Oui. Il y en a un depuis des siècles, sur la plage. Non loin de l'épave arrivée dans laquelle se trouvait Ilyan. Tu le trouveras facilement, si tu souhaites d'y rendre. Mais méfie-toi : on raconte qu'une ombre rôde encore autour de l'épave. Si tu dois y aller, je te conseille de demander une escorte au seigneur de Galdor.
— Oui, je dois y aller. J'ai eu une vision, au fond d'une mine. J'y ai trouvé un temple qui doit dater de l'âge d'or d'Abendör. Une voix m'a parlé des Arbres Blancs et m'a dit de suivre leur chemin jusqu'à un sanctuaire capable de me purifier.
Alec fronça les sourcils.
— Je n'aime guère les visions, tu le sais. Mais si ton instinct te dicte cette voie, suis-la. Puissent les Divines te protéger.
